Les élections municipales commencent à s’approcher à Marseille (suite)
LES DROITES À MARSEILLE
Sans doute l’approche des élections municipales venant, mais aussi dans le champ plus général des recompositions politiques à Marseille, en partie caractérisée par la venue de J.-L. Mélenchon dans la ville et la montée des Insoumis en France, il est intéressant de se pencher sur la recomposition des droites dans la ville – car sans doute, à Marseille comme dans le reste de la France et dans d’autres pays, n’ya-t-il pas une seule droite, mais plusieurs.
René Rémond et les « trois droites »
L’historien et penseur du politique René Rémond a publié dans les années cinquante un livre important, sans cesse réédité et modifié au fil de l’actualité, La droite en France, réédité pour la dernière fois en 2005 sous le titre Les droites aujourd’hui. Selon rêne Rémond, il y a, en France, trois droites : la droite légitimiste, celle qui s’inscrit dans la culture issue de la monarchie, n’a plus de représentant en France, la droite orléaniste, engagée par Louis-Philippe, s’inscrit dans la culture libérale, et la droite autoritaire, figurée par le bonapartisme, se manifeste dans les courants comme le gaullisme (même s’il convient peut-être de distinguer le gaullisme et de Gaulle). Bien sûr, le livre est ancien et les partis et les mouvements de droite ne s’inscrivent plus pleinement dans ces courants, mais, si l’on s’interroge sur le temps long des identités politiques et sur les expressions qui figurent dans une culture inconsciente de la politique, l’évolution de ces trois courants peut nous permettre de mieux comprendre ce que représentent, aujourd’hui, les identités politiques de la droite.
C’est ainsi qu’après l’élection d’E. Macron, on se trouve sans doute dans une articulation entre une droite libérale, représentée par La République en Marche et la figure d’E. Macron, une droite autoritaire, représentée par le courant des Républicains maintenus, et une droite sans doute issue de la droite autoritaire populiste, celle du Front national et de Marine Le Pen. Dans un article récent du Monde, F. Fressoz distinguait, elle, une droite de gouvernement, celle d’É. Philippe, une droite d’opposition, celle de L. Wauquiez et une droite de dialogue, celle de G. Larcher, rejetant, ainsi, la droite de M. Le Pen dans le champ de ce que l’on appelle couramment « l’extrême droite ».
Les droites à Marseille
Ce que l’on peut appeler les événements qui m’ont incité à engager cette réflexion sur les identités politiques de droite à Marseille, c’est le conflit survenu entre R. Muselier et J.-C. Gaudin, qui a atteint une violence assez considérable dans les mots, et l’apparente approche de C. Castaner, anciennement député socialiste des Alpes de Haute-Provence, reconverti, en quelque sotte, dans le mouvement macroniste et devenu porte-parole du gouvernement. Comme souvent, les situations de crise suscitent la réflexion sur les identités et c’est le cas aujourd’hui – d’autant plus que, toujours à droite, la condamnation de D. Tian par le Tribunal de grande instance de Marseille réactive, en quelque sorte, ces recompositions des partis et des acteurs de droite dans les logiques électorales.
On pourrait ainsi retrouver à Marseille trois droites. La première est la droite libérale représentée par J.-C. Gaudin qui faisait auparavant partie de l’U.D.F. et du mouvement né autour de V. Giscard d’Estaing dans un engagement d’une partie de la droite autour de la critique de la puissance de l’État dans l’histoire économique et politique de la France et de la venue du libéralisme. Mais sans doute C. Castaner et le macronisme en cours de construction à Marseille s’inscrivent-ils dans cette orientation. La seconde droite est, justement, à Marseille celle qui est figurée par Renaud Muselier, président de la région, et par les Républicains. Il s’agit de cette droite qui s’engage dans une conception autoritaire de l’État et des pratiques de pouvoir. Reste la troisième droite, celle qui ne figure pas dans les approches classiques de la droite politique en France, celle de l’extrême droite et du populisme du Front national. Il est, d’ailleurs, intéressant, de relever que l’attitude de la droite vis-à-vis du Front national s’inscrit dans une forme de rejet, peut-être d’autant plus fort que de nombreux acteurs de la droite française se rapprochent de plus en plus du F.N. Le F.N. est sans doute présent à Marseille, ce qui s’était manifesté par la venue de J.-M. Le Pen dans la politique de la ville et il sera sans doute présent en particulier dans la confrontation électorale de 2020. À cet égard, sans doute peut-on inscrire cette évolution des droites à Marseille dans un déplacement de tous ses partis et de tous ses acteurs vers la droite, une partie du P.S. rejoignant le macronisme et la droite autoritaire se rapprochant de plus en plus du F.N.
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