Les emplois francs ne font pas que des euros

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le 11 Juil 2013
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Les emplois francs ne font pas que des euros
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Les emplois francs ne font pas que des euros

Est-ce un vilebrequin ou une pince universelle ? L'emploi franc est le tout nouvel outil que propose le gouvernement pour lutter contre le chômage des jeunes. Hier, les deux premiers emplois francs de l'histoire ont été signés en présence notamment de François Lamy, ministre délégué à la ville, et du nouveau préfet de région Michel Cadot. Après les emplois d'avenir, les emplois de génération, voilà donc les emplois francs. Quésaco ? Mis en place début juillet, ce dispositif doit encourager l'emploi des jeunes dans les quartiers sensibles. Il s'adresse aux employeurs qui peuvent dès à présent bénéficier d'une aide financière s'ils embauchent des jeunes de 18-30 ans en contrat en durée indéterminée (CDI) et domiciliés depuis au moins 6 mois dans une zone urbaine sensible (ZUS). Une fois toutes ces conditions remplies, l'entreprise bénéficie de 5000€ répartis en deux parts égales. Une première lors de l'embauche, la suite après dix mois de contrat.

D'ici la fin de l'année, l'objectif du gouvernement est de "400 emplois francs sur Marseille et 2000 en France", annonce François Lamy. Un dispositif qui pour l'instant ne concerne que dix ZUS en France. "C'est une expérimentation" précise le ministre. En cas de résultats encourageants, l'ensemble des ZUS françaises en profiteront, soit 750 pour 10 000 emplois dans les trois prochaines années. 

Un dispositif complémentaire

En théorie, les emplois francs répondent à un vrai problème comme l'exprime François Lamy : "Le chômage est toujours plus important dans les quartiers difficiles. Cette disposition lutte contre la discrimination, la stigmatisation, à l'adresse qui est réelle mais pas mesurable. Le but des emplois francs est que ces adresses deviennent une chance".

Mais on peut légitimement se demander si tous les dispositifs mis en place ne vont pas se chevaucher. Le ministre réfute cette hypothèse : "Ça ne vise pas à remplacer les emplois d'avenir et de génération". Même chose pour les zones franches urbaines : "Ça ne s'oppose pas non plus. On peut dire que c'est le processus inverse à celle des zones franches où on apporte une aide aux entreprises situées dans ces zones difficiles". 

Marseille, avec 13,2% de chômage, dont 30% chez les jeunes et presque 50% dans certains quartiers, fait figure de cobaye idéal pour les expérimentations menées par le gouvernement. François Lamy s'est d'ailleurs un peu étendue sur le cas de la deuxième ville de France : "Une politique de solidarité est nécessaire". Il annonce au passage "une augmentation des crédits de cohésion sociale, en espérant que les collectivités suivront". 

Un quart des plus de 15 ans sans diplôme

Reste donc aux emplois francs à prouver leur efficacité face à un drame silencieux que vivent les jeunes de ces zones sensibles, non seulement la discrimination à l'adresse citée par le ministre mais aussi la discrimination ethnique, plus difficile à quantifier et donc à combattre. Le problème social majeur à Marseille réside dans une statistique : 24,4% des plus de 15 ans n'avaient aucun diplôme en 2009, selon l'Insee.

Normalement, les emplois d'avenir doivent répondre à ce problème mais leur démarrage poussif n'incite pas à l'optimisme. Les employeurs recherchent en effet en priorité des personnes qualifiées qui ne sont pas forcément présentes dans le bassin marseillais. Pour Gilles Brunschwig, directeur général de Futur Télécom, qui a signé le premier des emplois, l'avantage de ce dispositif n'est pas à rechercher du côté financier : "pour notre entreprise cela ne représente pas grand chose sur la masse salariale. Même si certaines entreprises en auront peut-être besoin". Pour le patron de cette filiale de SFR, cela permet surtout "la rencontre avec des personnes qui peut-être ne nous connaissent pas"

Pour le coup, les deux personnes recrutées hier sont toutes les deux diplômées, BTS pour l'une et licence d'économie-finances pour l'autre. La première, Fatima Abdou, a 27 ans et habite la cité des Flamants. Depuis 2006, elle enchaîne les petits contrats. "Je recherche un CDI depuis toujours", se réjouit-elle. En revanche, elle ne peut pas dire si elle a réellement été victime de discrimination du fait de son adresse. Le deuxième Lounis Chaouad a 28 ans et habite à la Rouguière. Après sa licence, il est parti deux ans en Angleterre puis est revenu en France. Après 8 mois de recherche vaine, il a finalement trouvé un emploi… franc.

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