Quand Michel Vauzelle fait son Montebourg

Quand Michel Vauzelle, le président PS du conseil régional, a pris connaissance hier des aimables propos de son camarade Jean-Noël Guérini à son égard (« l’attitude distante de la tête de liste vis-à-vis des militants« ) prononcés devant la commission Richard, et largement diffusés à la presse, cet aficionado a vu rouge. Et il s’est fendu à son tour d’une petite poésie, une ode à JNG, qu’il a également fait parvenir à quelques journalistes.

Pas de nom d’oiseau, ce n’est pas le genre de l’ancien porte-parole de Mitterrand, mais il appuie les accusations de Montebourg sur le boycott par JNG et ses troupes des meetings d’entre-deux tours lors des régionales de l’an dernier : « Je confirme ce que j’avais voulu jusqu’à présent ne réserver qu’au bureau national du Parti socialiste, concernant l’attitude destructrice pour la gauche de Jean-Noël Guérini dès le soir du premier tour des élections régionales. En effet, cette attitude visait et aurait pu provoquer la défaite de la gauche », écrit-il.

Et l’arlésien d’en remettre une petite couche au passage : « Jean-Noël Guérini a même, après ces élections, essayé de déstabiliser ma majorité ». Pas certain que Michel réinvite un jour JNG à la féria d’Arles. Où alors dans le tauril. L’ancien Garde des Sceaux conclut sa poésie, un brin mesquin : « La seule raison, me semble-t-il, qui a pu inspirer les propos de Jean-Noël Guérini, à mon égard, doit être le ressentiment qui peut être le sien du fait que j’ai obtenu à Marseille, alors qu’il s’agissait d’une élection triangulaire, 20 000 voix de plus que lui lors de sa candidature aux municipales ». Na, na,na.

Le plus drôle, si l’on ose dire, c’est que  JNG avait réussi à jibrayeliser Vauzelle en septembre dernier afin de se faire élire triomphalement à la tête de la Fédération du PS des Bouches-du-Rhône. Comme cette élection s’était faite en violation des statuts du PS, il valait mieux pour le raïs bucco-rodhanien que personne ne moufte. Pour calmer Vauzelle, qui depuis l’épisode des régionales passait son temps rue de Solférino à dire tout le bien qu’il pensait du résident du bateau bleu, JNG avait agité le drapeau rouge en menaçant de donner la circonscription du député Vauzelle à Hervé Schiavetti, le maire communiste d’Arles pour les législatives de 2012.

Et même si la règle du cumul des mandats que souhaite imposer Martine Aubry aux socialistes, doit l’obliger à choisir, Vauzelle ne veut pas lâcher  son poste de député. D’une part il ne sait pas très bien de quoi l’avenir de son conseil régional sera fait, notamment avec la réforme des collectivités locales de Sarko, et d’autre part, il n’est pas certain que Martine Aubry ne reculera pas de quelques années sa réforme. Devant la menace Guériniene, MV a donc jeté la rancune dans le Rhône. Et c’est bras dessus, bras dessous, en dansant une sévillane, que Vauzelle a fêté à l’automne dernier l’élection de son grand ami Jean-Nöel à la tête de la trosième fédération socialiste de France. Sous les yeux ébahis de François Lamy, le consigliere de la première secrétaire qui a dû  pourtant en voir d’autre,et qui était descendu de Paris pour l’occasion. Après tout ce qu’avait raconté Vauzelle sur Guérini depuis les régionales et les « affaires », la scène de la réconciliation était un peu cocasse.

Ceci dit en tant qu’ancien proche de Mitterrand, le président de la région reste un homme très respecté et très écouté à Solférino. Et JNG a sans doute commis une belle faute tactique en s’en prenant à Vauzelle, qui est allé récupérer la rancune qui s’était égarée dans le delta du Rhône, et s’est donc fendu hier soir de sa petite missive. Ajoutée aux accusations portées à son directeur de cabinet, de quoi faire mauvais effet pour JNG auprès d’Alain Richard et de ses commissaires.

La réaction de Michel Vauzelle :