Triche à La Ciotat : les drôles de calculs du camp Fillon

Le site internet du Monde a dévoilé ce soir la lettre du camp Fillon envoyée à la commission de contrôle de l'élection à la présidence de l'UMP. Celle-ci liste par département plusieurs anomalies supposées. Concernant les Bouches-du-Rhône, elle précise les soupçons déjà évoqués concernant la circonscription du député Bernard Deflesselles dont le bureau de vote avait été installé à La Ciotat :

Plusieurs noms ont été rajoutés de façon manuscrite en bas des listes d’émargement. Un huissier de justice a réalisé des photos de certaines pages du cahier d'émargement sur lequel des noms d'électeurs ont été ajoutés à la main pour pouvoir les faire voter.
Des bulletins de procuration vierges ont été distribués devant le bureau de vote par des militants faisant campagne pour Jean-François Copé. Les électeurs n'étant détenteur d'aucune procuration se voyaient remettre une procuration sur place complétée à la vue de tous dans la rue.
Il y a eu 152 procurations sur ce seul bureau de vote, sur un total de 645 votants. Ce taux de procurations paraît anormalement élevé puisqu'il s'élève à 23,5 % des votes comptabilisés.

Cet argument semble tenir la route. Mais, c'est la suite qui cloche largement. Ainsi, alors même que dans l'extrait cité ci-dessus il mentionne la présence d'un huissier à La Ciotat, le courrier estime qu'"aucun huissier de justice n'a été envoyé dans les Bouches-du-Rhône (hormis Marseille)". Bon, le document a certainement été rédigé dans l'urgence mais, si vous comprenez, on est preneurs.

Même étonnement avec le décompte. En ôtant les procurations, on basculerait selon eux (en pourcentage) à 52-48 pour Fillon dans cette circonscription quand le résultat dominical donnait 72-28. Sauf qu'avec 458 bulletins Copé et 181 Fillon au décompte officiel (dont 152 procurations), la mise à l'écart des procurations donnent toujours la victoire au maire de Meaux. Pour arranger les choses à sa guise, l'équipe de l'ex premier ministre a tout simplement comptabilisé pour son compte celles-ci, mettant au défi tous nos cours de maths (et la logique).

"Il y avait un président de bureau filloniste"

Quant à la distribution des procurations dans la file d'attente, le problème a été signalé dans la journée de dimanche par Guy Teissier soutien de Fillon, admet Bruno Gilles, le secrétaire départemental partisan de Copé : "C'est à ce moment-là, en fin de matinée, que l'huissier a été envoyé. Guy Teissier est revenu vers moi pour me dire que c'était réglé, qu'il y avait un militant qui faisait signer pour Fillon et un autre pour Copé."

Plus généralement, Gilles rappelle qu'"il y avait comme dans chaque bureau de vote du département un président filloniste et un copéiste. Le représentant de Fillon aurait très bien pu faire stopper les opérations de vote s'il estimait que les choses ne se passaient pas comme il fallait". Contacté, le responsable de l'équipe Fillon pour les Bouches-du-Rhône hors Marseille, Hervé Fabre-Aubrespy, était "en réunion" et n'a pu être joint avant la publication de cet article. Son champion, François Fillon, appelle de son côté ses partisans "à avancer sans rancune ni déception". Pas sûr que la mise sur la place publique des contestations du vote de dimanche facilite les choses.