Quand la Sncm navigue entre Charybde et Scylla
Tout un symbole. Alors que Thierry Mariani le ministre des transports déjeunait « en privé » en haut de la tour Zaha Hadid, à l’invitation de Jacques Saadé, PDG et actionnaire de la CMA CGM, Marc Dufour le patron de la SNCM tenait aussi hier midi une conférence de presse dans la très surannée salle du conseil de l’autre armateur marseillais. Si la vue et la déco ne sont pas exactement les mêmes, la très difficile situation économique de ces deux très grandes entreprises marseillaises poussent leurs libéraux patrons à appeler l’Etat à la rescousse.
Entre la langouste et le dessert, Saadé a de nouveau demandé à Mariani, après une négo ratée l’an dernier, que le FSI (fonds stratégique d’investissement, le fonds souverain de l’Etat français) prenne une participation dans la CMA en y apportant au passage un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout de cash. Le 3e armateur mondial va perdre de l’argent cette année et le milieu maritime et financier, toujours bon camarade, explique un peu partout que son récent accord avec MSC est plus une opération de communication destinée à (essayer) de calmer ses banquiers, à qui il doit toujours dans les 5 milliards de dollars, qu’une véritable opération stratégique.
Le dossier CMA est donc de nouveau sur la table du FSI. Mais échaudé par la dernière négo qui s’était plutôt mal passée avec Jacques Saadé – qui n’a pas l’habitude de rendre des comptes, surtout à de trentenaires énarques qui n’ont jamais mis les pieds sur un 18 000 EVP – pas sûr que cela aille bien loin. Ou alors ce sera cette fois aux conditions du FSI. Mariani après ce déjeuner dans les étoiles est donc reparti à Paris avec un lourd container.
Pendant ce temps, lourde ambiance à une station de tram de là, au siège de la SNCM, où après avoir passé plusieurs heures en comité d’entreprise, le PDG Marc Dufour avait convoqué la presse. Dufour, lui, ne reçoit pas au sommet d’un skyscraper, mais ça n’a pas empêché le ciel de lui tomber sur la tête. Si il a essayé de faire bonne figure, l’agitation de ses churchs sous la table et la tête des très, très mauvais jours de son staff soulignaient que l’heure était grave pour l’armateur du boulevard des Dames. En quelques semaines, il est allé de Charybde en Scylla.
Contrat annulé
Premier « Exocet » le 7 novembre dernier avec la décision de la cour d’appel du tribunal administratif de Marseille qui a annulé la délégation de service public (DSP) qui le lie à l’assemblée territoriale corse. Un contrat qui pèse pour Dufour 2/3 de son chiffre d’affaires, et qui devait courir jusqu’à fin 2013. Depuis des années, son concurrent Corsica Ferries se livre à une blitzkrieg juridique en trainant la SNCM devant tous les tribunaux de France et du Luxembourg, et cette fois ce sont les jaunes qui ont gagné.
Les juges marseillais ont demandé à l’Office du transport Corse (OTC) qui gère cette DSP d’en organiser une nouvelle d’ici septembre prochain. Pour Dufour les délais sont trop courts. Même chose pour Paul-Marie Bartoli, le président de l’OTC pour qui il va « être très difficile de tenir ce délai » comme il l’avait expliqué à l’époque au Figaro. Mais pour Pierre Mattei, la patron de la Corsica Ferries, que nous avons joint hier soir par téléphone il est hors de question de repousser cet appel d’offre : « il faut que les décisions des juges du tribunal administratif de Marseille s’appliquent, un point c’est tout. On connait tout des éléments de la DSP, c’est tout à fait possible de l’organiser pour septembre 2012« .
Batailles judiriques
Encore de nouvelles batailles juridiques en perspective. Dans ce business de fou, entre la Corse et le continent où il y a 9 millions de place pour 3 millions de passagers, où l’argent public coule à flot, où les règles du jeu sociales, notamment, ne sont pas les mêmes entre les jaune de la Corsica et les bleu et blanc de la SNCM, les seuls à gagner de l’argent sont les avocats des deux compagnies.
Et ce n’est sans doute pas fini car d’autres jugement sont attendus dans les prochains mois dont un qui pourrait annuler carrément la recapitalisation réalisée en 2005 par l’Etat français, alors actionnaire de la SNCM, avant sa privatisation. Une instabilité juridique où d’ailleurs les décisions françaises et européennes sont parfois contradictoires. « Il ne peut pas y avoir une vérité différente à Bruxelles, à Paris ou à Marseille » indiquait hier, dépité, Marc Dufour en commentant ces récentes décisions de justice. Mais bon le pire n’est jamais certain. Ce qui l’est en revanche c’est que quelle que soit la date de lancement de la prochaine DSP, rien ne sera plus comme avant.
Nouvelle donne
La nouvelle DSP sera d’abord moins généreuse, notamment en supprimant la clause de sauvegarde qui permet par exemple aujourd’hui à la SNCM de facturer à l’OTC une partie des augmentations des prix du carburant, ce que les juges de la cour d’appel du tribunal administratif de Marseille ont d’ailleurs aussi retoqué. La nouvelle DSP devrait également plutôt privilégier les navires mixtes, les ropax, qui peuvent transporter à la fois du fret et des passagers, plus faciles à rentabiliser toute l’année. Avec une politique plus dans l’esprit de « la continuité territoriale » qui justifie cette DSP, qui veut que l’argent public serve à subventionner plutôt les marchandises importées ou exportées par la Corse que les passagers, et surtout les touristes.
Autre économie, l’aide sociale. Car cette récente victoire de Corsica Ferries à Marseille pourrait aussi ressembler un peu à une victoire à la Pyrrhus : cette autre subvention que touche principalement le concurrent de la SNCM pourrait lui être supprimée. C’est en tout cas ce qu’avait annoncé Paul-Marie Bartoli, au lendemain de la décision du tribunal marseillais qui l’avait bien énervé. Compliqué pour la Corsica de jouer aussi sur tous les tableaux. Pour la prochaine DSP, les cartes seront donc largement rebattues.
Pour rester dans la course et essayer de remporter de nouveau cette DSP, Marc Dufour souhaite donc transformer sa flotte principalement composée aujourd’hui de ferries et passer en tout ropax. Un investissement budgétaire de 700 millions d’euros, qu’il a présenté dans un silence poli il y a quelques semaines lors du dernier conseil de surveillance de son actionnaire majoritaire, Veolia, qui possède 66% de la compagnie aux côtés de l’Etat (25%) et les salariés (9%).
Veolia out
Et pour cause : après l’annulation de la DSP, c’est le deuxième missile sol-air. Car quelques mois seulement après avoir annoncé la création de Véolia-Transdev, le leader mondial des services aux collectivités a indiqué mardi dernier, à la surprise générale
, qu’il quittait son métier du transport, laissant seul au volant de ses compagnies de tram, de trains, de navettes fluviales et autres bus, son récent associé dans cette filiale commune à 50/50, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). En pleine tourmente boursière et financière, très endetté, Veolia Environnement n’a plus les moyens de financer tous ses métiers de l’eau, de l’énergie, de l’environnement et des transports.
Et ce dernier métier étant le plus gourmand en cash (il faut construire des métros, des trains, des trams, acheter des bus, des bateaux…) Veolia explique ne plus arriver à le financer, compte-tenu de la tension sur les marchés, y compris avec la très riche Caisse des Dépots. Bye bye le transport, et du coup ciao à la SNCM, on passe la patate chaude à la CDC. Sentant sans doute le mistral monter, la plupart des Veolia boys avaient commencé ces derniers temps à quitter le boulevard des Dames pour rejoindre leur maison mère, et laisser les pleins pouvoirs à Marc Dufour.
Pas sûr que l’Etat se mouille
C’est donc un Marc Dufour bien seul qui va devoir affronter cette nouvelle tempête. Plus d’actionnaire, plus de DSP, bienvenue à bord. Il a donc essayé hier de rassurer la presse, tout autant qu’il s’est rassuré lui-même. Ce proche de François Bayrou – il est élu à Modem à la mairie de Montpellier – va d’abord essayer de gagner du temps : Veolia a fixé au 31 décembre 2013 la deadline d’une sortie définitive de Veolia-Transdev. Mais rien n’indique qu’ils ne le feront pas plus tôt. Ensuite jouer la Caisse des Dépots justement. Le rusé Marc Dufour a hier laissé entendre que la prestigieuse institution financière de la rue de Lille à Paris pourrait monter au capital de Veolia-Transdev. Et comme la CDC est un établissement public, cela reviendrait à renationaliser la SNCM. Même si quelques journalistes ont mordu à l’hameçon, cela nous semble être un scénario très improbable.
D’abord parce qu’il n’est pas dit que la CDC monte au capital au delà de ses 50%, dans la mesure où son mètier est d’être un investisseur financier, pas un opérateur industriel. Ce qu’était Véolia. Et surtout parce que, au moins pour la SNCM, on imagine mal l’Etat revenir à bord. Il suffit de regarder en ce moment la jurisprudence Seafrance, où la compagine maritime transmanche se bat pour ne pas couler. Malgré de fortes pressions des élus locaux derrière le projet de reprise des salariés via la CFDT, le fameux FSI, filiale de l’Etat et justement de la Caisse Des Dépots, n’a pas souhaité investir un euro, indiquant que Bruxelles ne l’accepterait pas. Pourquoi faire à Marseille ce qu’on a refusé à Dunkerque ? Si Seafrance sombre au fond de la Manche et les 880 emplois directs, sans compter la sous-traitance et les emplois indirects qui vont avec, ce sera à coup sûr un mauvais présage pour la SNCM.
La Méridionale comme bouée de sauvetage ?
Dufour doit donc trouver une autre bouée de sauvetage, il sait que cette fois l’Etat n’interviendra pas, il n’en a de toute façon plus les moyens. La solution peut passer par une société d’économie mixte, comme sur le modèle de l’aérien avec la CCM, dans laquelle l’assemblée territoriale Corse serait un des actionnaires et où la SNCM apporterait au moins une partie de ses bateaux et des ses marins. Les autres pouvant éventuellement être redéployés vers le Maghreb, si les environnements politiques locaux venaient à se stabiliser, Dufour lorgnant même une traversée au Maroc, depuis Sète.
Mais comme Air France est le partenaire de la CCM, il faut un opérateur industriel à cette SEM, et c’est surtout le nom de la Méridionale qui circule sur le Cours Napoléon. Cet autre armateur marseillais, filiale du discret groupe de transport STEF-TFE, est en effet à l’agachon sur ce dossier. Il est également présent sur l’actuelle DSP, associé avec la SNCM, et surtout il vient de commander un immense navire, le Piana, un ropax, qui devrait arriver dans les tous prochains jours dans les bassins du port de Marseille. Même si la Compagnie Méridionale de Navigation est en meilleure santé que sa voisine du boulevard des Dames, le très lourd investissement dans ce nouveau navire lui rend aussi vital de gagner une nouvelle DSP avec la Corse.
C’est silence radio pour la Méridionale sur le sujet. Paul Giaccobi, président exécutif de l’assemblée corse s’est déclaré en revanche favorable à cette société d’économie mixte, qu’a évoquée également Marc Dufour hier lors de sa conférence de presse. C’est le rêve du STC (Syndicats des travailleurs Corses), l’autre puissant syndicat de la SNCM avec la CGT, majoritaire, qui elle espère de son côté revenir dans le giron de l’Etat grâce à la Caisse des Dépots.
Une nouvelle partie de billard à 36 bandes vient donc de s’ouvrir. Et quelque soit la nouvelle DSP, il y aura moins de bateaux, et moins d’argent public vraisemblablement sur la table. La crise est là. Et donc un vrai risque social. Plus inquiétant pour Marseille, une partie de l’avenir de la SNCM va se jouer dans les prochaines semaines à Ajaccio, avec Paris qui, comme sur Seafrance fera tout pour ne pas s’en mêler. Hier en fin de conférence de presse, à la question de Paul Molga le correspondant local des Echos « quid si vous n’avez pas la DSP ?« , Marc Dufour a répondu cash « on disparait« . Tout est dit.
Disclaimer : pour la transparence que nous devons à nos lecteurs, Raj Médias, la société actionnaire de Marsactu a comme client la Sncm pour qui nous réalisons leur blog.
Commentaires
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Quelqu’un peut-il me dire ce que font la Caisse des dépôts, La poste, la SNCF et RATP Dev dans cette fondation, surtout quand on y trouve en première place un fabriquant d’armes, VEOLIA Transport un troupeau de banque avec entre autre Lazard frères un des plus gros actionnaire de la FED ?
http://www.french-american.org/adhesion/nos-membres.html
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CHRONIQUE D’UN NAUFRAGE ORGANISE… DE LONGUE DATE
Vous avez, presque, raison d’écrire : « (…) cette fois les jaunes qui ont gagné ». Vous auriez pu écrire : « pour une fois, les jaunes ont gagné ». Car cette « blitzkrieg juridique » n’avait quasiment vu que des défaites des « jaunes ». Mais voila, dans ce genre de guerre, une seule torpille suffit à vous couler, alors que personne ne tire sur les « jaunes », on se demande bien pourquoi. Nous allons tacher d’y répondre.
L’affaiblissement de la Délégation de Service Publique et le départ de Veolia, ressemblent aux derniers (avants derniers ?) actes d’une pièce écrite à l’avance.
LA DÉCISION DE LA COUR D’APPEL ADMINISTRATIVE DE MARSEILLE
Cette décision « habille » une autre décision prise, de longue date, dans les cabinets feutrés des ministères et des hauts fonctionnaires. Sans doute, il y a près de quarante ans, et oui.
Un des points de l’arrêt de la cour d’appel, est de déclarer inutile le financement public du« service complémentaire ». Autrement dit la justice administrative demande à l’assemblée de Corse de ne plus subventionner le service des car ferrys. Cela veut dire que pour la SNCM c’est, au minimum, la fin de huit cent (800) emplois. Ce n’est pas une surprise, c’est bien l’habillage juridique de quelque chose de connu depuis longtemps. Et que les responsable politiques -de tous bords- de la région PACA ne jouent pas les étonnés. Ce projet de disparition des ferrys était une demande récurrente d’une série d’articles publiés par feu le journal « LE PROVENÇAL ». Il y a plus de vingt ans, il y avait donc des journalistes qui savaient, parce que « on » leur avait dit. Ces « ont » venaient principalement du milieu politique des deux rives, en PACA et en Corse. Cherchez dans les archives du « PROVENÇAL ».
QUEL NAUFRAGE ?
Bien sur il faut bien employer des termes forts pour capter l’attention, mais dans le détail il faut expliquer le « naufrage » et le plan. Car il y a bien un plan. Dans les archives du quotidien marseillais (et son édition corse intitulée « La Corse »), vous lirez que déjà on dit que : « les ferrys coutent trop cher ».
LE PLAN
Résumons-le, tout de suite, en allant à la fin du film. Il s’agit de partager le marché Corse-continent de la façon suivante : le fret pour la Compagnie Méridionale de Navigation et les passagers pour la Corsica Ferries.
En supprimant le financement public des lignes de ferry, on enlève 30 millions d’euros à la SNCM et on offre 380 000 passagers (le nombre de personnes transportées l’été 2011 par la SNCM sur ses ferrys), majoritairement aux « jaunes ». Aucune compagnie ne peut résister à un tel séisme. Ceux qui font cela le savent. Il ne reste plus qu’à habiller ce naufrage organisé.
LA DERNIÈRE TORPILLE ?
« Organisé », pourquoi ? Si on regarde toutes les décisions antérieures, on voit qu’elles vont toutes dans la même direction. Dans un de vos articles, du 17 Février 2011, intitulé « Il faut imaginer Sisyphe heureux », vous écrivez que c’est « (…) l’histoire d’un marché qui marche sur la tête ». C’est vrai, mais ce marché a été organisé ainsi pour arriver au résultat décrit, ci-dessus.
LE CONTEXTE DE « CRISE »
Ce n’est pas par hasard si ce naufrage arrive maintenant. Il s’agit d’une des nombreuses décisions qui habillent la « crise » et qui la justifie. La majorité des entreprises « à statut » sont désignées comme « trop cher » et vouées au naufrage. La SNCM est de celles-ci.
L’EXEMPLE DE L’ AÉRIEN
Il se passe la même chose dans le domaine des transports aériens. Au moment où on (la presse) annonce « d’importantes suppressions d’emplois » à Air France, on continue à valoriser (la presse et des politiques) le modèle des compagnies low cost.
En Corse, il se passe la même chose avec l’aérien. Avec des nuances. L’assemblée de Corse a voté, le 15 Décembre, le principe d’une augmentation (+ 11 millions d’euros par an) des subventions du service public aérien, au moment même ou on prévoit une baisse de près de trente millions dans le maritime. Air France prend le chemin du désengagement de Corse. Il n’y a que les 45 « indignés » (45 CDD qui campent dans les aéroports pour réclamer un CDI) pour croire qu’ils vont être titularisés par Air France. Cette rallonge budgétaire, dans l’aérien, prépare deux choses : le désengagement de la compagnie nationale et son remplacement, sur certaines lignes, par la compagnie régionale Air Corsica. Nous parlons là des lignes nationales (Corse-continent). Les lignes avec les aéroports étrangers sont toujours aussi squelettiques et saisonnières. Elles sont assurée par des low cost… souvent subventionnés et pas si « low cost » que cela.
EXEMPLE DE FIGARI
L’aéroport de Figari, dans le sud de l’île, accueille la compagnie Ryanair, en haute saison, sur deux lignes avec Charleroi et Bergame. Un groupement « ad hoc » (hôteliers, CCI, municipalités…) subventionne le low cost qui, selon les sources, toucherait entre 300 et 400 000 euros, pour transporter….. quatre vint cinq milles passagers. Autant d’argent pour si peu de monde ! Pourtant là, personne ne dit « cela coute trop cher en subvention ». A qui profite ce système ? Pour le comprendre on peut regarder de documentaire réalisé par un journaliste, Enrico Porsia, sur le système Ryanair.
http://veritelowcost.com/index.php?option=com_k2&view=item&layout=item&id=7&Itemid=5
Des « ÉCONOMIES », POURQUOI FAIRE ?
Dans le maritime, c’est la même chose. Un low cost est encouragé. Là il y a silence des autorités, nationales et régionales. Les « jaunes », bien que subventionnés par l’assemblée de Corse, n’emploient que 150 personnes résidant dans l’île contre près de 800 pour la SNCM. Pourtant cette situations n’offusque personnes, ni les élus corses en général, ni les nationalistes pourtant toujours prompts à demander la « corsisation des emplois ». Pourquoi ce silence ? Parce que le naufrage de la SNCM et les économies qui vont avec, arrangent ceux qui sont à l’affut. Chacun espère ramasser des miettes du naufrage. Les hôteliers insulaires (qui rêvent d’une réaffectation des subventions en des prêts hôteliers très bas), Air Corsica (pour les raisons décrites ci-dessus), les « jaunes » pour sortir de leur spirale de pertes financières récurrentes.
Il n’y a pas que les politiques qui ne s’offusquent pas Il y a les autorités et la presse. Comment une société, sur un marché concurrentiel, peut-elle toucher des subventions publiques, alors que l’on ignore l’état exact de ses comptes qui se trouvent en Suisse. La holding de tête (LOZALI) n’est pas tenue de publier ses comptes, alors que les règlements européens obligent les sociétés à publier leurs comptes consolidés. Tiens, dans ce dossier Bruxelles ne fait pas preuve de curiosité, pas plus que l’ État français qui paye sans rien regarder. On peut voire également l’enquête du site amnistia. net sur ce dossier
http://www.amnistia.net/doss_pdf/dosmaritime-1.pdf
QUEL RÉSULTAT FINAL ?
Si on accepte le raisonnement des « nécessaires économies », on peut admettre que tout ce cynisme est justifié. Mais de quel résultat parle t-on ? In fine, il restera deux compagnies privées en situation de duopole, comme avant 1996. Les tarifs augmenterons (voir l’exemple sarde), des centaines d’emplois convenablement payés (chose rare en Corse) disparaitront. Tout ça pour un tel résultat ?
DU FAUX MONOPOLE PUBLIC AU DUR MONOPOLE PRIVE
Les compagnies se concentrent et les tarifs bondissent. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir l’exemple d’une autre île, la Sardaigne. La compagnie publique a été privatisée, elle est au bord du naufrage et les tarifs ont explosé. L’administration italienne enquête sur une entente illicite entre plusieurs compagnies sur les garifs à la hausse. Parmi ces compagnies qui ont augmenté leurs prix, on trouve la Moby Lines, la Corsica-Sardinia ferries, et le groupe de l’armateur napolitain Aponte, dont vous parlez dans votre article (accord avec la CMA)
Lisez l’enquête en cours effectuée par le service anti trust de l’ État italien :
http://www.informare.it/news/gennews/2011/20110852-indagine-Antitrust-sui-prezzi-traghettifr.asp
LA CMN, UNE COMPAGNIE RICHEMENT DISCRÈTE
La seule compagnie dont tout le monde (nationalistes, élus…) dise du bien c’est la Compagnie Méridionale de Navigations « bien gérée, taille humaine » (la presse), et surtout c’est une compagnie de… cargos mixtes. La formule qui devrait être finalement retenue pour être subventionnée, comme par hasard. Bien gérée, parlons en. C’est la seule qui fasse des bénéfices. Heureusement, pour seulement trois navires, elle touche plus de 23 Millions de subventions par an. Ce montant est supérieur à son bénéfice. Voila du bon capitalisme à la française.
Nous espérons avoir été assez clairs. Tout cela n’a pas été improvisé. Mais le bilan de ces « économies » revendiquées, risque de couter très très cher.
PS: Charybde et Scylla sont situés dans l’actuel détroit de Messine. Entre la Sicile et la Calabre, tout un symbole.
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LE PLAN… SUITE
La Méridionale, plus qu’une bouée de sauvetage
On peut estimer que, vue la forte personnalité de son principal dirigeant -le PDG de la maison mère, le groupe STEF TFE- la “bouée” est en fait la locomotive du plan. Car,c’est bien la Méridionale qui reprendrait les cargos de la SNCM en cas de confirmation du naufrage de cette dernière. Certains élus corses ont beau agiter la solution d’une Société d’Économie Mixte, tout le monde sait que la SEM ne peut se faire. La CMN veut les cargos de la SNCM, elle ne veut pas partager le gâteau aux sein d’une SEM qui serait une alliance public-privé (Assemblée de Corse et CMN). Non, la Méridionale veut tout le marché des cargos mixtes avec le fret. Un bémol, il n’est pas sur que l’appétit sans fin des jaunes lui permette de tenir longtemps. En effet comment peut on tenir face à une compagnie dont on ignore les comptes réels et le niveau de pertes et de dettes.
Voila comment on coule un concurrent en l’accusant de “surcompensation financière”, alors que l’on ne fait soi même des bénéfices que grâce aux subventions publiques que l’on reproche aux autres. Même méthode pour les “jaunes”. Vous allez dire que tout cela “ce sont des fables”, Sinon les autorités seraient intervenues. Pourtant tout cela est un secret de Polichinelle dont la SNCM est le pantin. Au final l’État aura instrumentalisé les nationalistes pour un résultat lamentable. Il y aura une grosse casse sociale, mais les “économies” réalisées sur le dos des chômeurs se perdront dans les sables de la petite (étroite) politique corse: Un peu à toi, un peu à moi et finalement pas grand chose à la notion de bien public; un concept absent de la sphère culturelle, politique et intellectuelle de l’île.
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Jardin,
Bonne analyse que je partage totalement, mais avec un petit bemol : la grevite aigue, les detournements voire les vols des salaries de la SNCM les ont totalement discredites.
On peut donc crier la verite dans le desert faute d’etre cru. C’est le cas ici.
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@Trésorier.
Vous avez raison pour l’attitude de certains syndicats, mais cela ne fait que renforcer mon analyse. Ces organisations principales (la CGT et le STC) pour ne pas les nommer, ont été instrumentalisées par ceux qui préparaient le plan dont je parle. Si l’État avait voulu transformer la SNCM en société performante, il n’aurait pas cédé aux demandes, souvent (mais pas toujours) exorbitantes de la CGT. Si le plan avait été de renforcer la compagnie, l’État n’aurait pas laissé faire le STC et ses demandes de “Corsisation des emplois”. Seulement voila, les “cranes d’œufs” qui gèrent ce dossier depuis les années 70 (date de la création conjointe de la SNCM et de “l’Enveloppe de Continuité Territoriale”) contrôlent parfaitement la situation. Recherchez un des Commissaires du Gouvernement qui ont participé aux Conseils d’Administration de la SNCM et demandez lui si il ne savait pas quelle était le cap fixé, de longue, très longue date. Alors, ils n’ont eu aucun mal à instrumentaliser ce que vous appelez, à juste titre la “grévite aigüe”. Ainsi il existerait des gens qui pensent les dossiers à plus de trente ans? Et bien la réponse est OUI. Regardez, les autres dossiers en cours: l’école (début du collège unique, 1975), audiovisuel ( éclatement de la BBC à la française 1975). On continue: gestion de la santé et des retraites…. C’est la même méthode et le pire c’est que ça marche. Enfin, façon de parler.
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Pour jardin, a un détail près que sans la CGT et sa lutte permanente de défense du service public de continuité territoriale l entreprise et ses salaries aurait disparue depuis une dizaine d années. C est toujours ceux qui ne font rien qui se posent en grands analystes!!!
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MTP13
La presse, conformiste, fera jouer à la CGT de la SNCM, le rôle qu’elle a fait jouer à la CFDT de SEA FRANCE. Que les syndicats portent une part de responsabilité ou non, n’intéresse pas les journalistes. Ils se contentent des réponses faciles. MTP13, vous défendez peut être le service public, mais ceux qui doivent l’organiser (L’État, les collectivités…)le coule. Ils vous feront porter le chapeau et vous verrez que la presse ne reprendra pas ce que vous appelez mes “grandes analyses”. Elles apparaitrons comme juste, mais trop tard.
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Plutôt qu’un long discours, lisez ou relisez. Édifiant.
http://stc.stools.net/Pagealain/dosmaritime-1.pdf
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DÉJÀ UN ACTIF DE VENDU
Au fait, savez vous que la vente du siège de la SNCM vient d’être acté?
Le lundi Mars, le président de l’Office des Transports de la Corse -OTC- a annoncé que le service public aérien coûtera “11 Millions de plus”. A la question où prenez vous l’argent? Il répond: dans les économies réalisées sur le service public maritime. Traduisez, dans les poches de la SNCM. Alors, on fait quoi? La guerre aux concurrents ou on vend les actifs?
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