Eva à Marseille

Eva à Marseille

Elle n’est pas descendue de son Drakkar, mais d’un Scénic à moteur thermique, avec autocollants « non à l’incinérateur de Fos », accompagnée de ses deux body guards I will always love you, et d’une équipe embedded de France 24. Quelques jours avant son désormais concurrent Nicolas Sarkozy, la candidate EELV (Europe Ecologie-Les verts) à la présidence de la République, Eva Joly était lundi à Marseille. Les médias nationaux, à peine revenus du premier grand meeting d’Eva (« si j’ai disparu des radars pourquoi êtes vous venus si nombreux ? ») n’ont pas repris un billet de TGV pour le Sud, et c’est en compagnie de la presse locale que s’est déroulée sa visite bucco-rhodanienne. Alors, on y va avec Eva.

Plate-forme pétrolière, non merci

Première étape : une conférence de presse sur le projet de plate-forme pétrolière en Méditerranée, ou plus exactement pour réclamer la fin du permis d’exploration accordée à la société Melrose. C’est vrai que dans ce dossier dont nous vous avons déjà parlé, rien n’est très clair. L’idée est que la société Melrose, dont on ne sait pas grand chose, souhaite obtenir de la part du gouvernement le renouvellement de son permis afin de pouvoir continuer ses recherches. Et ainsi vérifier si il y a des gisements de gaz et/ou de pétrole exploitables au large de Marseille, à plus de 1000 mètres de profondeur.

Si il existe un tel potentiel, ce qui est tout à fait probable, on ne vous fait pas un dessin sur les enjeux financiers d’un tel projet. Mais au risque de transformer la rade de Marseille en une nouvelle Louisiane. Y compris au stade de la simple exploration, il existe de vrais risques environnementaux, par exemple pour les mammifères marins, et le tout sur une zone où la terre tremble régulièrement, comme le dénonce Fabiana Giovannini, consigliera territuriale «  Femu A Corsica », parti autonomiste associé à EELV à l’Assemblée territoriale corse, qui accompagnait Eva Joly avec le député européen corse François Alfonsi. Les responsables de la réserve de Scandola avaient également fait le voyage pour l’occasion :

Même inquiétude pour la député européenne Michèle Rivasi, guide locale de la petite sauterie, qui ne cache d’ailleurs plus au passage ses ambitions marseillaises pour 2014 :

En route pour LyondellBasell

Après un sympathique déjeuner sans tofu ni galette d’épeautre (ouf, ouf), la caravane du Eva’s tour a pris la direction de Berre pour aller rencontrer les salariés de LyondellBasell qui se battent pour trouver un repreneur à leur raffinerie afin d’éviter sa fermeture. Une rencontre du 3^e type entre une candidate qui prône l’avènement d’un monde sans pétrole et des syndicalistes qui ont besoin qu’on en consomme toujours pas mal pour sauver leurs emplois. Un green paradoxe dont se défend la conseillère régionale EELV Sophie Camard au conseil régional PACA et une des rares élues vertes, voire élue tout court, spécialisée sur ces sujets industriels :

La réunion avec les 6 représentants de l’intersyndicale de LyondellBasell a duré plus d’une heure, et même si le ton est quelque fois un peu monté, Eva et ses amis ont plutôt fait bon impression auprès des syndicalistes, ce qui n’était pas gagné d’avance. Débriefing avec Claude Faur représentant FO à la raffinerie :

Avant de prendre un TER depuis Rognac pour rejoindre Marseille et une rencontre avec les militants à l’Ecomotive, accompagnée du vice-président EELV au conseil régional PACA Jean-Yves Petit – « vous direz à votre journaliste Julien Vinzent qu’il m’arrive de prendre ce train » , voilà c’est fait – Eva nous a accordé une interview un peu ombre et lumière, en conclusion de cette journée depuis le café l'Escale à Berre. Loin du Eva Bashing :