Les habitants de l’Estaque déposent une candidature pour réaménager le quai de la Lave
Ce jeudi soir, Marsactu sera en direct avec Radio Grenouille pour deux heures d'émission sur la thématique de l'accessibilité du littoral. En préambule à cet événement, Marsactu vous raconte l'histoire de ces habitants de l'Estaque, qui ont décidé de répondre à un appel d'offre pour le réaménagement du quai de la Lave.
Les quais de La Lave, vus depuis l'Espace Mistral. (Photo B.G.)
“Ce que nous voulons, c’est pouvoir marcher le long de la mer, de Saumaty à la plage de Corbières.” Le souhait est simple mais l’action qui en découle, beaucoup plus extraordinaire. Des habitants de l’Estaque, via la fédération des sept CIQ (comités d’intérêt de quartier) du 16e arrondissement mais aussi de plusieurs associations, ont décidé de répondre à l‘appel à projets du Grand port maritime de Marseille (GPMM) pour le réaménagement du quai de la Lave. Lancé cet hiver, cet appel à manifestation d’intérêt a vocation à “accompagner la mutation de la Parcelle “Lave 1″, située dans le secteur de l’Estaque, dans les Bassins Est du Grand Port Maritime de Marseille”. Soit 13 700 mètres carrés à quelques mètres du port de l’Estaque. Divisée en différentes parcelles ou cédée à un seul candidat, “l’emprise devra accueillir les activités suivantes : multi-activités liées à l’économie bleue, en particulier, les activités d’innovations technologiques, de formation et de recherche”, précise le GPMM. Pour les riverains, cet appel à projets sonne une nouvelle menace qui restreint une nouvelle fois l’accès au littoral.
“C’est toujours beau sur le papier, on nous parle patrimoine et environnement mais dans la réalité, ce sont toujours plus de nuisances et l’abandon progressif de tous les projets demandés par les riverains. Il y a un décalage de traitement entre le Sud et le Nord jusque sur la façade maritime”, déclarait dans La Marseillaise Charles Chanut, vice-président de l’association Cap au Nord, au moment de la publication de l’appel à projets. “Nous nous sommes donc réunis, avec les associations, les riverains… Nous étions très nombreux, démarre Marie-Blanche Chamoulaud, présidente de la fédération des sept CIQ du 16e arrondissement. On s’est alors demandés comment agir. Deux options s’offraient à nous : manifester ou, plus original, déposer un projet nous-mêmes. Nous avons choisi la deuxième option.”
Cheminement piéton et activités nautiques
C’est ainsi que les membres des associations Cap au Nord, Action environnement Estaque, du Syndicat d’initiatives et de la fédération des CIQ du 16e arrondissement se sont lancés dans l’élaboration d’un projet pour réaménager le quai de la Lave. Une initiative qui a le mérite de sortir de l’ordinaire, quand ce sont généralement les entreprises ou collectivités locales qui s’en saisissent. Et si cette candidature est avant tout symbolique, elle défend une prise de position forte pour le lieu.
Le dossier déposé le 31 mai dernier au GPMM comporte ainsi cinq propositions, la première étant celle d’un “cheminement piéton littoral” afin de “prolonger la promenade du parc Mistral tout le long du quai de la Lave dans le cadre du projet de liaison entre le village de l’Estaque et les plages de Corbières”, peut-on lire dans le document. La seconde proposition met en avant “les activités de sport nautiques” que les riverains veulent voir développés grâce notamment au “réaménagement de la mise à l’eau existante” ou à la construction d’un “musée de la mer”. Les riverains souhaitent aussi des espaces publics couverts (salle pour les familles et associations, toilettes) et des aires de loisirs pour enfants. Ils projettent également sur cet espace la création de “nouvelles activités liées à la mer et développer le tourisme dont l’Estaque est un atout de dimension locale, nationale et internationale.”
Pôle maritime associatif
“Nous savons que nous ne rentrons pas dans la logique du GPMM, mais nous tenons à faire connaître notre souhait”, pose Marie-Blanche Chamoulaud. Depuis plusieurs années, la Ville de Marseille semble pencher pour des aménagements semblables aux propositions des riverains (lire notre article sur l’étude réalisée par la Ville en 2016). “Nous n’avons pas encore vu en détails leur projet mais je dois les rencontrer pour en discuter, commente Didier Réault, adjoint au littoral à la mairie de Marseille. Cet espace doit être dévolu à l’activité liée à la mer, qu’elle soit économique, universitaire ou associative. Nous soutenons donc les projets qui vont en ce sens, et nous savons qu’il y en a plusieurs. On ne peut plus être dans quelque chose qui coupe l’accessibilité à la mer du public”.
Dans la même veine, un autre groupement d’associations a également déposé un dossier avec comme projet la création d’un pôle maritime associatif. Parmi ces dix associations, on trouve par exemple Goel’en, Dauri Voyage ou encore Vogue Massalia, qui œuvrent pour démocratiser la pratique de la voile. “Ces associations fédèrent leurs objets autour des questions d’accessibilité et de sensibilisation aux pratiques et aux milieux maritimes”, indiquent-elles dans leur candidature. Actuellement, ces structures sont basées au centre municipal de voile du Roucas Blanc. “Avec les aménagements des jeux olympiques, nous savons que nous allons devoir déménager. Cette candidature est pour nous une réelle occasion”, espère Jonathan Gerecht, membre de l’association Dauri.
“Le GPMM est maître de ses choix et on a des difficultés à influer sur ceux-ci”, reconnaît Didier Réault. Joint sur le sujet, le GPMM n’a pas pu répondre dans les temps impartis à l’écriture de cet article. Quant au choix du candidat retenu, il devrait être divulgué dans les prochaines semaines.
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