"L'entreprise Baudouin est en train de renaître"

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le 7 Déc 2012
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"L'entreprise Baudouin est en train de renaître"
"L'entreprise Baudouin est en train de renaître"

"L'entreprise Baudouin est en train de renaître"

Pour Emmanuel Tellier les Chinois de Weichai sont en train de sauver Baudouin, créée en 1918 à Marseille et aujourd’hui installée à Cassis. Après être passée pas très loin de la liquidation, suite à son dépôt de bilan par son actionnaire d’alors – un fonds d’investissement du groupe Axa – elle a été reprise à la barre du tribunal de commerce par Weichai Power Co. Ce fabricant de moteurs diesel pour camions et engins de BTP, mais aussi des moteurs pour bateaux, cherchait une tête de pont en Europe afin de pouvoir accéder aux marchés occidentaux.

"L’objectif de Weichai est d’entrer dans le top 500 des plus grandes multinationales mondiales, ils doivent donc multiplier leurs implantations dans le monde", nous a expliqué Emmanuel Tellier. "Notre atout numéro 1 c’est notre marque qui nous a permis de trouver un repreneur". Les moteurs Baudouin qui équipent principalement des bateaux de pêche et de transport de passagers, comme par exemple les navettes du Frioul, ont une réputation de grande qualité et de grande fiabilité. D’autre part, ils sont les seuls au monde à concevoir des moteurs "marinisés" ; c’est-à-dire conçus dès l’origine pour résister à l'eau de mer.

"Si Weichai avait souhaité délocaliser, il l'aurait déjà fait"

C’est donc ce savoir-faire qui a attiré Weichai qui, de son côté, fabrique aussi des moteurs pour la mer beaucoup plus "basiques", mais aussi avec le risque, notamment avec un groupe inconnu et originaire d'Asie, de transfert de savoir-faire et de captation de la marque et de délocalisation. "Si cela avait été leur stratégie, ils l’auraient déjà fait", se défend Emmanuel Tellier. "Depuis 2009, Weichai a investi 50 millions d’euros, doublé les effectifs qui sont passés de 100 à presque 200 salariés, et ouvert de nouveaux marchés notamment en Asie où nous n’étions plus présents".

Pour le dirigeant français de Baudouin – le président est chinois ainsi que la directrice générale qui est par ailleurs vice-présidente du groupe – il n’en voit pas bien l’intérêt stratégique. "Weichai fabrique 2000 moteurs par jour en Chine, nous 200 par an à Cassis, cela n’aurait pas de sens pour eux de délocaliser nos productions, au risque d’abîmer leur image en Europe alors qu’ils cherchent justement à s’y développer". En revanche Weichai utilise aujourd’hui Baudouin pour exporter ses moteurs, mais sur des marchés plus d’entrée de gamme. Pour Emmanuel Tellier, le business fonctionne aujourd'hui sur deux volets : "ils nous ouvrent des marchés où nous n’étions pas et, de notre côté, on leur permet d’accéder aux nôtres".

L'anti Arcelor Mittal ?

Malgré les 50 millions d’euros investis, l’entreprise est toujours en déficit avec un marché toujours en crise, au moins en Europe, avec la crise et la diminution drastique du nombre de bateaux de pêche. Du coup, le DRH a fait appel aux pouvoirs publics afin de financer un plan de formation d'un million d’euros qui va permettre de former les salariés aux nouvelles méthodes de production liées à la nouvelle organisation de l’entreprise, mais aussi à l’anglais afin qu’ils puissent parler avec leur nouvel actionnaire.

L’État et la région Paca ont apporté 500 000 euros, l’UIMM (Union des industries métalurgiques et minières) et l’entreprise l’autre moitié. "C’est pour nous un engagement très important", nous ont confirmé la secrétaire générale de la préfecture de région et Michèle Trégan, conseillère régionale en charge de l’emploi.  "J’ai été très agréablement surpris par la réactivité des pouvoirs publics et leur aide a été aussi très appréciée par nos actionnaires chinois : c’est bien pour l’image de la France auprès des investisseurs étrangers". Baudouin, l’anti Arcelor Mittal, ou l’histoire d’une mondialisation réussie ? Réponse dans les années qui viennent.

 

 

 

 

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