L'école Bonneveine continuera à être Freinet
L'école Bonneveine continuera à être Freinet
"On a gagné ! On plie doucement dans la nuit". C'est par ce premier texto que Franck Messin a annoncé la bonne nouvelle. Au milieu de la nuit, un deuxième précisait qu'il maintenait une sentinelle sur place en attendant une preuve écrite de sa victoire. L'homme fait partie des parents d'élèves de l'école Bonneveine 2, située dans le quartier du même nom. Depuis jeudi soir, ils occupent la cour de récré, nuit et jour, pour protester contre la non-obtention des dérogations qui leur permettaient jusque-là d'inscrire leurs enfants dans cette école quel que soit leur lieu de résidence. Cette école utilise la méthode Freinet. Une méthode pédagogique basée sur la libre expression de l'enfant et sa participation active qui a des adeptes partout en France.
Dans l'après-midi d'hier, l'inspection académique a envoyé un inspecteur en charge de l'école primaire, Giuseppe Innocenti, pour assurer "officieusement" que l'ensemble des dérogations seraient acceptées. Les parents d'élèves voulaient une confirmation écrite de Danièle Casanova, l'adjointe à l'éducation, qu'ils attendaient pour ce matin. Hier après-midi, la cour ressemblait à un mélange de camp des Indignés et de centre de loisirs. On y trouve un village de tentes et même une piscine pour les enfants. Sur un panneau, un slogan résume leur détermination : "Mairie et académie fournissent le camping".
"il y a eu un cafouillage"
"C'est surtout des parents d'élèves actuels mais aussi des anciens qui viennent nous soutenir", se félicite Franck Messin. La police vient également. Pour l'instant deux fois : "tout s'est très bien passé, ils viennent pour manger". La troisième sera pendant notre entretien pour interdire les grillades. Conséquence direct : annulation des sardinades prévues hier soir.
Si leur combat peut paraître défendre un intérêt particulier, les partisans de la méthode pédagogique développée par Célestin Freinet ne sont pas près de renoncer à ce qu'elle s'applique à leurs enfants. "Depuis 5 ans nous n'avons pas d'instituteurs formés à la méthode Freinet. Pour l'instant on a de la chance puisque ceux qui viennent s'y intéressent et des formations dans l'année ont lieu. C'est un projet commun et important, on demande de la stabilisation". Les parents d'élèves aimeraient que cette école obtienne enfin un statut stable avec des enseignants formés.
Ping-pong entre institutions
Mais, à l'heure des inscriptions, certains parents n'ont pas obtenu la dérogation permettant d'inscrire leurs enfants même s'ils habitent loin. "C'est un ping pong entre la mairie et l'académie", résume Karine Noël. Comme seule réponse, en fin de semaine dernière, l'adjointe à l'éducation leur a indiqué par email que la décision relevait de l'Académie tandis que cette dernière attendait de Danièle Casanova qu'elle autorise ces dérogations. "Apparemment il y a eu un cafouillage, mais on ne sait pas d'où", conclut Franck Messin.
Cette situation a un temps laissé planer le doute sur une potentielle fermeture de classe, bien que Giuseppe Innocenti leur ait dit que ça n'arriverait pas. Les parents d'élèves laissent parler les chiffres : "En dessous de 27,5 élèves de moyenne par classe cela débouche sur une fermeture. Pour l'instant nous sommes 99 pour 5 classes, donc 20 par classes et la capacité maximum de l'école est de 155". Sans les dérogations attendues, la direction de l'école était contrainte de fermer une classe. Pour l'heure, seuls "8 enfants ont eu leurs dérogations officiellement" précise Karine Noël qui s'interroge "une classe de huit ça n'existe pas". Désormais, aucune fermeture de classe n'est prévue. Les enfants (et les parents) pourront enfin partir en vacances.
Commentaires
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Je suis âgée de 64 ans ,et j’ai eu comme instituteur ,mon père , Mr Butty Roger qui avait commencé à exercer son métier d’instit a Marseille dans les années 1935. Par la suite ,il s’est fortement intéressé à la méthode freinet . Malgré les nombreux probllemes rencontrés à l’époque ,auprès de l’éducation nationale et parfois de certains parents ,il a tenu bon et j’ai donc pu profiter ,durant tout mon primaire ,de cet enseignement fabuleux .J’ai connu en classe unique cette méthode ,et beaucoup aimé l’utilisation de l’imprimerie , les BT éducatives et les fiches oranges ,vertes et jaunes des sujets à étudier ! Je vois que les problèmes existent encore dans les écoles qui tiennent a utiliser cette méthode d’enseignement et pourtant ! Je garde encore de cet enseignement un souvenir impérissable . Bon courage à vous tous ! Maryvonne gastaldi
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Entré à l’école Freinet de Bonneveine au CE2 l’année de son ouverture (à l’époque, on n’avait même pas les agréments méthode Freinet), j’envoie tout mon soutien aux parents et enseignants qui se sont battus pour que l’expérience continue. Heureusement, ils ont su se mobiliser pour corriger “les cafouillages” de la mairie…
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