Le couperet Filippetti s'abat sur la culture, Arles se réjouit
Le couperet Filippetti s'abat sur la culture, Arles se réjouit
Au pays d'Arles, comme dans tous les pays – y compris celui de Candy – on s'amuse, on pleure, on rit. Et pour preuve, sur le blog du maire PC Hervé Schiavetti, la ministre de la culture Aurélie Filippetti tient la première place, radieuse et tout sourire sur la photo. Deux jours plus tôt, dans un entretien accordé au journal Le Monde, Aurélie Filippetti a pourtant affirmé que certains projets culturels, "annoncés avec légèreté par Sarkozy", seront reportés, voire annulés pour contribuer à l'effort budgétaire. Le couperet tombe, la liste est donnée. Arles y figure de manière assez enigmatique : "Les archives photographiques d'Arles : la priorité, c'est le déménagement de l'école de photographie. Il sera fait, mais la seconde phase du projet doit être réexaminée…"
Dans la foulée, le maire choisit le côté brillant plutôt que le côté mat. Il se "félicite de cette bonne nouvelle (…). L'école sera implantée au nord du boulevard Victor-Hugo, en vis-à-vis du futur siège de la Fondation Luma conçu par Franck Gehry (…). Mme Filippetti a aussi indiqué que le projet des archives photographiques à Arles serait "réexaminé". Je me tiens à sa disposition pour évoquer ce 2ème volet du projet arlésien du ministère. Je tiens surtout à remercier la ministre de la Culture et ses services pour l'attention qu'ils portent à Arles."
"Rien n'était précis"
"Si, si, renchérit-on à la communication de la ville d'Arles, c'est bien une bonne nouvelle". Ah bon? "Nous avons eu la confirmation du déménagement de l'école qui n'était pas encore certain. Actuellement, l'école est située dans un bâtiment datant du 18e siècle, qui devient obsolète par rapport aux évolutions technologiques, de même que sur le plan réglementaire. Cette annonce tombe bien, surtout cette année, pour les trente ans de l'inauguration de l'école par François Mitterrand."
Le "réexamen" du projet des Archives photographiques d'Arles, aussi vague soit-il, suscite là encore le même enthousiasme : "Le projet avait seulement été amorcé par Frédéric Mitterrand, rien n'était programmé, rien n'était précis. Le fait qu'il soit "réexaminé" est donc une bonne chose."
Entre 2010 et 2012, le projet des archives photographiques semble en effet progressivement disparaître des priorités du ministère. Au départ, la fondation privée de mécénat Luma (dirigée par Maja Hoffman, héritière du groupe pharmaceutique suisse Roche) souhaitait bâtir un monumental pôle multiculturel avec l'architecte Franck Gehry sur le site des anciens ateliers SNCF, désertés depuis 1985. Celui-ci devait réunir, entre autres, l'école de la photographie d'Arles, les archives nationales photographiques et des locaux pour les éditions Actes sud. Lorsqu'en 2011, Frédéric Mitterrand, alors ministre de la culture revient, il annonce…la même chose à un détail près : les archives photographiques ont fait "pchitt". Envolées, disparues de son discours.
Tout fout l'camp
En 2012, la Commission nationale des monuments historiques de France retoque le projet de construction de la tour, emblématique de la Fondation Luma – devant mesurer près de 56 m de haut – La cause ? La proximité avec le clocher historique de l'église Saint Honorat et une nécropole antique située en sous-sols de la fondation de la tour – dont la mairie d'Arles avait par ailleurs connaissance. Le grand pôle multiculturel émergera bien et devrait ouvrir en 2013 – erratum de notre part -, mais l'école de photographie et la tour de la fondation Luma seront construites en dehors du parc des ex-ateliers SNCF, à défaut d'un projet d'envergure entièrement situé en plein coeur des bâtiments.
Reste encore un problème à régler pour la mairie communiste : un campement de Roms est actuellement installé sur l'emplacement prévu pour l'école de la photographie. Décidément, tout est vraiment plus simple dans les dessins animés.
Commentaires
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Vous devriez préciser que Maja Hoffman met un gros paquet de thunes sur la table (70 millions si ma mémoire est bonne)… dommage de ne pas profiter de l’aubaine pour la suivre et que l’Etat investisse aussi : c’est un nouveau quartier pour Arles qui pourrait émerger et la reconversion d’une immense friche industrielle.
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