Jean-Claude Gaudin démissionne de la présidence de la métropole d’Aix-Marseille

Le 18 avril, lors de la réunion publique des Chutes-Lavie.

La décision s’est mûrie pendant l’été. Jean-Claude Gaudin va démissionner de la présidence de la métropole, deux ans et demi après être devenu le premier président de l’intercommunalité fusionnée. Après avoir entretenu le flou depuis le début de l’année, il l’a annoncé à quelques proches et l’a officialisé ce mardi devant quelques élus, présidents de conseil de territoire et présidents de groupes politiques. Un courrier aux conseillers métropolitains détaille les raisons de ce choix, avant une conférence de presse ce mardi matin.

Après un départ riche en émotion du Sénat, non cumul des mandats oblige, Jean-Claude Gaudin entame donc la deuxième étape vers sa retraite politique. Il laisse de côté une institution toujours mouvementée par les oppositions politiques de principe, les plus vives critiques venant toujours du côté aixois de son propre camp. Depuis quelques mois, la lassitude le guettait. Le député Guy Teissier (LR), à qui il a confirmé sa démission, a souvent été dur avec la gestion Gaudin mais y voit surtout un problème institutionnel : “Sa démission ne changera pas grand chose : cette métropole est morte-née, coincée dans une double problématique, budgétaire et de fonctionnement dans le sens où elle annihile le pouvoir des maires”.

Martine Vassal à la métropole et au département

C’est à Martine Vassal que devrait incomber la tâche de donner un nouvel élan à l’institution. “Je suis persuadé [qu’elle] a toutes les qualités nécessaires pour présider la métropole et conduire en liaison avec le gouvernement et le parlement, les évolutions nécessaires”, affirme Jean-Claude Gaudin, qui lui apporte son “entier soutien”. L’élue s’est positionnée pour ce poste depuis de longs mois. Celle dont Gaudin ne voulait pas vraiment à la tête du département et dont il répète qu’elle réalise “un sans faute” depuis 2015 a pleinement profité de sa nouvelle place pour se rendre incontournable. Au département, elle a la main sur le carnet de chèques, selon l’expression consacrée : le bateau bleu subventionne nombre d’opérations dans les communes, dont Marseille. Et elle n’a pas hésité à menacer d’arrêter de signer pour mieux inciter Jean-Claude Gaudin au départ.

Cette position préférentielle lui a permis d’accumuler les soutiens. Dans son camp d’abord en adoptant un travail collégial au sein du département et en réussissant à soigner les uns et les autres en jouant des équilibres politiques. Mais cela va aussi au-delà. Le président de l’union des maires et édile de Mimet Georges Cristiani a créé avec son homologue de Trets Jean-Claude Féraud un parti pour la soutenir. La fête des amis de Martine Vassal réunit plusieurs milliers de personnes chaque année. On trouve parmi eux des soutiens politiques inattendus comme le maire d’Istres et président du conseil de territoire François Bernardini qui a depuis plusieurs années quitté le PS. De son côté, elle a multiplié les clins d’œil appuyés à la République en marche. En retour, François-Michel Lambert, le député gardannais de la majorité venu de la gauche, s’est dit favorable à ce qu’elle accède à la présidence de la métropole.

Lors de son élection comme première vice-présidente, Martine Vassal avait ainsi recueilli plus de voix que Jean-Claude Gaudin à la présidence. Ce rappel agace Jean-Claude Gaudin qui ne manque pas une occasion de souligner qu’elle n’avait personne face à elle. Mais, dans le même temps, elle avait également réussi à faire élire Henri Pons aux transports contre Robert Assante, présenté par Gaudin.

Une succession dans la continuité

Martine Vassal devra en repasser par une élection cette fois encore, tout comme les vice-présidences. Selon des proches, la tendance n’est pas à un grand renouvellement mais plutôt à une prise de relais. Le choix du premier vice-président sera alors particulièrement scruté si elle ne choisit pas de confier ce poste à Jean-Claude Gaudin lui-même.

Elle devrait en revanche opérer plus de changements en coulisses. De nouvelles têtes devraient arriver au cabinet de la présidence même si la logique devrait être celle d’une mutualisation avec les équipes du conseil départemental. Exit aussi Jean-Claude Gondard. Le directeur général des services historique de Jean-Claude Gaudin (au conseil régional puis à la mairie puis à la métropole) prépare déjà son retour à plein temps à l’hôtel de ville.

Cette équation marque une forme de changement dans la continuité que veut incarner Martine Vassal. Au moment où le gouvernement souhaite fusionner département et métropole, Martine Vassal aspire à garder la main sur les deux institutions. Cela ne fait pas l’unanimité dans son propre camp. Si Lionel Royer-Perreaut, président de l’office HLM du département 13 habitat, estime que “c’est un moyen rêvé pour montrer aux Arlésiens que la métropole est un atout pour leur territoire”, un autre élu de la majorité départementale est plus sceptique : “C’est très compliqué je crois d’être à la fois la présidente de 92 communes dans la métropole et d’aller voir les 29 autres avec la casquette de présidente du département”. Pour l’instant, la loi sur le non cumul des mandats n’est pas passée par là.