Jean-Noël Guérini met en scène ses ennuis de santé

Jean-Noël Guérini met en scène ses ennuis de santé

Le salon d'honneur de l'hôtel du département bruit encore des conversations, quand Jean-Noël Guérini fait son entrée à petits pas rapides pour ses voeux à la presse cru 2013. Il arbore une barbe de trois jours de convalescent qui cadre mal avec son costume impeccable de président du conseil général. Arrivé à son pupitre, il s'assoit sur une chaise haute et entame son discours sur son état de santé. "Ces deux derniers jours, j'expérimente un rythme auquel je ne suis pas habitué. Je m'excuse d'ailleurs de vous parler assis. Selon l'expression traditionnelle, je travaille à temps partiel même si je suis président du conseil général à plein temps ici et à mon domicile". Après avoir live-tweeté son hospitalisation, Jean-Noël Guérini met en scène son état de santé et raconte l'histoire d'un homme malade qui continue à se battre.

Jean-Noël Guérini a donc perdu son rasoir et préside une collectivité locale à moitié depuis son canapé le plaid remonté jusqu'au nez. D'ailleurs, le propos suivant l'atteste. Jean-Noël Guérini a suivi les premiers jours de l'intervention française au Mali et tient à les commenter. "Mon hospitalisation et les jours de convalescence passées chez moi au repos m'ont permis de suivre avec attention ces évènements". Plus loin, il précise : "Le flot d'images des chaînes d'information m'incite à dire que le règne de l'émotion l'emporte trop souvent sur l'analyse. Votre métier est difficile. Vous êtes confrontés à une profonde mutation. Il ne faut pas que tout cela se passe au détriment de l'emploi de vos missions et de votre liberté totale d'expression". 

Distribution de vacheries

La sienne n'est pas vraiment bridée et il distribue les coups de pied de l'âne à tire-larigot. Un petit coup pour le gouvernement "où il n'a pas que des amis" et le président Hollande : "J'ai suivi avec perplexité les premiers pas de l'exécutif. Changer de style n'est pas changer de politique à l'heure du chômage de masse, du cancer de l'exclusion et de la crise de logement". Un autre petit coup à Eugène Caselli, coupable d'avoir organisé une visite très médiatisée du chantier du Vieux-Port en décembre : "Je ne cours pas après les micros et les caméras mais le conseil général a investi 43 millions d'euros sans lesquels le projet du Vieux-Port n'aurait pas été possible".

Très inquiet au sujet de la SNCM, Jean-Noël Guérini dit vouloir écrire au préfet "dès cet après-midi". Mais il oublie de préciser que s'il s'inquiète pour les 3000 salariés de la SNCM, son inquiétude recouvre en partie des intérêts très privés puisque il est associé de la Socoma, la coopérative créée par Charles-Émile Loo qui a comme gros client la SNCM. En attendant, Jean-Noël Guérini répond à la question que tout le monde se pose : son état de santé lui permettra bien de répondre aux question des enquêteurs et du juge. Extrait vidéo.  

En fin de discours il se fait même lyrique : "Je maintiens le cap au delà des états d'âme et des coups bas" porté par ce qui lui tient le plus à coeur, "[son] amour de servir". En chute finale, il n'hésite pas à insister sur les voeux de bonne santé et rejoint sa place en grimaçant.

Mais quand on lui pose directement la question des conséquences qu'il tire en tant qu'homme et élu des soupçons de collusion entre son frère et des figures du grand banditisme pour obtenir des marchés du conseil général, sa réponse se fait évasive, voire audacieuse. Surtout quand il estime que "dans la demande de levée de mon immunité parlementaire,  90 % concerne le conseil général de Corse du sud [ndlr, le document évoque pourtant la Haute-Corse]. Dans les 10 %, il n'y a que 3 % qui me concernent". La preuve en vidéo. 

Le président Guérini n'a pas précisé s'il allait demander au juge Duchaîne des aménagements de sa garde à vue en raison de son état de santé. En tout cas, nous avons vérifié, le "rendez-vous, cellule 24" qu'il avait lancé aux journalistes à la fin de la cérémonie de signature de la convention entre la Ville et le Conseil général ne correspond pas aux geôles de la section de recherche de la gendarmerie. Celle-ci n'en comporte que six, non numérotées.