Les gabians se poseront-ils sur les municipales ?

Les gabians se poseront-ils sur les municipales ?

"Oui, oui, on a les municipales en tête, certes, mais on a voulu mettre en avant l'horizon 2020", lance d'entrée Baptiste Lanaspèze, un des initiateurs d'un nouvel appel – c'est à la mode : le manifeste des gabians. Autour de la table, des militants associatifs ou syndicaux mais aussi des élus se disent prêts à réfléchir ensemble à l'avenir de la ville. Alain Fourest, urbaniste et fondateur de Rencontres tsiganes résume le problème de Marseille : "Il y a tout un tas de domaines où, collectivement, on peut agir ensemble à l'échelle d'un quartier. Mais, quand il s'agit de passer à un autre échelon, ça bloque."

Les initiateurs de ce projet – au premier rang desquels des militants d'Europe écologie – veulent résoudre ce problème en ciblant leurs thèmes prioritaires : défense des biens communs, gouvernance, solidarité, économie/emploi, multi-culturalisme méditerranéen, éco-mobilité et urbanisme. Des membres du Front de gauche se sont joints à l'initiative et le PCF a voté son adhésion à la démarche. Un de ces membres, le conseiller municipal communiste Christian Pellicani espère ainsi "sortir des affirmations toutes faites" : ces réflexions seront compilées dans un livre blanc fin 2013.

Le Front de gauche à pas comptés

Les déclarations d'intention de ce genre se succèdent mais une même question revient en permanence, résumée par Philippe Foulquier, le fondateur de la Friche Belle-de-Mai : "Quel débouché politique ?" Le rêve sous-jacent est une ritournelle de la gauche de la gauche : offrir une alternative unitaire au parti socialiste avec une liste ouverte largement à la société civile et portée par une personnalité forte, rassembleuse. Mais, bien souvent, les logiques d'appareil refont surface à l'heure des décisions. Les communistes qui organisent par ailleurs des assemblées citoyennes avancent déjà à pas comptés : "Ce n'est qu'une possibilité, estime Jean-Marc Coppola. On verra pour la suite, on n'y est pas encore."

Sébastien Barles porte quant à lui cette idée depuis plusieurs mois mais n'a pas encore convaincu y compris l'ensemble de son parti. Il veut croire à un effet d'entraînement : "Si l'on crée quelque chose, s'il y a un mouvement autour de nous, ils seront obligés de nous suivre. Et puis si Karim [Zeribi] veut participer à la primaire du PS, il se mettra lui-même de côté", juge le conseiller municipal. Barles verrait bien la vague espérée emporter aussi les militants du front de gauche, Mélenchon lui-même ayant appelé les Verts à se rapprocher de son mouvement. L'écolo se donne "six mois" pour réussir ce pari collectif. D'ici là, la question d'un éventuel leadership se posera et pourrait bien constituer comme souvent la pierre d'achoppement