Le conseil général vote son budget : "Merci président"

Le conseil général vote son budget : "Merci président"

Même le CG13, d'ordinaire présenté comme richissime, commence à tirer la langue. Dans son budget 2013, il a dû procéder à quelques coupes, notamment dans les investissements à destination de l'éducation et la culture. Dans une longue intervention, Jean-Noël Guérini a aussi détaillé la nouvelle donne au service départemental d'incendie et de secours (SDIS), rattaché à son autorité. "J'ai demandé un effort de 10% sur les dépenses de fonctionnement", a-t-il précisé.

Mais c'est surtout par l'emprunt que va passer la poursuite d'une augmentation globale des investissements (553,6 millions d'euros, 10,7 millions de plus qu'en 2012). Historiquement très peu endetté, le conseil général commence donc à voir l'ardoise s'alourdir. Face aux difficultés d'accès au crédit, il suit d'ailleurs les traces du conseil régional, de la mairie de Marseille et de Marseille Provence métropole en se tournant vers les marchés financiers. Cet emprunt obligataire, après notation par une agence, devrait permettre de lever 500 millions d'euros sur la période 2013-2017.

Feu sur Carlotti

L'opposition de droite n'a pas manqué d'ironiser sur ce premier budget depuis l'alternance nationale. "Vous nous aviez habitué à une litanie de critiques sur le gouvernement et ce matin on n'entend rien. Pourtant les concours de l'État sont en baisse", a souligné Didier Réault (UMP). C'est donc davantage vers la ministre socialiste Marie-Arlette Carlotti que vers le président du CG que se sont tournées les critiques. "Comment pouvez-vous encore siéger au sein d'une assemblée qui s'apprête à souscrire un programme obligataire parce que le gouvernement auquel vous appartenez va trancher à coups de hache dans les dotations qu'il lui alloue", a lancé Martine Vassal.

Sous l'oeil amusé de Jean-Noël Guérini, dont elle est la plus farouche opposante interne, elle a appelé à sa démission : "Que faites-vous dans un gouvernement qui manifeste un tel mépris à l'égard de Marseille et des Bouches-du-Rhône ? De deux choses l'une. Soit vous y défendez notre cause, et nous avons la preuve éclatante que personne ne vous écoute – il ne vous reste donc plus qu'à démissionner (…) Soit vous ne levez pas le petit doigt, et vous n'êtes pas digne de briguer les suffrages des Marseillais".

Il faut dire que, contrairement à Jean-Noël Guérini, Marie-Arlette Carlotti est candidate déclarée aux municipales à Marseille. Et que le conseil général a ces derniers temps fait pleuvoir les millions d'euros sur la ville. La séance de ce vendredi a fourni une nouvelle illustration, avec "une subvention exceptionnelle" de 1,5 million d'euros au budget de l'opéra municipal. Un équipement dont Jean-Claude Gaudin dénonce justement depuis des années le sous-financement par l'État… "Merci M. le président", a réagi l'adjoint au maire André Malrait.

Retour au bercail

Même avec des finances resserrées, la collectivité n'a pas réduit ses aides aux autres communes (134 millions d'euros par an, hors Marseille, une politique vue par certains comme la base de l'influence de Jean-Noël Guérini auprès de nombreux maires du département. La droite, qui avait porté le fer sur le sujet et obtenu une commission dite "transparence", a mis en sourdine ses critiques, reconnaissant un "rééquilibrage".

Dans ce contexte, elle a même choisi de ne pas voter contre le budget, préférant s'abstenir. Une position adoptée par "le trio habituel" Carlotti-Pezet-Ecochard, selon l'expression de Jean-Noël Guérini lors d'une précédente séance, pour des raisons différentes : "L'abstention ne porte pas sur les politiques publiques, mais sur la gouvernance", a justifié Janine Ecochard. Pour le reste, à part Jean-François Noyes, qui a rendu sa délégation en janvier, le vote à main levée a trouvé moins d'adeptes de l'abstention que lors de l'exercice à bulletin secret de 2012. "Remercie celui qui t'a déçu car il te délivre d'un mal que tu ne connaissais pas", a répondu indirectement le président, citant René Char.

Le CG veut faire redémarrer le Bus

Plus tard, face à la presse, il balayait cette dissidence persistante d'un revers de main. Malgré les affaires judiciaires et une fédération socialiste sous tutelle, la séance a montré qu'il a toujours la capacité de peser politiquement à Marseille. Réagissant au report sine die pour raisons financières de l'aménagement du boulevard urbain sud (Bus), annoncé récemment par le président de la communauté urbaine, il a fait part de son "regret"  vis-à-vis de cette décision.

Il a pris tout le monde de court en annonçant que le CG13 allait mettre au pot pour permettre de relancer ce projet ardemment souhaité par la mairie de Marseille. Aucune précision sur le montant de cette participation n'a été livrée, mais a pas fallu plus pour faire réagir le maire UMP du 9/10 Guy Teissier : "J'appellerai dans les prochains jours le Président du Conseil Général pour le remercier d'avoir pris cette décision." Ca va devenir une habitude…