Détournements de fonds au Sénat, “Jean-Claude Gaudin n’était pas parmi les plus disant”

Le journal en ligne Mediapart poursuit son enquête sur les détournements de fonds au sein du groupe UMP au Sénat, et publie ce vendredi une interview exclusive d’un des artisan du système aujourd’hui visé par la justice. Michel Talgorn, collaborateur du groupe UMP jusqu’en janvier 2015 et aujourd’hui mis en examen, confie à Mediapart les coulisses de ce système qui permettait aux sénateurs de récupérer pour eux des crédits normalement dédiés aux salaires de leurs collaborateurs.

Une fois de plus, le nom du maire de Marseille, président du groupe UMP au Sénat entre 2011 et 2014, revient dans la conversation. “Dans mon souvenir, Jean-Claude Gaudin n’était pas parmi les plus disant”, nuance celui qui était en charge de la distribution des sommes suspectes aux sénateurs, qui ajoute : “vous m’interrogez sur Falco ou Gaudin, issus des anciens UDF, et depuis deux ans on passe sous silence les anciens RPR !”. L’ancien collaborateur du groupe UMP ne nie en revanche pas que ces chèques et espèces étaient principalement utilisés à des fins politiques. “Tant qu’ils étaient en activité, et avant que la loi de 2014 n’encadre le financement des sénatoriales, les sénateurs avaient surtout le souci d’utiliser ces fonds-là pour leur campagne ou celle de leurs amis”, admet-il.

Interrogé en 2016 par Public Sénat sur le sujet alors que son nom apparaissait dans une note de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment du ministère des finances, Jean-Claude Gaudin avait évoqué de simples “frais de représentation”. “Quand j’ai quitté mes fonctions à l’automne 2014, le groupe a bien fait la radioscopie des comptes et m’a donné quitus”, assurait-il alors.