Les dossiers chauds du conseil municipal du 16 octobre 2017
La barre limite des 300 rapports fixée par le maire n'est pas atteinte mais ce conseil municipal de rentrée s'annonce dense. Marsactu a sélectionné une dizaine de dossiers clés, dont un titanesque programme de reconstruction d'écoles.
Les négligences de l'ancien maire et de son directeur général des services ont été décortiquées par les gendarmes chargés de l'enquête. (Photo : BG)
Le dossier le plus chaud de ce conseil municipal ne figure pas à l’ordre du jour. Dès 7 h 15, les opposants au projet immobilier sur le boulevard de la Corderie sonneront trompettes, feront résonner casseroles et brandiront pancartes. Pour cette première séance depuis que Vinci a dû abandonner la reprise des travaux devant la défense acharnée des vestiges d’une carrière antique, la majorité municipale devrait trouver face à elle un large front politique. “Imaginez le désastre visuel quand les caméras vont filmer les pelleteuses en train de s’attaquer au site”, soulignait vendredi le socialiste Eugène Caselli, qui portera la charge pour le PS.
Dans ce dossier, même l’aval donné le 7 octobre au projet immobilier par la ministre de la Culture Françoise Nyssen, moyennant la conservation d’une parcelle de 635 m2, ne sera pas d’un grand appui pour la Ville. Elle lui a en effet demandé de travailler avec le promoteur “sur un cahier des charges qui permette trois choses : la visibilité du site, son accessibilité et la transmission”. Bref, de bâtir un projet culturel pour ce site, même amputé, ce qui n’était jusqu’alors pas prévu, sans parler du financement de sa mise en valeur et de son entretien… Mais avec plus de 280 rapports à l’ordre du jour, le maire ne devrait pas laisser traîner trop longtemps les débats. Voici quelques dossiers repérés par Marsactu, à picorer en complément de notre suivi en direct de la séance.
Un plan à 1 milliard pour les écoles
La délibération ne figure même pas dans les fiches synthétiques fournies à la presse. Pourtant, Jean-Claude Gaudin s’apprête à lancer l’un de ses plus grands chantiers avec un vaste plan de reconstruction d’écoles, totalisant environ 380 millions d’euros de travaux. L’enjeu était connu depuis longtemps, mais a été exacerbé par la polémique de l’hiver 2015/2016 sur l’état des écoles marseillaises : parmi son important patrimoine, la Ville compte 32 groupes scolaires dits GEEP, construits selon un modèle de préfabrication en vogue dans les années 1960. Ces établissements sont de plus en plus difficiles à entretenir et impossibles à adapter ou à mettre aux normes.
Démarrés officiellement en juillet 2016, les préparatifs de ce “plan Écoles” arrivent désormais au stade du montage juridique. Faut-il passer par une maîtrise d’ouvrage publique classique, avec des marchés publics pour chaque chantier ? Ou bien recourir à un partenariat public-privé (PPP), où un seul prestataire construit, finance et même entretient les bâtiments ? Appuyée par 204 pages d’annexes, la délibération répond “PPP”, confirmant une orientation qui transparaissait déjà dans les discours. Ou plutôt “triple PPP”, puisque l’ensemble sera découpé en trois vagues d’une dizaines d’écoles qui doivent être livrées en 2021, 2024 et 2025. En comptant le coût du financement et l’entretien sur 25 ans, le montant total des contrats approchera le milliard d’euros.
Parmi les arguments en faveur de ce montage déjà retenu pour le stade Vélodrome, outre l’avantage d’un interlocuteur unique, l’analyse insiste sur la complexité de l’opération puisqu’“il s’agit de réaliser, en même temps un nombre important d’équipements” et qu’elle “est soumise à une forte contrainte de calendrier”. “Cette situation de péril et d’urgence ne date pas d’hier et la majorité en est responsable”, a pointé vendredi le président du groupe socialiste Benoît Payan. Il s’étonne aussi de la possibilité ouverte à des projets mixant écoles, logements et commerces, rebaptisées “écoles McDo”. “Les terrains d’assiette de certains groupes scolaires permettent ainsi d’envisager une opération immobilière connexe à la réalisation du groupe scolaire”, explique en effet la délibération. L’impact sur les finances de la Ville sera de toute manière lourd à digérer puisqu’il devrait faire grimper la dette au-delà des 2,2 milliards d’euros.
Un loyer compétitif pour l’OM
Pour tenir ces prévisions financières, la Ville pourra-t-elle compter sur Franck McCourt et son “OM champions project” ? Le conseil municipal doit valider l’accord présenté en juillet autour du loyer du stade Vélodrome, dont la précédente mouture était jugée trop faible, même si la Cour des comptes est venue entre temps nuancer ce constat. Si le montant de base est rehaussé de 4 à 5 millions d’euros, la part variable dépendra des résultats économiques mais aussi sportifs du club.
En cas de qualification pour la Ligue des champions, la Ville peut espérer toucher au total entre 6,5 et 9 millions d’euros, le plafond absolu fixé par la convention. Si l’OM n’est présent qu’en Ligue Europa, comme cette saison, le loyer sera de 6 millions maximum. En cas de relégation en Ligue 2, il est même prévu de réduire de moitié la part fixe et de plafonner l’ensemble à 3 millions…
Le même document prévoit la possibilité pour le club d’effectuer jusqu’à 5 millions d’euros de travaux dans le stade dans les trois ans à venir, dont il pourra déduire 1 million sur le loyer. Le retour du projet d’un musée de l’OM est en revanche encore hypothétique puisqu’il est précisé que l’accord de l’exploitant du stade Arema est nécessaire pour “sortir” l’espace nécessaire du contrat de PPP conclu en 2010.
La protection par l’enfouissement pour l’oppidum de Verduron
Marseille, “le seul endroit [en France] où vous pouvez voir un village indigène”. Ce motif de fierté, cité par Dominique Garcia, le président l’institut national d’archéologie préventive dans une interview accordée à Marsactu, pourrait bientôt relever du passé. Reconnu comme un “site archéologique exceptionnel”, l’oppidum de Verduron (15e) se dégrade depuis des années, malgré le vote d’un programme de restauration et de mise en valeur en 2009, resté sans suite. Ce lundi, un nouveau projet est à l’ordre du jour, mais cette fois-ci, la municipalité devrait opter pour l’enfouissement, afin de préserver les vestiges. Plus de détails dans notre reportage.
Le dissident Maurice Di Nocera sanctionné
Depuis le 19 juin, deux jours après le second tour des élections législatives, Maurice Di Nocera n’était déjà plus délégué aux grands événements et aux grands équipements. Une sanction immédiate après sa candidature dissidente dans la 5e circonscription qui avait privé de second tour le patron de la majorité municipale Yves Moraine – Martine Vassal ayant fait de même au conseil départemental où il officiait aux sports. Ce lundi, l’élu UDI ne sera plus adjoint du tout. Comme le prévoit la loi, un vote devrait lui refuser le maintien de ce statut bancal d’adjoint sans délégation. Le président du groupe, Yves Moraine, a pris sur lui de répondre sobrement sur ce cas particulier. “Maurice Di Nocera a été exclu du groupe majoritaire, logiquement il a perdu ses délégations. Comme le statut d’adjoint donne lieu à un élection, le parallélisme des formes veut qu’un vote le démette de cette fonction”, expliquait-il lors du repas de presse préparatoire au conseil municipal.
Dans la foulée, deux autres adjointes perdront leur poste, en bonne intelligence cette fois-ci : Martine Vassal, qui avait renoncé il y a plus d’un an à son étrange mission de développer les “relations avec les collectivités”, et Marine Pustorino, élue récemment maire des 4e et 5e arrondissements. Jean-Claude Gaudin n’ayant pas décidé de les remplacer, son exécutif se limitera désormais à 28 membres.
Le Mémorial des déportations relancé
En contrebas du fort Saint-Jean, le mémorial des camps de la mort avait été fermé au moment des travaux du Mucem, ce qui devait être l’occasion d’une mise aux normes. En 2013, la Ville a intégré l’ancien bunker de l’armée allemande à sa réflexion sur la “voie historique”, qui relie le musée d’histoire au fort Saint-Jean. Elle avait alors demandé au musée d’histoire de plancher sur “la rédaction d’un nouveau projet scientifique et culturel portant sur la thématique de la déportation et aboutissant à la modification du nom de l’établissement en Mémorial des déportations”. Et puis plus rien.
Sans préciser quel débouché ont eu ces travaux, la délibération présentée ce lundi annonce que la municipalité “souhaite confier à un prestataire une étude de programmation apportant des réponses en termes de possibilité d’aménagement architectural et muséographique, de coûts et de délais d’exécution”, avec une enveloppe de 30 000 euros.
Un nouveau poisson dans le petit cercle des cinémas art et essai
Le conseil municipal va voter une subvention de 100 000 euros en soutien au projet d’un cinéma situé sur le cours Julien, à l’emplacement de l’ancien théâtre de conte La baleine qui dit vagues. Prévu pour ouvrir à la fin du premier semestre de 2018, le lieu comptera un salle unique avec 80 fauteuils ainsi qu’un espace pour des événements divers et un bar avec terrasse. C’est la société Shellac, à travers sa filiale Shellac exploitation, qui porte le projet. Elle gère depuis 2014 la programmation du Gyptis, l’une des deux seules salles d’art et essai à Marseille et compte prolonger l’expérience dans cette petite salle de centre-ville.
La délibération explique que la Baleine “renforcera le pôle cinématographique actuel et le complètera en accueillant les films les plus fragiles”. Selon les chiffres de la Ville, il faudrait une vingtaine d’écrans art et essai supplémentaires pour combler le déficit actuel. Seuls deux cinémas peuvent se vanter de posséder la fameuse étiquette aujourd’hui. Plus de détails sur ce projet dans notre article paru vendredi.
Un dernier coup de pouce des Terrasses du port
Sus aux devantures “dégradées” et “peu harmonieuses”. Le conseil municipal est appelé à valider le dispositif de rénovation des commerces financé par les Terrasses du port, mastodonte de la Joliette. 100 000 euros de subventions seront attribués en 2018 puis en 2019 par un comité technique, à raison de 8000 euros maximum par boutique.
Comme le détaille la délibération, cette somme rentre cependant dans le cadre de la “charte d’insertion” signée par Hammerson. Un budget de 2 millions d’euros sur les quatre années après l’ouverture, en 2014, était prévu, dont les rénovations de devantures feront partie, après le financement du spectacle de clôture de la capitale européenne de la culture en 2013, le spectacle d’ouverture de la biennale internationale des arts du cirque en 2015 et d’autres programmes d’animations de l’association des commerçants Marseille centre. Plus de détails dans notre article après la signature de l’accord le 27 septembre.
La halle Kleber enfin occupée
L’histoire a tout d’une mauvaise fable. Il y a sept ans, Euroméditerranée inaugurait un square en lieu et place de halles couvertes rue Kléber, quartier Saint-Lazare. Faute d’un gardien disposé à l’ouvrir et la fermer tous les soirs, les clefs ont été confiées au comité d’intérêt de quartier. Lequel ouvre le lieu plus qu’épisodiquement. La présence de deux écoles et d’une maison pour tous n’avaient rien changé à l’affaire.
Sept ans plus tard, la Ville vient de trouver un moyen d’ouvrir le lieu. Elle s’apprête à voter le principe d’une convention avec l’Education nationale et l’école primaire qui y fait face. Cette dernière pourra bénéficier de la halle et de la clef pour ses activités. Fallait y penser.
A nouveau la ville à rénover
Le conseil municipal doit examiner un dossier qui concerne une bonne partie de la ville pour les dix ans à venir. En effet, le dossier de préfiguration du nouveau plan de rénovation urbaine arrive sur les tablettes des élus. Trop épais pour en faire le résumé en quelques lignes, il devrait nourrir d’ardents débats notamment parmi les élus des quartiers Nord et ceux des quartiers voisins au centre-ville qui doivent accueillir les habitants, appelés à quitter leur quartier. Dans les 2e et 3e arrondissements, Lisette Narducci a déjà annoncé son intention de ne pas prendre part au vote sur ce dossier.
En annexe du rapport, le dossier de préfiguration laisse percevoir quelques tiraillements encore à régler entre les acteurs locaux -Ville et métropole- et l’Agence nationale de rénovation urbaine qui valide les projets. Ces interrogations concernent les copropriétés dégradées et leur articulation au NPNRU. Elles s’aiguisent encore à propos de la vaste zone baptisée centre-ville Grand port maritime de Marseille. L’agence appelle les acteurs locaux à mieux définir leurs objectifs et les outils pour enfin parvenir à rénover ces quartiers.
Commentaires
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Sur le PPP pour reconstruire des écoles publiques, si je comprends bien, l’argument c’est : c’est complexe, donc on le confie au privé. Comme assurer la définition et le contrôle d’une mission complexe, ce n’est pas moins complexe, ça augure bien de la capacité et/ou volonté de la Ville à être exigeante et vigilante vis-à-vis de son “partenaire” privé.
Ici, même la gestion de la collecte des ordures ménagères était trop “complexe” pour être assurée par les services publics. Finalement, comme gérer une ville de près d’un million d’habitants est effectivement “complexe”, on pourrait le confier directement à une entreprise privée. Certains diront que ce n’est pas loin d’être fait ?
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Oui pas loin. Incompétences et démissions publiques ont fait le travail… On peut dire que la ville est gérée par le privé d’une part et les syndicats (FO notamment) de l’autre. Cette gestion n’est naturellement pas officielle mais découle d’une carence, d’un incurie a contrôler et faire appliquer les règles d’une collectivité aussi bien dan la planification qu’au quotidien. C’est tellement “compliqué” depuis plus de vingt ans monsieur Gaudin.
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Figure iconique au sein d’un conseil municipal immunodépresseur, Gaudin a, une fois de plus, a fait preuve d’ipséité provoquant au passage des réactions ictériques d’une opposition immodérée, voire immorale. Rien de bien nouveau
(Alors, oui, je sais, ca ne fait en rien avancer le débat, mais cela pourra toujours enrichir notre dico des “i” qui est un peu tombé dans l’oubli ces derniers temps…. Faut savoir se détendre aussi !)
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Ahahah ! Je suis ilare.
(OK, j’ai triché)
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Merci LN pour ces beaux i.
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