Le Costa Concordia va-t-il couler le business de la croisière à Marseille ?

Le paquebot « Concordia » issu de la flotte de Costa Croisières, échoué le 13 janvier dernier à proximité de l’île de Giglio (Toscane), n’en finit pas de faire parler de lui. Il soulève bien évidemment de nombreuses interrogations en Italie mais aussi dans une moindre mesure à Marseille, puisque le port l’accueille plusieurs fois par an, ainsi que  de nombreux navires de ce type.

Un aspect économique non négligeable ?

L’aspect économique est la première interrogation, au lendemain de cette catastrophe. Le port de Marseille en 2011 a reçu 62 navires pour un total d’environ 800 000 passagers, nous annonce l’office de tourisme municipal .

Le Concordia, drainait à lui seul 48 000 passagers par an à Marseille selon la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence ( CCIMP) et devait, en 2012, y accoster treize fois. Suite à son accident, Costa Croisières a donc été contraint de suspendre toutes ses activités jusqu’au 25 février prochain. Le port et la ville de Marseille vont donc inévitablement en souffrir. Un constat qu’ a souligné lors de ses voeux à la presse le premier magistrat de la cité  Magnéto Esther :

Inquiétudes à court terme

Egalement pendant ses voeux à la presse, le président de Marseille Provence Métropole (MPM) Eugène Caselli a déclaré que « le naufrage du Costa Concordia n’est pas une bonne nouvelle pour Marseille, même si son effet devrait être limité à moyen  terme ». Son vice-président Bernard Morel, par ailleurs conseiller régional et membre du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille, se montrant de son côté un peu plus inquiet.

Pour Jean Da Luz, créateur du site marseillais tourmag.com, cet accident aura  » évidemment un impact à court terme ». C’est ce que pensent aussi 75% des 200 professionnels du tourisme qu’il a interrogé lors d’une étude spécifique. « En revanche, à moyen terme ce marché des croisières étant en pleine explosion, il n’y a aucune raison pour qu’il arrête son expansion », nuance-t-il.

Des risques écologiques

Si les côtes de l’Italie sont menacées par une éventuelle marée noire – le paquebot contenant encore plus de 2 300 tonnes de carburant – les côtes marseillaises le sont peut-être aussi. C’est le courant liguro-provençal, se déplaçant du littoral italien vers l’Espagne, qui pourrait amener cette potentielle catastrophe écologique jusqu’à chez nous. Interrogé sur ce risque, l’institut Paul Ricard nous a répondu que « c’est a priori possible… mais la zone (concernée, ndlr) est loin et la quantité relativement faible« . A titre de comparaison, le navire contient quinze fois plus de carburant qu’il y en avait dans les cales du TK Bremen, pétrolier échoué cet été en Bretagne….

L’événement rappelle en tout cas un risque auquel est soumise la rade de Marseille de par son activité : la société Costa Croisières n’est pas la seule à proposer des séjours en mer, de nombreuses compagnies se partageant les départs des croisières (depuis la Joliette) et les escales. Soit un nombre conséquent de paquebots – véritables villes flottantes – qui transitent par ici chaque année.

La stupide « inchino » de Francesco Schettino, le commandant du Concordia – qui avait déjà tenté en décembre 2011 une manoeuvre dangereuse dans la rade de Marseille – aurait pu y avoir de lourdes conséquences. D’ailleurs Benjamin Durand, directeur par intérim du GIP des Calanques insiste sur le fait que « le futur parc national est soumis à un double risque : le trafic des ferries associé aux méga-bateaux de croisières et le trafic de marchandises, de matières dangereuses à destination de Fos ». Quoiqu’il en soit, il y aura, y compris à Marseille, un avant et un après Costa Concordia…