Grand conseil de la mutualité, patient en observation prolongée
Grand conseil de la mutualité, patient en observation prolongée
Les comités de soutien avaient fait passer le mot, des bus avaient été affrétés de tout le département, des élus – comme les maires de Gardanne et de Port-Saint-Louis-du-Rhône – avaient fait le déplacement : plus de 500 personnes se sont rassemblées ce mardi pour soutenir le réseau de santé du Grand conseil de la mutualité (GCM, qui regroupe des centres de santé, optiques, dentaires, des pharmacie, une clinique…), ses 200 000 patients reçus chaque année et ses 1200 salariés.
Les vrais soutiens de poids pour son passage devant le tribunal de grande instance (TGI) n'étaient cependant pas dehors sous la pluie, mais à l'intérieur du bâtiment. L'administrateur judiciaire – qui suit la situation du GCM depuis son placement en redressement judiciaire en novembre – et le procureur de la République étaient en effet ce mardi au diapason de la direction : cette entreprise mutualiste a besoin de 6 mois supplémentaires pour y voir plus clair. Pour maître Moatti, avocat du GCM, la reconduction de la période d'observation, sur laquelle le TGI rendra sa décision le 9 mai, est en bonne voie, dans la foulée de signaux financiers positifs, avec une réduction des pertes de 20% :
Un audit et des élections
Mais l'échéance la plus attendue est la remise vers mi-mai d'un audit de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), lui-même déjà prolongé pour creuser davantage l'examen de la situation du Grand conseil. Une situation qui "fait durer le suspense", glisse le directeur du GCM Patrick Verdeau.
L'Igas proposera en effet "des pistes de réflexion et nous évitera de nous enferrer dans des voies qui seraient déclarées comme inadaptées. Ce sont quand même eux les experts", commente l'administrateur judiciaire Emmanuel Douhaire. Nul doute qu'il alimentera les réflexions pour une autre audience au TGI, courant juin, où le plan de redressement sera au coeur des débats. A la tête du syndicat des médecins, Dominique Eddi, appréhende également avec intérêt un autre événement de mai : l'élection présidentielle.
"Après les élections il faudra bien que les gens nouvellement élus prennent position. On ne parlera plus de sortants ou d'entrants mais d'interlocuteurs en place", abonde Me Moatti. Même si, assure Patrick Verdeau, "il n'y a pas d'hostilité de la part de Xavier Bertrand (ministre de la Santé, ndlr) qui aurait pu dire "c'est une affaire privée"". Un discours qu'on a pourtant beaucoup entendu du côté de l'Etat, premier interpellé dans l'affaire… "Localement", répond le directeur. Ça s'appelle comment cliniquement cette attitude ?
Pas d'assurances sur l'emploi
Si la nécessité d'une prise en compte par les pouvoirs publics du rôle et de la spécificité du GCM, à commencer par un traitement moins inéquitable par rapport à la médecine libérale, a été à de maintes reprises soulignée, la "réorganisation" se profile en interne. Alors que la présidente promettait en novembre "le maintien de tous les centres de santé" et "zéro licenciement", trois fermetures de boutiques optiques (Arles, Salon et La Ciotat) ont déjà été actées fin mars par le conseil d'administration et son avocat affirme de pas pouvoir exclure des réductions d'effectifs :
Ce qui ne fait évidemment pas partie du plan des salariés, emmené notamment par la CGT. "Quand on annonce qu'on veut céder la clinique de Bonneveine alors qu'elle est de retour à l'équilibre, c'est qu'on a une autre stratégie derrière", note la secrétaire CGT Hélène Honde. Ce à quoi Me Moatti répond par les nouvelles baisses de tarifs hospitaliers qui vont gréver les comptes en 2012. Et déclare "que l'essentiel n'est pas que la clinique soit à l'intérieur du GCM mais que l'activité soit maintenue". Le groupe SOS s'est en effet déclaré repreneur de la structure, ce qui amènerait un peu d'argent frais dans les caisses du GCM…
Autre principal dossier épineux pour les mois à venir : les conditions d'exercice des praticiens, salariés et non payés à l'acte comme dans le libéral. La direction envisage toujours de passer à ce dernier mode, "une modification du modèle économique et social comme ils l'appellent", ironise Dominique Eddi, pour qui une telle mesure est exclue. Depuis le passage de relais entre Paul Sabatino et Patrick Verdeau, "les rapports avec la direction se sont améliorés", ajoute-t-il cependant. Augurant par exemple la possibilité d'un accord sur les plages horaires de travail, qui pourrait permettre une activité plus forte. "On en est au stade de la réflexion et de la discussion", se contente de répondre Me Moatti. En attendant novembre prochain, où il ne sera plus question d'observation…
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