Marie-Arlette Carlotti, ministre de Marseille, fait un rond dans les bassins du port

Marie-Arlette Carlotti, ministre de Marseille, fait un rond dans les bassins du port

C'est vendredi et comme chaque fin de semaine et parfois même le lundi, la ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, est de retour sur ses terres. Cette semaine, il s'agit de visiter les bassins Est du grand port maritime de Marseille en compagnie de quelques-uns de ces responsables. Et si un flou pouvait persister sur le lien entre les attributions de la ministre et le port de Marseille, cette dernière s'efforce aussitôt de le dissiper.

"Le premier ministre a tenu en comité interministériel à Marseille en septembre dernier. Depuis, je suis en discussion permanente avec mes collègues ministres. Vu l'urgence du dossier, je suis la ministre chargée de cela, au moins par ricochet, pas de façon officielle. Je suis par exemple le dossier de la SNCM avec mon collègue Frédéric Cuvillier. Enfin, je suis la ministre du coin et je veux faire de Marseille une chance pour la France pour reprendre les propos de Jean-Marc Ayrault". 

Polis, les responsables du port, Renaud Spazzi directeur de l'aménagement et Chantal Helman, en charge des finances, remercient la ministre de son "intérêt pour le port". Ils balancent ensuite une série de "slides" sur le poids économique du port : "43 500 emplois dans 2 900 établissements, le port représente 8% des emplois privés avec 13 500 employés dans les grandes familles du monde portuaire, 15 800 emplois industriels et 11 500 dans la logistique", décrit la directrice financière.  

Très studieuse, la ministre prend des notes sur la réforme portuaire, les résultats du port ou les projets d'aménagements puis donne son avis : "En vous écoutant, je perçois bien l'intérêt économique du port pour Marseille et la métropole. Même si l'économie de la ville ne passe pas uniquement par là, beaucoup de choses en dépendent". 

Marseille métropole

Son discours glisse ensuite vers la métropole qu'elle appelle "Marseille métropole, c'est beaucoup plus symbolique" et sur son passage au Sénat. Là encore, les responsables portuaires écoutent poliment. "Les sénateurs veulent la reporter à 2016. C'est une erreur. Il ne faut pas différer. On peut accompagner le développement économique en créant une ville plus accueillante, plus agréable. Ce faisant, on aidera le port et nous-mêmes". Elle enchaîne sur la situation de la SNCM, "dossier brûlant" qui l'inquiète : "L'entreprise doit être pérennisée et consolidée pour lui assurer un avenir économique". 

Du coq à l'âne, elle évoque la charte ville-port, la forme 10 et l'avenir du J1 :

"Quelqu'un veut en faire une boîte de nuit, d'ailleurs pour aller jusqu'au bout, appelons-la le Macumba. Plus sérieusement, il ne peut pas rester tel qu'il est, avec un bistrot pas cher, ouvert aux familles?"

C'est le directeur de l'aménagement qui se colle à la réponse avec un formule toute faite : "Quand la SNCM tousse, le port est malade" avant de revenir sur le J1 : "il y a un appel à projets qui doit déboucher en fin d'année. Le Macumba dont vous parlez est donc un premier sujet. Mais on peut mixer les fonctions sur les trois niveaux. Pour ce projet comme pour l'ensemble de ceux que dessinent la charte ville/port, chiffrés à 450 millions d'euros, il faut beaucoup d'argent. Le port ne saura pas le payer tout seul".

Vient ensuite la balade en bateau, clou de la visite. C'est le directeur des bassins Est, Christophe Piloix qui fait l'article depuis la cabine. Le trajet traverse les bassins du J4 à la forme 10 avec un vent de face. Devant la digue du large, Marie-Arlette Carlotti évoque le temps jadis où les Marseillais allaient s'y bécoter puis s'exclame sur les sculptures immaculées de Kader Attia pour MP 2013 : "J'espère que vous allez les conserver ?" "Euh… Non, c'est prévu depuis le début comme une oeuvre provisoire", modère Christophe Piloix.

"La soeur de mon père était docker"

La vedette remonte les bassins et Christophe Piloix décortique tour à tour les ressorts économiques qu'ils cachent : des yachts de luxe nouveaux venus au J4 en passant par les cargos mixtes de la Méridionale, la réparation de haute plaisance "où le Reborn de Tapie va et vient", le business de l'importation de voitures à la fois "consommatrices d'espaces et qui sollicitent de nombreux dockers", le silo Panzani, le terminal croisière et enfin, la forme 10 qui conclut la visite. Le ballet des canadairs qui font des exercices d'écopage interrompent de temps à autre le propos par les exclamations enthousiastes qu'il suscite. La ministre écoute avec une certaine attention, mettant çà et là son grain de sel : "Vous savez que toute la famille de mon père était docker. Même sa soeur aînée… alors que je ne savais pas que des femmes pouvaient travailler sur les quais".

Personne ne confirme ou n'infirme l'information. Christophe Piloix prend soin de détailler par le menu la manière dont la réparation navale est devenue compétitive à Marseille et comment elle le deviendra encore plus quand le bateau-porte de la forme 10 sera guéri de sa maladie du béton. Au moment de poser sur la photo, la ministre avise une grue barrée d'un "300 kilos" et commente : "Ça, c'est le poids que je pèserai lorsqu'ils voudront me débarquer lors du prochain remaniement".

Christophe Piloix détaille ensuite le ballet des sous-traitants à chaque navire en réparation dans les formes en activité. Là encore, Marie-Arlette Carlotti se montre attentive quand soudain un visiteur apparaît à la porte de la cabine. Il s'agit du préfet délégué à la métropole, Laurent Théry. "Mais comment avez-vous fait pour arriver ici? En hélicoptère?". Le préfet ne pipe mot. La ministre n'a pas encore vu que la vedette a touché terre. Elle s'esclaffe de sa propre distraction et part en coup de vent pour un mystérieux rendez-vous avec le préfet. Ni l'un, ni l'autre n'en diront mot. Ministre de Marseille, dit-on… L'après-midi est consacré au Congrès de l'union nationale des parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei). Une activité plus conformes à ses attributions ministérielles.