Marina Foïs démolit sa maison de poupée
Marina Foïs démolit sa maison de poupée
Une maison de poupée, écrite en 1879 par Henrik Ibsen transcende le cadre d’une époque révolue. Après l’interprétation des metteurs en scène Stéphane Braunschweig, Daniel Véronèse, Michel Fau et Nils Oklund, la version de Jean-Louis Martinelli excelle dans l’art du spectacle vivant. Magnifiquement interprétée par une Marina Foïs au jeu subtil et intelligent, la pièce interroge, bien au-delà de la place de la femme dans une société bourgeoise et conformiste, les questions de l’individualité de la personne, de l’autonomie et de la conquête de soi.
Nora Helmer, épouse du nouveau directeur de banque Torvald Helmer (Alain Fromager), garde pour elle un secret qui la terrifie. Pour sauver son époux de la maladie, elle a contracté une dette et contrefait une signature auprès de l’un des employés de banque de son mari, Nils Krogstad (Laurent Grévill). Lorsque celui-ci, renvoyé par Torvald, menace de tout lui avouer dans une lettre si Nora n’intercède pas en sa faveur, le petit monde douillet et factice du foyer Helmer se retrouve au bord de l’implosion.
Petit oiseau en cage
La maison de poupée symbolise justement cet espace clos, cette pièce à vivre unique où Nora est enfermée dans sa condition de femme-enfant, insouciante mais faussement naïve. A la toute fin de la pièce, sous des flocons de neige marquant le déclin d’une époque, Nora s’émancipe et franchit le seuil de son foyer. Pour Jean-Luc Martinelli, l’ordre nouveau s’élève sur les vestiges de l’ordre ancien, inscrivant la pièce dans la lignée des tragédies grecques, malgré des notes humoristiques et une chute victorieuse pour le personnage héroïque de Nora.
Pendant longtemps cependant, les personnages de la pièce restent prisonniers de la cage dorée des convenances. Nora est la première à s’y complaire, vantant sa fierté à n’exister que par la réussite sociale de son mari, auprès de son amie Kristine Linde (Bénédicte Cerutti). La « petite poupée » de son père est devenue, sans transition, « la petite alouette chantante » de Torvald Helmer, un mari sincèrement aimant, loin des clichés du machiste grossier, mais artefact d’une société minée de principes paternalistes à l’égard des femmes – éternelles mineures qu’il convient de protéger. Face à la métamorphose de son épouse, Torvald se trouve totalement désarmé.
Renaître à la vie
Lorsque le mensonge de Nora risque d’être révélé, celle-ci paraît sombrer dans la folie, appelant de tous ses vœux « le merveilleux » inespéré – une considération de son mari et une reconnaissance pour elle et pour son geste désespéré – tandis qu’en réalité, elle est en proie au douloureux cheminement de la lucidité : depuis le début, elle sait que « le merveilleux » tant attendu n’arrivera pas…Nora devra abandonner mari et enfants pour « s’éduquer », exister pour et par elle-même. Disparaître d’un monde pour renaître à la vie, celle qu’elle s’approprie, enfin.
La Maison de poupée de Jean-Louis Martinelli est à découvrir au théâtre du Gymnase ce soir, au 4 rue du théâtre français (1er), vendredi 17 et samedi 18 février à 20 h30. Les représentations sont quasiment complètes, mais vous pouvez espérez trouver des places en vente sur place. Renseignements au 0820 000 422 ou sur le site www.lestheatres.net.
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