L’association Accueil de jour, pilier de l’aide aux sans-abris, atterrit à la Belle-de-Mai
Après des mois de doutes sur son avenir, l'association Accueil de jour, structure majeure pour l'accompagnement des sans-abris à Marseille, a obtenu des réponses des collectivités. L'État et le département proposent un déménagement dans des locaux à la Belle-de-Mai ainsi qu'une aide financière.
L'accueil de jour Marceau. (Image Thibaut Barles)
Après des mois, voire des années à appeler à l’aide, les salariés de l’association Accueil de jour commençaient à ne plus y croire. Rassemblés mercredi matin devant le siège de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), où se tenait un comité de pilotage autour de la structure, ils qualifiaient la réunion de “cruciale”. “On est à deux mois de la cessation de paiement”, annonçait la déléguée du personnel Eva Mizzi. La structure compte 39 salariés et accompagne des centaines de sans-abris chaque jour. Un millier d’entre eux sont domiciliés au sein de son local place Marceau, à un jet de pierre de la porte d’Aix.
Soulagement à la sortie de la rencontre : l’État a proposé à l’association un plan d’attaque solide. “Des solutions concrètes et une avancée majeure”, salue Eva Mizzi. “Nous avons reçu une proposition pour des locaux situés boulevard Boues [dans le 3e, ndlr]. L’État s’est aussi engagé à donner un coup de pouce financier”. Les locaux en question sont ceux d’une ancienne maison départementale des solidarités de la Belle-de-mai, et sont actuellement confiés par le département aux bénévoles des Restos du cœur, qui l’utilisent aussi en tant qu’accueil de jour. “Nous allons devoir préparer une convention, et voir comment travailler avec les bénévoles”, ajoute Eva Mizzi.
“En accord avec les Restos du cœur, nous invitons fortement l’association à se joindre à ce scénario. Au vu de la situation, il y a un impératif de résultat rapide”, confirme Didier Mamis, directeur départemental de la DRDJSCS. “Ils vont travailler ensemble pour permettre le regroupement de leurs activités, qui sont identiques ou en tout cas proches. Cet accueil de jour était déjà très fréquenté et il n’était ouvert que trois matinées par semaine. Là, il le sera tous les jours.”
Avec les Restos, “du gagnant-gagnant”
Le lieu, de plus de 1000 mètres carrés, a justement connu des difficultés ces derniers mois, avec un départ de nombreux bénévoles, et vient à peine de rouvrir ses portes après une fermeture de près de trois mois. “Les Restos du cœur sont en effet contraints de reconstruire leurs équipes, cela rencontre aussi leurs intérêts, c’est du gagnant-gagnant”, estime Didier Mamis. Le personnel se fixe comme objectif de bâtir une convention avec leur nouveau partenaire d’ici à la fin octobre.
L’emplacement de la Belle-de-mai, n’est pas forcément celui dont rêvaient les salariés. “On perd notre localisation dans le centre-ville, reconnaît l’une d’entre eux. Il est très possible que les usagers des quartiers Sud n’arriveront plus jusqu’à nous, parce que c’est excentré et qu’il n’y a pas de métro”.
La proximité d’autres structures semblables, comme la boutique solidarité de la Fondation Abbé-Pierre interroge aussi, avec le risque de concentrer la population des sans-abris marseillais dans un secteur déjà très pauvre. “On fera avec. On est dans une telle situation qu’on n’a plus trop le choix, déclare Eva Mizzi. C’est mieux qu’une proposition dont on avait eu l’écho au fin fond du 15e arrondissement. Là, ce sont des locaux clés en mains, il y a un potentiel super intéressant”.
“Un timing très serré”
En quittant des locaux inadaptés et très onéreux, l’association Accueil de jour allège en tout cas fortement ses difficultés. “Avoir des locaux mis à disposition revient à une économie de 100 000 euros. Depuis 2013 l’association est déficitaire, il y a eu de mauvais calculs. Le local Marceau coûte une fortune alors qu’il est délabré”, rappelle, Eva Mizzi.
“Nous en avons discuté depuis plusieurs mois, la question des locaux c’est le point clé, ajoute Didier Mamis. Financièrement il y a aussi un cap à passer et l’État va accompagner cette démarche. On donnera un coup de pouce, qui n’est pas encore chiffré, pour que l’association reparte sur de bonnes bases.” Et de rappeler l’attachement des collectivités territoriales au travail de l’association dont il juge “la mission très importante à Marseille”.
L’Accueil de jour démarre donc un contre-la-montre pour construire en quelques semaines un nouveau projet. Le tout fortement encadré par l’État qui a posé un calendrier de rendez-vous pour préparer les nouvelles conventions afin d’engager “l’association dans un nouveau mode de fonctionnement”. Les salariés, mobilisés depuis plusieurs années déjà, se disent prêts à relever le défi. “L‘objectif c’est de continuer nos missions et le timing est très serré”, reconnaît Eva Mizzi. Au bout du tunnel, la perspective d’offrir enfin un lieu d’accueil digne pour les personnes en errance avant l’hiver.
Commentaires
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incapacité d’une gouvernance Restos qui a voulu arbitrairement reprendre la main sur une activité qui fonctionnait bien et qui devra partager avec une structure méritante qui génère bien plus d’activité.”que l’on soit puissant ou misérable”, les misérables reprennent souvent le dessus.
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Rusé et électoraliste ce choix !
1- les sans abris ne votent généralement pas .
2- pas de transports en commun dans ce quartier à l’abandon , à part quelques bus faméliques et bondés .
3- loin ….. bien loin…. des quartiers sud qui ne veulent pas de ces” gens là ” dans leurs rues .
4- un quart- monde de plus dans une Belle de Mai qui finalement doit bien le mériter !
5- Quartier cogéré par le duo infernal “Narducci – Biaggi ”
Voilà qui en dit long sur les intentions de la politique de la ville sur la pauvreté et la sécurité : créer des ghettos .
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Pourtant, il y a de la place dans les quartiers sud….
Et puis ca changerait un peu des constructions immondes, en bois ou colorées qu’infligent VinBouyEff au détriment de toute une ancienne architecture et d’une logique de quartier…. Tiens d’ailleurs, depuis peu il y a le commissariat du 8ème qui est dispo, bd Haïfa, proche des commerces, des écoles, et du musée Mac. On est pas contre, loin de là, mais nos zélus… Ah ! nos zélés zélus…. Rappelons-nous de l’énergique position de Moraine pour l’accueil de 70 migrants, il y a qqs temps.
La contrainte c’est que c’est un peu excentré mais c’est possible. L’UHU est bien à la Madrague.
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Je n’ai pas compris si l’accueil de Place Marceau va être maintenu ou s’il va plutôt disparaître… quelqu’un aurait plus des précisions? Merci
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Marceau et Consolat transférés au 34 Bb Boues
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Oui, si l’association Accueil de jour et la préfecture confirment ce scénario, ce sont toutes les activités de l’association qui déménageront à la Belle de mai, Bd Boues (l’accueil de jour Marceau, Consolat, les différents bureaux, etc).
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