Marseille : luxe, calme et porte-monnaie sous la cathédrale de la Major
Les voûtes de la Major vont faire peau neuve pour 2013. La cathédrale, qui borde le front de mer marseillais, accueillera dans ses soubassements « plus de 5000 m2 de commerces de standing », se félicite Solange Biaggi (UMP), l’adjointe à la mairie chargée du dossier, qui a été bouclé ce lundi lors du conseil municipal. Un enthousiasme que ne partage pas Flora Boulay, conseillère municipale Verte, qui s’inquiète de « l’ampleur des projets en cours » : entre la Major, les Terrasses du Port, l’agrandissement du Centre Bourse, la rue de la République, le centre commercial du futur stade Vélodrome, le pôle de la Capelette, « ce sont en tout plus de 140 000 m2 en devenir ».
« C’est colossal, 4 fois plus que les immenses Halles de Paris. Sans compter l’existant : la rue Saint-Ferréol, Grand Littoral, Bonneveine, la Valentine et Plan de Campagne. Les risques de mauvaise concurrence sont réels. » Doutes que Solange Biaggi s’est appliquée à lever en affirmant que « dans le schéma d’urbanisme commercial que l’on a mis en place depuis 2001, il manque entre 100 et 150 000 m2 à Marseille. »
Economie locale ?
« Vous comptez sur les touristes », anticipait Flora Boulay, qui estime qu’ils « viennent à Marseille chercher du contact et de l’authenticité. Dans ces temples de la consommation, les Marseillais et les touristes vont retrouver les mêmes objets qu’aux quatre coins du monde. » Et de déplorer « que ces projets tiennent peu compte des Marseillais, des TPE et PME existantes (…) Nous aurions pu envisager de privilégier les produits locaux, les filières courtes, la qualité, vitrine de nos savoir-faire ».
Ce qui lui a valu une sortie tout en retenue de Guy Teissier, président d’Euroméditerranée : « Chacune des opérations qui sont conduite par Euroméditerranée, mais aussi toute notre ville de Marseille, vont vers la modernité. Et ce contrairement à ce que vient de nous dire notre collègue Verte, qui ne rêve semble-t-il que de vente de choux et de pommes de terre ainsi que de quelques macramés et autres colifichets ». De son côté, Solange Biaggi se veut rassurante : « C’est dans mon travail ça. Justement il y a une… comment ça s’appelle ça ? » Après quelques hésitations elle trouve le mot : une « charte » entre les Terrasses du Port et la Chambre des métiers « pour que les artisans trouvent des places dans ces commerces ».
La franchise de Wall Street
Pour le reste, le discours est familier. Guy Teissier loue les « efforts conjuqués de l’ensemble des acteurs qui ont pour objectif commun de promouvoir l’attractivité et le rayonnement de notre ville, pour le bien-être de tous ». Sauf que, bien au chaud dans les colonnes du Wall Street Journal, le discours des « acteurs » est plus tranché. Dans un article cité dans le « spécial Marseille » de Courrier International, on croise ainsi John Lutzius, directeur général du cabinet de conseil en investissement immobilier Green Street Advisors. Le journaliste le dit confiant dans le projet, mais « préoccupé par les faibles revenus de ses voisins immédiats ».
Celui-ci estime en effet que « l’environnement actuel ne possède ni l’atmosphère, ni le niveau de revenu, ni la population pour faire vivre un centre commercial haut de gamme ». Avec 10 000 euros annuels, on est en effet plus bas que la moyenne marseillaise d’environ 15 000 euros et à la moitié du revenu des riverains du centre commercial pas si chic de Bonneveine. Mais heureusement, à ceux qui penseraient que les promoteurs des Terrasses du Port ne rêvent du coup que de bouter hors du 2e arrondissement tous ces pauvres, Morgan Bone, porte-parole d’Hammerson, lâche au WSJ un terrible « ce projet ne repose pas sur les habitants de Marseille ». Mise-t-il alors plutôt sur les croisiéristes ?
Aspirateur à porte-monnaie
Même si »la démographie locale est en train de changer », reconnaît Morgan Bone. Il peut compter pour cela sur le repreneur des voûtes de la Major, la société LC2I. Celle-ci est dirigée par Eric Foillard, artisan de la réhabilitation de la rue de la République, très critiquée pour ses conséquences sociales. Et également promoteur des appartements de luxe de l’immeuble « Le Quai » non loin des futures Terrasses du Port. Ce qui le conduit régulièrement à endosser l’habit de pourfendeur de la passerelle du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), qui gâche la vue des Parisiens et Londoniens venus s’y installer.
Et surtout à rêver que le GPMM rende ses territoires à la ville pour qu’elle puisse accueillir des mega-yachts. Mais est-on au final si loin de la vision de la majorité municipale ? Pendant le conseil de ce lundi, Jean-Marc Coppola (Front de Gauche) lui reprochait de « n’avoir jamais rien fait pour développer l’activité portuaire. Vous voulez en faire un aspirateur à porte-monnaie de touristes. » Bien évidemment, Roland Blum, récemment auteur d’un rapport sur les ports, s’est récrié. Mais on ne peut s’empêcher de penser à ce bijou de sous-entendu signé vendredi dernier par l’adjointe au tourisme Dominique Vlasto dans un communiqué sur le port : « Bientôt, les bassins Est n’auront plus aucune activité : c’est pourquoi nous devons d’ores et déjà penser aux projets qui pourront les faire revivre. »
Passerelle du port de Marseille : un combat symbolique, sur Marsactu
Autre dossier chaud du conseil municipal : la foire d’empoigne fiscale, sur Marsactu
Commentaires
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« ce projet ne repose pas sur les habitants de Marseille »
Tout est dit… et c’est le dénominateur commun de tous les projets de la municipalité Gaudin. Valette, l’adjoint à l’urbanisme (ou un autre de l’équipe je ne sais plus) le disait il y a quelques années, l’objectif c’est de faire de Marseille une ville comme Cannes.
Ils sont en train de tuer les particularités de la ville (ça a déjà commencé, la rue de la République ressemble à toutes les rues commerçantes du monde avec ses mêmes franchises à base de café-soda et de vêtements suédois made in china) qui font son attractivité : une ville populaire et colorée en son centre, sans même avoir commencé le début d’une amélioration que l’on voit partout ailleurs : où sont les pistes cyclables, les larges trottoirs, les voies de bus? Tout est sclérosé par la bagnole et je ne parle même pas de la saleté.
C’est l’embourgeoisement à marche forcée, avec tous les problèmes qui persistent et la disparition de l’identité de la ville.
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Les marseillais atteints du complexe Monégasque sont en effet légion, hélas pour eux, ici pas de petit prince ni de riches mafieux russes, seulement un peuple de Marseille déshérité par la majorité UMP qui rêve, rêve, rêve encore de créer de la richesse en ouvrant des magasins de luxe…
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Quand certains auront compris qu’on aide pas les pauvres avec des pauvres … La mixité sociale marche dans les deux sens, et de toute façon, parier sur l’élasticité infinie de la chalandise est une erreur, et les investisseurs le savent. Tôt ou tard l’offre commerciale se réadapte au contexte local, en laissant plus de place à la proximité et aux commerces ” local” de qualité.
Mais on attire pas les investisseurs avec de la vente de santons et de cigales en argile!… pour un projets de renouvellement urbain de ce type, plus que nécessaire dans cette ville, il faut un minum de marketing territorial…Tout le monde en bénéficia par l’emploi et la dynamique d’attractivité.
Mais bon certains préfèrent comme toujours, crier à l’immobilisme…
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Des vigiles à l’entrée, des caisses enregistreuses à la sortie;
Des codes barres, des antivols;
Des objets hors d’atteintes, sous vitrines;
Des interdictions de fumer, des circuler en groupe, de stationner;
Impossibilité de s’assoir, pas de bancs, ou alors, c’est payant;
Le verre d’eau est payant;
A 12h, impossible de boire un café, les tables sont réservées à la restauration;
Des caméras de surveillance, des lumières criardes ou feutrées, des couleurs synthétiques;
De la musique doucereuse;
De beaux objets partout, hors de prix;
Et de la frustration, de la frustration, de la frustration…
Merci à nos élus marseillais de comprendre à ce point nos urgences!!
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C’est un excélent projet qui crée des emplois, donne une bonne image, fait touner la ville quoi qui a bien besoin,
marre des raleurs qui ne font que ralentir cette ville qui a tant besoin de ce type de projets
il manque des commerces, il manque de la vie nocturne, des musées,… ben en tout cas J4 joliette c’est plus que bien ce qui se passe en ce moment.
Ce quartier est métamorphosé
mais comme a l habitude des marseillais, tout le monde trouvait mieux ca me fait bien rire
embourgeoisement peu etre mais un peu de dignité dans cette ville qui en tant besoin
les rues sont sales, les gens jettent tout par terre, a part 2 rues en centre ville il n y a aucune autre offre commerciale
alors pour la 2 ième ville de france un grand oui pour les voutes
quand a ceux qui sont nostalgiques de la rue de la république avant faut vraiment qu’ils ouvrent les yeux et qu’ils aillent un peu plus loin que septemes
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En espérant qu’on n’oublie pas, au milieu de ces temples de la consommation, de créer du lien social, des cafés de proximité et autres lieux d’échanges et de discussion où l’on pourra venir parler ensemble de ce qu’on aura lu sur marsactu entre autres…
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Je travaille à Marseille depuis de nombreuses années.Mon sentiment sur cette ville, sa sociologie, ses pratiques rituelles, le clientélisme érigé en principe d’action par les politiques, les syndicats, les journalistes, le misérabilisme que cultive une partie de sa population et certains de ses élus, etc. ressurgissent à mes yeux grâce à cet article sur lequel je tombe par hasard. Il m’a conduit à consulter une bibliographie dans laquelle je découvre, bien camouflée sous une apparente objectivité, la haine du “riche”, la jalousie et l’envie devant la réussite de l’autre et sa propre stagnation dans la médiocrité dont on s’exonère par l’insinuation ou la dénonciation d’autant plus vigoureuse qu’on la sait infondée, bref les quelques réactions de lecteurs que je viens de lire me semblent caractéristiques des analyses superficielles et malhonnêtes qui “expliquent” Marseille depuis des lustres.
Expliquer le non-développement par les commerces de luxe sous les voutes de La Major ou par des postes à quai pour méga-yachts est un peu court. Ne peut-on parler de la sape systématique entreprise par des syndicats catégoriels de nantis qui en veulent “Toujours Plus”, fut-ce au détriment de leur propre avenir ou de celui de leurs enfants? De la crasse qui entretient l’incivisme, voie royale vers la paupérisation et l’inculture? Du climat visqueux dans lequel se complait une partie de la classe (sans lutte!) politique locale? De l’influence du foot sur le développement des neurones des enfants auxquels on laisse penser qu’il suffit de taper dans un ballon pour rouler en Ferrari?
Quelle différence y-a-t-il entre le climat, la géographie, les universités, etc. de Valence,
Barcelone, Gênes et Marseille.? Les nôtres seraient plutôt meilleurs. Et pourtant… Quand tous les armements auront quitté la Joliette, sauf les subventionnés remplis d’immigrants misérables, est-cela qui permettra le développement de notre ville? Les pauvres seront plus pauvres et les riches seront … partis
Alors, Monsieur Vinzent, puisque vous prétendez informer et expliquer, ouvrez toutes les pages de l’album: votre crédibilité y gagnera. Et votre honorabilité aussi.
Marcel Chambergeot
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Je ne vois pas en quoi le fait que Marseille s’embourgeoise est un problème.
Je rappelle que Karim Zéribi qui est de chez vous a dit que Marseille ne pouvait pas continuer comme ça, qu’il y avait trop de fonctionnaires, trop de pauvres, qu’il fallait inverser la donne. Il a bien raison !
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La phrase de Muselier sur les choux et pommes de terre m’a faite mourir de rire, et en même temps elle est révélatrice du mépris de certains élus UMP pour toute vision alternative aux projets bling-bling, eux qui sont si prompts à dénoncer la soit-disant “pensée unique” de la gauche.
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