PLU de Marseille : la concertation qui mérite plus

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le 2 Avr 2012
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PLU de Marseille : la concertation qui mérite plus
PLU de Marseille : la concertation qui mérite plus

PLU de Marseille : la concertation qui mérite plus

C'est le paradoxe de l'urbaniste (et des élus chargés de ce genre de dossier) : brasser des kilomètres carrés de jargon, tout en devant au moins avoir l'air de les concerter avec le public. Les réunions sur le plan local d'urbanisme (PLU) qui s'enchaînent actuellement dans les huit secteurs de Marseille en donnent une belle illustration. Le maire UMP du 6/8 Dominique Tian a "ouvert le bal" jeudi dernier, suivi le lendemain par Samia Ghali (PS) dans le 15/16, ce sera au tour ce lundi soir de Bruno Gilles (UMP) dans le 4/5. A leurs côtés pour déblayer : l'adjoint à l'urbanisme de la mairie Claude Vallette, et le directeur du pôle Aménagement urbain et cadre de vie de Marseille Provence Métropole (MPM) Jean-Marc Bonino.

Typiquement, la réunion commence d'ailleurs par un appel à la clémence : d'accord, le PADD du PLU, les zonages, les réservations foncières, n'ont rien de facile à appréhender, mais il s'agit de l'avenir de Marseille dans les quinze ans qui viennent. Bon… Vient ensuite une présentation assez accélérée du contenu dudit PLU, qui rentre dans la dernière ligne droite : un vote en juin avant une enquête publique en bonne et due forme à l'automne et une validation définitive avant mi-2013. Avec cette assurance donnée par Jean-Marc Bonino : "nous ne sommes pas aujourd'hui complètement calés, il y a des points que l'on peut revoir avec vous".

La carte et le territoire

Le PLU, c'est un peu la carte et le territoire : un découpage de la ville en zones (39 en tout pour l'habitat dense, pavillonnaire, les activités économiques, les espaces naturels etc.) sur lesquelles on édicte des règles (hauteur et type des constructions, part d'espaces verts et même parfois jusqu'aux essences à planter…). La carte tient en une feuille, le règlement prend lui ses aises (pour donner un ordre de grandeur plus de 560 pages pour le plan d'occupation des sols – ancêtre des PLU – actuellement en vigueur). Gloups. Là-dessus, les panneaux de concertation (disponibles notamment sur le site de MPM) n'en disent pas plus.

A travers la présentation de la version de travail, quelques points saillants ou nouveautés plus anecdotiques ressortent toutefois. D'abord la volonté, dixit un technicien, de "renforcer la cohérence entre développement urbain et transports en commun". L'urbanisation serait donc structurée "autour des noyaux villageois, des centralités où l'on trouve les commerces, les services".

Autre grand pan : la protection du patrimoine et de la nature, dans comme hors de la ville. Sont cités pour le premier aspect les cabanons, les courées ouvrières (comme à l'Estaque), les quartiers en balcon de Périer… Côté vert, un nouveau zonage "dédié aux grands parcs et jardins" fait son apparition, ainsi qu'une règle de "protection des cœurs d'îlots quand ils sont encore végétalisés" et un zonage de "maîtrise forte de l'urbanisation, là où on a des problèmes de raccordement à l'assainissement, de desserte, de protection contre les risques incendie".

Poser des options

En bonus, le PLU comprend aussi des réservations foncières. Autrement dit des espaces sur lesquels les collectivités posent une option. Par exemple pour faire des lignes de transports, des parkings relais, des pistes cyclables, des bassins de rétention, des programmes de logements sociaux. Un domaine où la mairie de Marseille a parfois été critiquée pour son manque d'anticipation.

Ca n'a pas empêché les habitants réunis à Tempo Cadenelle, près de la mairie du 6/8, de se saisir de la possibilité pour demander qui une réservations pour la voie Pastré (une route qui fait l'objet d'une bataille de CIQ), qui pour une promenade le long de l'Huveaune, qui pour un cheminement piéton sur la colline Périer. A la mairie du 15/16, un citoyen a pris le micro pour demander que les terrains très glissants autour du Régali (à lire cette longue enquête de Rue 89) soient déclarés inconstructibles, un autre pour dire que "nous ne voulons plus de Kallisté, de Plan d'Aou, il faudrait le graver dans le marbre du PLU".

Chassez le quotidien…

Mais globalement, de la carte et de son règlement, il n'aura finalement que peu été question lors des débats. Comme l'a résumé un participant à la réunion du 6/8, "on est toujours d'accord quand on parle de l'avenir, mais quand les opérations se font, il faut une cohérence, un lien dans le vivre du quotidien". Et c'est de ce quotidien qu'il a surtout été question, donnant l'air à la concertation sur le PLU de méga-réunion de CIQ.

Pour passer les plats, Dominique Tian, qui connaît les présidents d'associations de quartier par leur prénom, donnait d'ailleurs du "Untel, Périer", "Untel, la Madrague", "Untel, le tunnel Prado Sud". "Si vous voulez qu'on en parle on en parle, mais ce n'est pas moi qui en ait parlé", a lancé dans le brouhaha un membre d'association que l'on avait ramené à son combat alors qu'il souhaitait se plaindre qu'"on [fasse] un PLU et chaque fois qu'il y a un cas particulier on change. On en est à 26 modifications !"

Il faut dire que les attentes et les dossiers sont multiples. Dans le 6/8, on étouffe sous la circulation automobile, on espère une navette entre la colline Périer et le métro, et côté littoral on appréhende l'ouverture du parc national des Calanques et le programme immobilier sur les terrains Legré Mante. Dans le 15/16, on souhaite protéger le massif de la Nerthe, réduire les nuisances des camions qui déferlent du port autonome tout en évitant la mise en service d'un terminal de fret à Mourepiane. Quand on ne profite pas de l'occasion pour prendre des nouvelles d'une demande concernant les armoiries et l'horloge de la place des Abattoirs ou une bizarrerie de la voirie gênant son entreprise.

Bref : une réunion par secteur (à noter que dans le 15/16 trois réunions complémentaires sont prévues en avril), c'est bien, mais les petites salles sont vite débordées de monde comme de questions plus ou moins annexes. Et on est loin des dispositifs mis en place dans une ville comme Bordeaux

Le planning des réunions de concertation

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Commentaires

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  1. ChevalierBlanc ChevalierBlanc

    Le PLU pourrait être une belle occasion de limiter la place de la voiture et d’éviter de manger les espaces libres avec de l’habitat pavillonaire qui n’est pas à la hauteur des besoins en logement. Densifier pour économiser l’espace et développer l’espace public pour les piétons et les vélos. Voilà qui nous changerait de la politique des bagnoles sur les trottoirs.

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  2. Céhère Céhère

    Merci pour cet article de fond sur un sujet trop ignoré (notamment par vos confrères de la presse écrite) et pourtant ô combien important, puisqu’il s’agit de savoir “à quelle sauce nous allons être mangés” à l’avenir.
    En palliant aux carences de la presse professionnelle, et à celles de la municipalité, vous faîtes œuvre(une fois de plus) d’utilité publique.

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  3. Marius Marius

    Je suis tout à fait d’accord avec Chevalier Blanc, mais la voiture reste omniprésente à Marseille et de plus en plus sur les trottoirs, les places publiques ou les voies de tram, quand on voit que l’Esplanade de la Major qui devait être un “espace de détente et de promenade” est devenu un parking où les voitures côtoient dangereusement les minots qui vont jouer sur le mini terrain de sport, alors que pourtant ce quartier affiche la plus grande densité de policiers de tout Marseille…

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  4. Saint Juste Saint Juste

    Le territoire de Marseille est socialement très fragmenté et cela constitue le principal challenge de future PLU, qui identifie les principaux enjeux mais n’apporte pas les réponses pour les résoudre. Marseille est historiquement marquée par une frontière Nord / Sud que les politiques de construction et d’attribution du logement social ont encore contribué à renforcer depuis les années 1960 et le contexte local du logement social se caractérise par un marché très tendu : forte pression de la demande, précarisation des candidats et des locataires, insuffisance quantitative et qualitative de l’offre de logements sociaux et forte différentiation du parc entre des cités très stigmatisées dans les arrondissements du Nord de Marseille, des « beaux quartiers » d’habitat social au sud et dans le centre. Ce point est critique et il n’est pas traité.

    Mais, voyons un peu ce qui s’est construit à ce jour à Marseille:

    · des logements sociaux transformés en grande partie en foyers de délinquance et de vandalisme, générateurs sur le plan social d’une désespérance sans issue, situation pire que celle qui existait du temps des taudis que ces logements sont supposés avoir remplacé;
    · des programmes de logements à l’intention de la classe moyenne, véritables merveilles d’uniformité, privés à tout jamais de la possibilité d’évoluer vers une vie urbaine;
    · des programmes de luxe qui atténuent, ou du moins tentent d’atténuer, leur manque de caractère ; des centres administratifs que tout le monde fuit.

    Le débat sur le stationnement en centre-ville relève d’un choix politique. Il doit se fixer ses objectifs et chercher les moyens de les atteindre. La viabilité économique de l’offre de stationnement doit ensuite, être aménagée dans le respect de ce choix. Souhaite-t-on une réelle mixité de riverains au centre-ville ? Souhaite-t-on apaiser les espaces publics et les rues des zones denses en y réduisant le stationnement et la circulation ?

    Un exemple est donné par Paris qui interdit la création de parking sur les projets neuf ou de réhabilitation inférieurs à un certain seuil de surface. Nous devons je pense nous orienter dans cette direction.
    · Cela signifie que l’offre de stationnement en surface doit être considérablement réduite et que ce qui reste doit être totalement payant.
    · Cela signifie aussi que l’offre de stationnement souterrain en centre-ville doit être orientée sur ces nouvelles priorités politiques.
    · Favoriser le stationnement des riverains avec des locations bon marché permettant à ces derniers de ne pas utiliser leur véhicule en temps ordinaire.
    · Avoir une offre tarifaire pour les autres usagers cohérente entre les différents parkings pour créer une progressivité dissuasive d’accès au centre-ville en voiture (schématiquement : de plus en plus cher, plus on se rapproche du centre)
    Plus largement développer les offres de parkings périphériques de dissuasion en liaison avec les transports en commun.

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  5. Anonyme Anonyme

    consterné par la pauvreté sinon l’absence de réflexion préalable aux orientations d’aménagement du secteur de la Nerthe. Entasser des conteneurs hors de toute emprise portuaire et toute efficacité de la chaine logistique, au mépris des orientations du Grenelle,

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  6. Marius Marius

    Dans toute la moitié Sud de Marseille, on continue de construire n’importe comment, sans vue d’ensemble, sans projet, sans adapter la voirie, sans adapter les transports en commun.

    Résultat : de plus en plus d’encombrements dans les rues, en particulier par beau temps.

    Et le bétonnage de l’emplacement de l’ancienne usine Legré-Mante, à la Madrague, va encore en rajouter.

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  7. Vieux Patriote Républicain Vieux Patriote Républicain

    Vous avez tout à ,fait raison Marius Essayer de parler d’aménagement du territoire ,de priorités aux bétonneurs et boutiquiers qui dirigent cette ville et ne voient pas plus loin que leur tiroire caisse ? Actuellement le débat : c’est faut-il armer la police municipale ? Pourtant la priorité de l’ institution doit être de fluidifier le trafic sur la voie publique avant de tenter de faire concurrence à la Police nationale !Le citoyen , qui est contraint de prendre sa bagnole pour palier aux déficiences des transports en commun observe qu’aux points névralgiques :travaux somptuaires sur le Vieux Port,carrefour Garibaldi Canebiére Cour Lieutaud ,Rond Point du Prado on ne voit jamais un policier municipale réguler le trafic aux heures d’embouteillages !D’où perte de temps ,pollution ,surconsommation de carburant Mais ils s’en foutent ils ont chauffeurs et véhicules de fonctions que nous payons

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  8. Anonyme Anonyme

    et si l’on sécurisait les parkings des terminus de métros et tram ? il y aurait moins de bagnoles en ville ,on pourrait respirer et surtout cela permettrait de créer des emplois dans cette ville au chômage galopant ….
    Cette idée que des milliers d’entre nous ,”simples marseillais pas élus” soufflent de temps à autre doit être trop sensée pour être retenue …amen …

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