L’architecte, la mosquée et les HLM paquebot

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le 29 Avr 2013
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L’architecte, la mosquée et les HLM paquebot
L’architecte, la mosquée et les HLM paquebot

L’architecte, la mosquée et les HLM paquebot

Personne ne la connaît et pourtant elle pointe fièrement son (petit) minaret à quelques mètres à peine de la nouvelle sortie de l’autoroute A7. Inauguré en 2005, cet édifice d’une belle teinte ocre est la seule mosquée construite à Marseille ces dernières années. En attendant bien sûr l’édification de la fameuse grande mosquée dont la première pierre, posée en grande pompe en 2010, attend en vain les suivantes.

Jusque-là enchâssée dans un îlot construit derrière la place Marceau, la mosquée Khalid Ibn Al Walid trône désormais au milieu d’un terrain pelé, jalonné ça et là de quelques gravats. Bientôt, autour d’elle, doit pousser un nouvel ensemble d’habitat social qui fait partie du projet de la Zac Saint-Charles présenté par Euroméditerranée. L’édifice culturel porte sur ses flancs la trace des anciennes toitures des bâtiments qui l’entouraient.

A la porte de la mosquée, deux factotum filtrent les entrées. Ils introduisent le visiteur auprès de l’imam mais ce dernier a peu de détails à donner sur la manière dont leur bâtiment et ceux qui l’entourent vont se marier. Il n’est là que depuis six mois et vient du nord de la France. Cette mosquée appartient au mouvement tabligh. Souvent présentés comme appartenant à la mouvance salafiste dont ils partagent les signes distinctifs, ces fidèles revendiquent une approche piétiste basée sur la propagation de la foi. Ils se mêlent donc assez peu de la vie du quartier. 

Deux recours en cours

Au restaurant le Méchoui, au bord de la place Marceau, le patron est plus au courant : “Je crois que les voisins ont déposé un recours à cause de la vue”. Des voisins du n°30 de la rue Malaval ont effectivement déposé un recours auprès du tribunal administratif mais refusent de donner plus de détails sur la procédure en cours.

En revanche, un deuxième recours poursuit son cheminement judiciaire. Il est le fait de la SCI Karous, géré par Albert Haddad, dont le frère, Gérard, est connu pour multiplier les procédures aux quatre coins de la ville. Débouté en première instance, le plaignant persiste devant la cour administrative d’appel. Directeur de la société Ametis qui porte le projet de la rue Fauchier, Michel Tamisier refuse de commenter plus avant la procédure en cours. En revanche, il se fait plus disert sur l’origine du projet. “Il s’agit d’une opération de reconstruction de l’offre Anru sur le périmètre Euroméditerranée pour laquelle nous allons construire 77 logements sociaux”.

En effet, la démolition de logements dans les grandes cités des quartiers nord de Marseille entraîne un déficit en logements sociaux sur l’ensemble de la ville. Marseille rénovation urbaine qui pilote les projets financés par l’Agence nationale de rénovation urbaine a donc passé un accord avec l’établissement public Euroméditerranée afin que les logements démolis soient reconstruits sur les deux périmètres du projet.

Le père du Mucem en HLM

Et, pour ce projet d’habitat social pour lequel ils cherchent encore un bailleur, les responsables d’Ametis n’ont pas mégoté sur le choix de l’architecte. C’est le père du Mucem, du Pavillon noir à Aix ou du stadium de Vitrolles, Rudy Ricciotti qui a dessiné cet édifice. “Il a tout de suite accepté, note Michel Tamisier. On associe ces grands noms aux grands projets mais il réalise également des logements. Il a fait un effort concernant ses honoraires et reste très attentif à la notion de coût”.

Fondé par un architecte, Ametis prend soin de réaliser des bâtiments qui correspondent à de vrais gestes architecturaux. En face du conseil général, à Saint-Just, une autre de leur réalisation sera signée Jean NouvelRue Fauchier, Rudy Ricciotti a joué avec la forte déclivité du projet et sa forme triangulaire pour dessiner un immeuble qui évoque à la fois le Flatiron building de Manhattan et un paquebot en partance.

“La parcelle présentait effectivement pas mal de contraintes, raconte l’architecte. Cela tient à la fois de la pente et de la forme de la parcelle avec un angle assez fermé”. Il poursuit non sans lyrisme :

Mon projet est de proposer des prestations luxueuses adaptées à du logement social. J’ai donc conçu cet immeuble en forme de paquebot avec de longues coursives qui offrent aux locataires de vastes balcons. L’ensemble du bâtiment est en béton blanc avec des parements en acajou pour les loggias. Je trouve le résultat très chic.

La mosquée sera donc enserrée entre deux bâtiments aux formes audacieuses. “Cela permettra notamment de leur offrir une sortie de secours supplémentaire”, note le promoteur. Finalement, la seule inconnue concerne le début des travaux suspendu aux recours. “Pour ne pas perdre du temps, nous allons démarrer la campagne de fouilles préventives au plus vite en espérant démarrer les travaux en 2014”. Une fois les travaux achevés, le paquebot pourra profiter de la pente naturelle pour larguer les amarres et rejoindre la mer…

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Commentaires

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  1. Galinette Galinette

    Et pendant ce temps l’Eglise Saint Martin est laissée à l’abandon, il est vrai que les catholiques du quartier sont en minorité, alors vive le minaret et adieu le clocher, pauvre quartier qui l’a connu et qui le voit, désolant !!!

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  2. solal280 solal280

    tous les cultes doivent être représentés ! Et le Vatican a largement les moyens de réparer ses églises !

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  3. oursi ribelli oursi ribelli

    Quelle tristesse de voir mon ancien quartier devenir un souck !

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  4. Noé Picard Noé Picard

    Beau projet pour une fois !

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  5. Anonyme Anonyme

    Mr RICCIOTTI ,une signature architecturale exceptionnelle qui apporte,une nouvelle fois,son aura professionnelle à un projet immobilier social de qualité !!!! Comme quoi,quand les décideurs le souhaitent ,c’est possible !!!

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  6. puic puic puic puic

    Incontestablement, un très beau projet, un magnifique architecture.
    Reste une question que je me pose à propos de tous les nouveaux bâtiments, dont celui-ci, qui voient le jour à Marseille: où sont les panneaux solaires? Quid des énergies renouvelables? Par exemple, à Barcelone, le solaire est obligatoire depuis plus de 15 ans pour obtenir un PC. MARSACTU ou un lecteur aurait il des infos sur ce point? Merci

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  7. Céhère Céhère

    Étonnante architecture… vous avez pris la plus belle des photos, mais ça reste pas mal. A voir en réalité.
    J’ai l’impression que Rudy fait encore travailler le fiston pour le socle, et j’en déduis que le “Bfup” peut aussi être blanc. J’aurais été curieux de voir ce qu’aurait donné le mucem dans cette couleur.

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  8. Mausner Mausner

    Beau batiment, ambitieux quand on voit la platitude de la plupart des projets de logements sociaux. Et qui va habiter ce “palace flottant” flambant neuf? Non, ne dites rien…

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  9. Pascalou Pascalou

    Bien cette mosquée proche des salafistes ! Vive le progrès social dans ce quartier avec dignité de la femme etc…

    On nous l’avait caché celle là ! Il y avait des recours lors de sa construction ? sûrement aps sinon ça se règle à la K …..ov !

    Remplaçons les églises par des mosquées au moins on règlera le problème de l’hypocrisie dans ce pays et les gens ouvriront les yeux sur le remplacement d’une religion par une autre… Assumons notre changement de société !

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  10. Equité Equité

    Le projet est en effet prometteur, mais malheureusement, cette mosquée proche des salafistes porte le nom d’un conquérant célébre surnommé “le Glaive de l’Islam” qui par la guerre sainte a été le véritable fondateur du premier empire arabo-musulman. Je crains donc que le choix de ce nom symbolique soit révélateur de l’état d’esprit de certains “missionnaires” de l’Islam implantés dans nos quariers !

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  11. mickaelAnonyme mickaelAnonyme

    qui aura l’honneur d’obtenir un appartement dans ce nouveau complexe.
    mixité sociale soit 80% d’europeen et 20% d’origine étrangère
    ou l’inverse? ou 100% d’origine étrangère ?

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  12. chato13 chato13

    Et sa flottille de paraboles, que l’on ne manquera pas de voir lorsque le bâtiment sera habité.

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