Pour l’État, le classement des vestiges de la Corderie n’empêche pas les travaux autour
Les premiers coups de pelle sur le site antique de la Corderie ont suscité la colère de riverains. Mais pour la Direction régionale des affaires culturelles, le début des travaux ne compromet pas la conservation ni le classement de la partie intéressante des vestiges.
Pour l’État, le classement des vestiges de la Corderie n’empêche pas les travaux autour
Ce mercredi matin, plusieurs riverains du septième arrondissement de Marseille sont tombés des nues. Une tractopelle débutait des travaux sur les vestiges antiques de la Corderie, qui font régulièrement la une des journaux depuis quelques semaines. À la fin du mois de juin, Marsactu avait certes révélé que l’État autorisait le projet immobilier prévu sur cette carrière antique. Cette annonce n’avait pas calmé la mobilisation d’habitants et de politiques refusant de voir disparaître ces témoins du passé sous un immeuble de standing. Une délégation, composée notamment de riverains et du député Jean-Luc Mélenchon, s’était alors rendue dans le bureau de la ministre de la culture pour lui soumettre leurs inquiétudes. Françoise Nyssen avait confirmé vouloir classer une partie des vestiges.
“La ministre nous avait dit que la partie à conserver serait définie à l’automne, comment peuvent-ils commencer les travaux avant ? On nous prend pour des imbéciles !”, s’est agacée Sandrine Rolengo, riveraine très active pour la préservation de ce site, dont les vestiges datent du Ve siècle avant Jésus-Christ. Une poignée d’habitants, accompagnée de militants de la France insoumise et de l’historien Jean-Noël Bévérini se sont donc retrouvés sur place ce mercredi et ont réussi à obtenir, affirment-ils, l’arrêt des travaux pour 48 heures de la part du promoteur Adim (filiale de Vinci).
La gauche monte au créneau
Dans la même journée, plusieurs voix politiques se sont élevées pour protester contre l’ouverture de ce chantier. “Cela fait quinze ans que je me bats pour fouiller et préserver ce site. C’est un vestige du quartier, de l’histoire de Marseille. Ça ne peut pas disparaître”, s’est insurgé Christian Pellicani, élu front de gauche du secteur, aussi habitant du quartier. “Malgré les annonces de classement d’une partie du site, se cachait en réalité un feu vert donné aux promoteurs qui se sont empressés d’envoyer les tractopelles et les engins de chantier pour détruire notre patrimoine historique”, a dénoncé le président du groupe socialiste à la mairie de Marseille Benoît Payan sur les réseaux sociaux.
🚧 Ce matin, les Marseillais ont réussi à retarder la destruction du site antique de la #corderie. https://t.co/zFZ1zI8udZ pic.twitter.com/L5NVuRfUIn
— Benoît Payan (@BenoitPayan) August 2, 2017
De son côté, Jean-Luc Mélenchon, élu de la quatrième circonscription voisine de celle où se trouve le site antique, a déclaré dans un communiqué : “Les pouvoirs publics, et notamment la DRAC, doivent impérativement veiller à ce que les engagements de la ministre soient respectés. La parole de l’État ne peut être violée par un groupe privé.”
“Rien ne va à l’encontre de la parole de la ministre”
Face à cette levée de boucliers politique et citoyenne, la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) a donc décidé de convoquer la presse en toute hâte dans ses locaux d’Aix-en-Provence pour tenter de “rassurer tout le monde”. “Ce que fait l’aménageur ne va pas du tout à l’encontre de la parole ministérielle, c’est même l’application physique de ce qu’a dit madame Nyssen, a indiqué Xavier Delestre, le chef du service archéologie de la DRAC PACA. Les travaux entrepris ne sont que des petits gestes techniques qui ne mettent pas en danger la zone à conserver”. Comment la partie à préserver a-t-elle été définie ? Le conservateur régional de l’archéologie est resté évasif sur ce point mais assure que le tracé de la zone qui a vocation à être classée [voir ci-dessous] a bien été défini par la DRAC et non par le promoteur. “Le reste a été documenté et n’a aucune valeur patrimoniale”, a-t-il justifié.
Carrière de la Corderie : voici dévoilé le projet immobilier rectifié et la zone (en vert) de sauvegarde partielle des vestiges. #Marseille pic.twitter.com/P6U3XhcfjY
— David Coquille (@DavidLaMars) August 2, 2017
Quoi qu’il en soit, la partie à conserver, qui représente 650 m² sur les 4000, ainsi que la servitude de passage promise par la ministre, ne compromettent pas les plans du projet immobilier. “Une chance” selon Xavier Delestre qui a également précisé ce qui était prévu pour les vestiges : “Ce sera donc un musée à ciel ouvert. Il va être intégré au projet immobilier puis entretenu par le propriétaire du terrain. Les vestiges vont être placés dans un écrin de verdure”. Ces vestiges devront rester accessibles à tous via un passage dans la résidence que le promoteur s’est engagé à laisser libre d’accès. Mais si la DRAC se félicite de cette collaboration avec Vinci, de leur côté, les riverains restent insatisfaits.
“On ne va rien lâcher, nous, on veut le classement de l’ensemble du site”, a réagi Sandrine Rolengo membre du collectif de riverains opposé au projet avant même les découvertes archéologiques. Il a lancé une nouvelle pétition dans laquelle il demande également le retrait du permis de construire et la visite du site par la ministre de la Culture. Sur le terrain, les Insoumis se sont mélangés aux riverains. “Il faut que toutes les parties soient ensembles, aient le même discours pour que l’on puisse avancer”, lance un militant à une habitante du quartier à l’entrée du site. Bertrand, un riverain, préfère relativiser. “Je ne suis pas satisfait et je préférerais qu’ils annulent tout. Mais les promoteurs ne voulaient tellement rien entendre que 650 mètres carrés, c’est déjà bien !”. Ce jeudi à 18 heures, les opposants au projet manifesteront de nouveau aux abords du site, à l’initiative du comité d’intérêt de quartier.
Je crois savoir que ce qui est sous ce site doit aussi être exploré, ce lieu a été probablement exploité avant le Vème siècle avant JC , donc les fouilles doivent continuer pour découvrir l’activité antérieure .
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Riverains, Front de Gauche, Insoumis, PS… Où sont les élu.e.s de droite, notamment celles et ceux du quartier ? En train de dîner aux chandelles avec le promoteur ? “M’en fouti”, comme dirait Jeang-Clôde ?
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Soirée “blanche” chez Tian… tellement plus classe quoâââ…
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Ce projet est un scandale depuis le départ, fait sur un terrain appartenant à la ville qui fut donné à vinci malgré l’opposition des riverains car cela a encore une fois disparaître ,une fois de plus ; un espace vert ouvert à tous pour un bloc de béton destiné à quelques privilégiés .
Tant que nous n’aurons pas à la mairie des vrais représentants soucieux des marsaillais et non de faire gagner du fric au copaings, les catastrophes comme cela ou la rue de la République continueront
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Tout à fait d’accord.
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Fort curieusement la zone sauvegardée s’arrête là où l’emprise de l’immeuble commence… Çà “tombe bien” que la partie ayant une valeur patrimoniale corresponde à ce schéma…
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