Michel Vauzelle à pas comptés sur la métropole

Michel Vauzelle à pas comptés sur la métropole

Jean-Noël Guérini, le président socialiste du conseil général, s'est rangé clairement dans le camp des anti-métropole allant jusqu'à manifester en marge de la conférence métropolitaine. Son homologue du conseil régional, Michel Vauzelle, a choisi de son côté de rester en retrait dans ce débat dans l'attente d'un projet de loi qui, plus que la seule métropole, constituera l'acte 3 de la décentralisation.

Lors de ses voeux à la presse ce mardi, l'Arlésien n'a pas fait preuve d'un fol enthousiasme à propos des réformes menées par Marylise Lebranchu. Celui qui est aussi député a souvent rappelé le nécessaire équilibre entre les deux villes phares de Paca, Marseille et Nice, placées sur un pied d'égalité et "la dimension rurale, alpine, maritime" du territoire. Plus étonnant, il a à deux reprises agité le chiffon rouge de "la mégapole ultra-libérale" à l'américaine, celle qui apporte "l'insécurité", "la violence", "le chômage" sans préciser quel acteur politique pourrait défendre cette conception.

S'agit-il d'un embryon de fronde ? Plutôt d'un avertissement. "Je n'entends ni être un guichetier ni un caissier", nous avait déjà glissé Michel Vauzelle à l'issue de la conférence métropolitaine. Traduction : il convient d'être vigilant sur les compétences de la région et ne pas se laisser piller par la métropole. Les transports, l'économie, la formation professionnelle devraient aux yeux de l'exécutif régional constituer son cœur de travail. L'enseignement supérieur et la recherche pourraient aussi tomber en partie dans l'escarcelle de la métropole, ce qui ne plaît pas particulièrement au président de la région qui estime "qu'il faut encore travailler ce point-là"… mais ne le dira pas trop fort.

"Il ne sera pas en mesure de s'opposer"

Le problème, analyse un de ses vice-présidents, "c'est qu'à la base – il est Arlésien – il est plutôt proche des maires, plutôt favorable au pôle métropolitain, d'autant plus vu la façon dont tout cela a été mené à marche forcée". La critique rejoint largement celle formulée par de nombreux élus tel le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin qui avait lancé un tonitruant "Je n'ai jamais vu un préfet imposer quelque chose aux élus" adressé au préfet de région Hugues Parant et au préfet délégué à la métropole Laurent Théry.

"À terme, si la division des rôles économiques ne nous va pas, poursuit ce membre de l'équipe Vauzelle, il ne sera pas en mesure de s'opposer à la ministre".  Heureusement que le cumul des mandats permet encore à l'intéressé de se rendre à Paris et de "l'interpeller à la sortie de l'hémicycle". Là, un autre sujet de la loi de décentralisation pourra être abordé : la conférence de l'action publique territoriale dont Lebranchu a publiquement demandé au président de région une préfiguration en Paca, lors de la conférence métropolitaine, le 21 décembre dernier.

Ce "machin" qui doit fédérer les différents élus d'une région dans une instance de dialogue avec l'État pour y optimiser les politiques publiques peine à convaincre les présidents de région. Le président de l'association des régions de France, Alain Rousset, cité par la Gazette des communes s'était fait direct : "S’il s’agit de créer à travers cette conférence une assemblée disant à la région ce qu’elle doit décider et voter, ce sera raté. S’il s’agit de faire de cette conférence un Sénat interlocuteur de l’assemblée régionale, cela sera sans nous." Vauzelle n'est pas loin de partager la position de son homologue aquitain et met en avant sa "légitimité singulière" comme élu de l'ensemble du territoire. Plus que jamais selon lui, "la région doit jouer un rôle d'intermédiaire entre l'humain et le gouvernement". Il verrait bien une double contractualisation, avec l'État d'un côté, et la future métropole de l'autre. Mais Michel Vauzelle ne renversera pas la table, "la région ira où on lui dira d'aller".