Grève marathon à la RTM sur fond d'élections professionnelles
Aujourd’hui quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit. Si les manifestations contre la réforme des retraites ont renvoyé la petite phrase provocatrice de Nicolas Sarkozy au rang de fanfaronnade, ce qui a lieu depuis une semaine à Marseille s’en approche. Tous les jours, la RTM annonce un trafic perturbé : un coup le matin, un coup l’après-midi, les bus fonctionnent au ralenti (pour jeudi en moyenne 55% mais moins d’1/5 pour treize lignes), avec des perturbations moindres pour le métro et le tramway (entre 70 et 100%).
Ca s’appelle une grève perlée, sauf que jamais il n’est précisé quand le chapelet s’arrête. La date existe pourtant : 30 juin pour le préavis de la CGT, qui a lancé le mouvement le 31 mars, et 15 avril pour Sud, qui l’a rejoint le lendemain. Une grève tournante de 55 minutes qui, par rapport à un arrêt complet soudain, « pénalise moins les usagers qui peuvent s’organiser », insiste Bernard Gargiolo, secrétaire général de la CGT RTM. 55 minutes en heures de pointe qui « entraînent une perturbation plus longue d’une heure et demie, deux heures, tout en étant peu coûteuse pour les grévistes », qui ne se voient retenir qu’une heure de salaire et non une demi-journée voire une journée, note toutefois Pierre Reboud, directeur de la RTM.
Accord et désaccords
Autre angle mort jusqu’à présent : la raison de ce mois de débrayages de deux heures. Elle est pourtant elle aussi nette : les conditions de rémunération autres que le salaires, principalement le montant des primes pour le travail du dimanche, du samedi et la nuit. « Nous avions déjà lancé cette demande à Noël, afin que ce qui se fait dans beaucoup d’entreprises en France comme les commerces qui ouvrent le dimanche s’applique à la RTM. La CGT nous suit maintenant et on aimerait que les autres syndicats fassent de même », indique Alain Vercellone, secrétaire d’exécution chez Sud. « La prime de dimanche est payée 50%, nous demandons 100% », confirme Bernard Gargiolo.
Pour CGT et Sud, les revalorisations de salaire de 2010 et 2011 dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire (NAO) – que les deux syndicats n’ont pas signées à l’inverse de la CFDT (majoritaire avec 28%), FO et la CGC – ne suffisent pas « par rapport à l’augmentation du coût de la vie : électricité, gaz, alimentation », glisse Alain Vercellone. Du côté de FO et de la direction, on met en avant le contenu obtenu dans la NAO : 2,25% sur 2 ans, des tickets restaurants, une prime d’intéressement à venir… « C’est une guerre de chiffres qui ne correspond pas à la réalité car ce sont des augmentations coupées en plusieurs phases. Si on étale sur l’année ça fait 0,4%« , rétorque Bernard Gargiolo.
Tenir sa signature
« A un moment donné, il y a d’une manière ou d’une autre une somme d’argent dégagée pour le personnel. Après les revendications peuvent êtres légitimes et c’est sûr qu’on peut rajouter des points. Mais quand on avance il faut le faire dans la cohérence, vis-à-vis des traminots et de la direction », commente Alain Requena, secrétaire général FO RTM, qui représente 22% du personnel et tient à « respecter sa signature ».
« Pour nous l’enjeu est de valider un mode de négociation sociale, de ne pas désavouer les gens qui ont mis une signature et qui sont majoritaires. A partir de là, l’intérêt est de ne pas revenir dessus à moins que les conditions économiques changent considérablement. Sinon autant en rester à un système ouvert où chacun navigue au radar », confirme Pierre Reboud.
Elections en vue
Qui ne semble donc pas prêt à lâcher quoi que ce soit. Après une période de discussion autour du préavis, « on est dans un round d’observation », explique-t-il. « C’est un marathon et la mobilisation monte de jour en jour », avance Bernard Gargiolo. Chez FO l’entrée dans le mouvement n’est en tout cas à l’ordre du jour, mais le syndicat dit en revanche « oui à une plate-forme commune à la rentrée, dans l’optique de 2012″ et regrette que CGT et Sud soient « partis seuls. Quand la CGT faisait 45%, contre 26% aujourd’hui, c’est eux qui menaient le mouvement. Mais alors qu’il n’y a actuellement pas une seule organisation qui se dégage, ils veulent faire comme avant… »
Une grève source « de divisions » qu’il met « sur le compte des élections professionnelles qui ont lieu fin mai ». Une analyse partagée par Pierre Reboud : « toutes les organisations se positionnent dans ce qui, sans être une campagne échevelée, reste une campagne électorale. Chacun essaie de montrer ses meilleurs côté, ici c’est le côté luttes ».
Une échéance qu’Alain Vercelonne ne nie pas, tout en assurant que « les traminots qui font grève, ce n’est pas pour une élection mais pour leur salaire. Et finalement, si on gagne tant mieux pour les élections, mais si on perd, c’est un va-tout. » Bernard Gargiolo renverse lui l’argument : « Ce sont les autres syndicats qui font des calculs politiques en ne voulant pas s’impliquer. L’argent il manque maintenant, moi j’écoute la base. » Si vous montez dans un bus à 7h30 jeudi matin, vous saurez en tout cas pour qui il roule…
Info trafic sur le site de la RTM
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