Roms : Une lettre polémique + une pétition de CIQ = un nouveau déménagement

Roms : Une lettre polémique + une pétition de CIQ = un nouveau déménagement

La lettre, révélée par l'Huma ce matin, à en-tête de la mairie du 4/5 a été distribuée le week-end dernier dans les boîtes aux lettres du quartier Saint-Pierre, a été affichée sur certains pare-brise. Elle est signée par le maire de secteur Bruno Gilles, le député Renaud Muselier et la conseillère générale Marine Pustorino. "La décision de l'archevêché de Marseille d'accueillir dix familles de Roms (47 adultes et 19 enfants) au sein de bâtiments lui appartenant sur la place Pol-Lapeyre crée un légitime émoi dans la population.", écrivent d'emblée les signataires dans la missive que nous reproduisons ci-dessous. Pour eux, avec l'arrivée non concertée des Rroms, "c'est le lien social de notre quartier qui est menacé". Ils dénoncent "une décision […] dangereuse pour tout le monde".

Une plainte pour incitation à la haine raciale

Les élus du secteur répondaient ainsi à la pétition lancée par le comité d'intérêt de quartier local pour voir cette décision de l'Eglise révisée. "Il faut bien répondre à la population", se justifient Renaud Muselier comme Bruno GIlles quand bien même certaines associations d'aide aux Roms y voient un ramassis de préjugés. Rencontres tsiganes et la Ligue des droits de l'homme comptent porter plainte pour incitation à la haine raciale. La sénatrice communiste et  élue du secteur, Isabelle Pasquet, renchérit : "A Marseille, Monsieur Guéant a fait des émules. Et elles tiennent à le faire savoir : pas besoin ici de Marine Le Pen. Renaud Muselier, Marine Pustorino et Bruno Gilles balisent le terrain de la xénophobie, de la haine de « l’autre », du rejet du plus élémentaire des droits d’un être humain, pouvoir installer sa famille sous un toit, fut-il précaire."

Cliquer sur la flèche pour lire la suite

La mairie s'investit (enfin)

Le maire du 4/5 qui rappelle souvent à qui veut l'entendre qu'il est "le mec de droite le plus à gauche de Marseille" répond que "si c'est de bonne guerre en période électorale, c'est du délire absolu" mais n'estime pas être allé trop loin. Il en veut pour preuve la discussion engagée avec l'Ampil (Action méditerranéenne d'insertion sociale par le logement) et la fondation Abbé-Pierre pour trouver une autre solution "en habitat diffus".

Une solution qui semble d'ores et déjà trouvée, nous expliquent Kader Attia de l'Ampil et Fathy Bouaroua de la Fondation. Ils ont été mis dans la boucle par Michel Padovani, adjoint de Bruno Gilles et président de Habitat Marseille Provence (HMP) La dizaine de familles devrait être relogée en logement social, au sein du parc d'HMP essentiellement. A terme, seules deux familles devraient rester à Saint-Pierre. De quoi éventuellement apaiser lle climat de tension marqué par les vives insultes essuyées par les Roms dans le quartier et calmer le CIQ et les signataires de la pétition, qui auront tôt fait de crier victoire. "Semi -victoire, corrige Fathy Bouaroua. La Ville, qui ne voulait rien entendre, accepte aujourd'hui de faire quelque chose au nom de la paix sociale. C'est un grand pas."

Une stratégie durable ?

Quinze jours ? Un mois ? Seule inconnue pour le moment, le délai de mise en oeuvre de cet engagement. "De toute façon, tant que la solution n'est pas effective, les familles ne bougeront pas", prévient Kader Attia. Si le projet aboutit, ce qui semble tout de même en bonne voie, la mairie aura ainsi fait un premier pas dans l'aide au logement durable des Roms. Difficile de savoir aujourd'hui s'il ne s'agit pour elle que de jouer momentanément les pompiers, qui plus est en période électorale, ou si on assiste à une véritable prise de conscience.