Cinéma et tourisme en Provence : un cocktail gagnant ?

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le 28 Avr 2011
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«Etre dans le cinéma, c’est être dans le business, fabriquer, vendre, gagner des sous. Faire un film est un art !» Ce paradoxe qu’évoque Claude Chabrol n’a pas échappé à la région Paca. Elle qui occupe une place importante de ce business – c’est la deuxième région de France en terme de tournage – se demande comment le rendre encore plus juteux, tout en conservant son aura artistique.

C’est en tout cas ce qui ressort de la conférence sur l’étude des retombées économiques et touristiques des tournages audiovisuels et cinématographiques en Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui s’est tenue mercredi. Organisée par la Région (représentée par Patrick Mennucci, vice-président délégué à la culture, au patrimoine culturel et au tourisme), la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence et Atout France (Agence de développement touristique de la France), elle a mis en lumière l’importance de l’industrie du cinéma pour le territoire.

La région entend donc renforcer ce lien qui la lie aux septième et huitième arts, histoire de mettre un peu plus de beurre dans les épinards : pour un euro public investi dans une fiction télé ce sont 17,47 euros de récupérés selon l’étude menée par les cabinets IDATE/Hexacom, PV2D et Euroêka Marketing Conseil. Elles représentent même le meilleur investissement car, à elles seules, elles génèrent 63,9% des retombées économiques totales alors qu’elles ne bénéficient que d’un tiers des crédits accordés par la région. Dans le même temps la catégorie « long métrage » avale près de la moitié des aides pour « seulement » 26,5% des retombées directes globales.

Made in Marseille ?

Ce qui s’explique de la manière suivante : lors du tournage d’un film, la production arrive souvent avec sa propre équipe et la post-production se déroule en région parisienne. Mais aussi peut-être car les scènes d’intérieur ne sont pas tournées ici, faute de lieux de tournage. Il y a déjà quelques années, ce problème avait été soulevé. Les studios de la Belle de mai, créés en 2004 – utilisés quasi exclusivement pour la série « Plus belle la vie » – ne semblent pas l’avoir réglé. Loin derrière se situent les documentaires et courts métrages bien moins rentables (7,5% et 2,1% des retombées économiques directes totales pour 16,7% et 8,3% de crédits).

La raison de ces chiffres pour les fictions TV ? Les séries télévisées privilégient elles un personnel local en ce qui concerne les décors, les costumes, le transport, l’hébergement et la restauration. L’exemple auquel tout le monde pense en premier c’est bien évidemment le soap à la sauce marseillaise « Plus belle la vie ». La série emploie de nombreux techniciens locaux durant toute l’année.

Mais ce n’est pas la seule, il y a aussi la série « Camping Paradis » qui a choisi de prendre comme lieu de tournage un camping situé à Martigues. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la région y gagne. « Par épisode, on dépense de 150 000 à 200 000 € en techniciens, hébergement et recours aux artisans locaux. Il y a un intérêt d’image et d’économie pour la mairie« , confiait Bernard Paccalet de JLA Productions au site de La Provence.

Une question de mesure

A partir de ce constat, il apparaît évident que ce filon est à creuser. Alors au fil de la conférence surgit l’idée de créer une synergie cinéma-tourisme. « La puissance de l’image est capable de créer de la désidérabilité pour certains territoires », s’emporte quelque peu Emmanuel Duval, chef de service Activités et Filières d’Atout France. Un outil donc, capable de mettre en valeur des sites au potentiel pas encore totalement exploité.  » « Bienvenue chez les Ch’tis » c’est l’archétype de l’impact que peuvent avoir les tournages sur la fréquentation touristique des sites. »

Mais le cinéma ne se mesurant pas aux retombées dues à l’embauche du personnel local pour les les décors, les costumes, le transport, etc. ; ni même au nombre d’entrées en salle ou à une audience télévisée, attention avec cette étude en main à ne pas oublier que Pagnol, dont l’étude montre la « rémanence », n’est pas né d’un simple calcul économique…

Un lien Le dossier de présentation de l’étude et les préconisations

Un lien La maison des Cinématographies de La Méditerranée – situé dans le château de la Buzine, « Le château de ma mère » de Pagnol – ouvrira ses portes le 13 mai

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Commentaires

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  1. Marcel P Marcel P

    “lors du tournage d’un film, la production arrive souvent avec sa propre équipe et la post-production se déroule en région parisienne. Mais aussi peut-être car les scènes d’intérieur ne sont pas tournées ici, faute de lieux de tournage” :
    Est-ce qu’ils ont annoncé des idées pour combler ces manques ? Pourrait-on construire plus de studios ? Et développer une filière post-prod pour commencer ?
    Lorsqu’on est 2e, l’objectif n’est-il pas de devenir premier ?

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  2. liseron duveteux liseron duveteux

    Arnaud entre nous, ça ne vous fait pas rigoler ce genre d’étude?
    Heureusement la fin de votre commentaire remet les choses un peu en place.
    On arrive à calculer les retombées touristiques d’une série télé?
    La région ne serait pas en train de nous faire son cinéma?
    C’est quoi qui attire les tournages,la région,ou les subventions?
    Il est bien certain que lorsque l’on voit l’énormité du budjet du moindre tournage,les cachets de certains comédiens,il doit bien y avoir des retombées quelque part.

    Pour 1 euro public investit,17,47 euros de recupérés,c’est pas les 17 euros qui sont gênants,mais les 47 centimes d’euros…
    C’est pas du cinéma,c’est le casino de Monte-Carlo…
    Mais au fait ils sont recupérés par qui?

    Comment une activité aussi lucrative,peut-elle obtenir des subventions?
    Pagnol doit s’en retourner dans sa tombe.

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  3. tomtom tomtom

    Cela me rappelle Mme Venturini l’ex patronne du New York café et adjointe au maire de marseille sous l’ancienne mandature…

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  4. chris chris

    Je ne me demande pourquoi on essaie pas de convaincre des grandes majors du cinéma d’implanter des studios à Marseille, d’autant qu’à en croire de récents articles de presse y-a une pénurie de studio en Europe. La démarche a été entreprise par Toulouse et semble avoir porté ses fruits (Cf liens ci-dessous) avec 6 000 emplois à la clef. Cela nous rappelle une nouvelle fois qu’avec de bonnes idées et du volontarisme politique on peut faire beaucoup. Il est juste regrettable que nous n’ayons pas su capitaliser sur notre tradition de tournages cinématographiques depuis Marcel Pagnol et l’excellente image de la Provence auprès des américains, la proximité de Rivera, pour être à l’initiative d’un tel projet porteur d’emplois et d’une attractivité internationale supplémentaire.
    Encore une occasion manquée ?

    http://www.europe1.fr/Cinema/Bientot-un-Hollywood-sur-Garonne-576891/

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