Dans la lutte contre les discriminations, le département annonce la couleur
Avec la création du Conseil d’orientation de lutte contre les discriminations, actée le 31 mars 2017, le conseil départemental cible les questions d'égalité hommes-femmes, de l'orientation sexuelle et du harcèlement scolaire. Des priorités qui excluent de fait les discriminations en raison de l'origine ou de l'apparence. Un choix qui interroge certains, souligné par une campagne de sensibilisation jugée maladroite.
La campagne contre les discriminations lancée par le département des Bouches-du-Rhône
Nous avons cherché à “choquer pour interpeller” explique Sylvie Carrega, déléguée à la lutte contre les discriminations du conseil départemental des Bouches-du-Rhône. Il est vrai que la campagne contre les discriminations #retironslesétiquettes menée par le département sur les réseaux sociaux et dans les couloirs du métro marseillais a le mérite de faire parler, mais pas toujours dans le sens espéré. Les réseaux sociaux ont rapidement relevé deux points de débat. Le premier est le choix de priorités du département qui cible les discriminations envers les femmes, les homosexuels, et à l’école plutôt que d’autres discriminations notamment liées à l’origine ethnique ou l’apparence physique. D’autres internautes soulignent que gays, femmes et élèves peuvent aussi être issus de la diversité. Or, les modèles choisis pour la campagne sont tous blancs.
#RetironsLesEtiquettes | Le Département dit STOP⛔ aux discriminations et lance le #COLD 👉 https://t.co/tq7ouBeVK3 pic.twitter.com/ToSmOCh65H
— Département des Bouches-du-Rhône (@departement13) June 28, 2017
Interpelée à ce sujet, Sylvie Carrega n’y voit pas le mal. “Il faut arrêter avec les stéréotypes de discrimination qui sont toujours les mêmes. C’est vrai que ça existe, on en parle depuis la nuit des temps. Le but c’était d’innover et de choquer un peu les gens. Il faut sortir de cette thématique de la discrimination raciale qui revient toujours.” Une thématique sciemment écartée donc de cette campagne départementale de sensibilisation qui précède la création du Conseil d’orientation pour la lutte contre les discriminations (COLD). Une campagne réalisée par le service communication du département.
“Un combat contre toutes les discriminations” qui n’en cible que trois
Marsactu vous le racontait en novembre, c’est dans la contestation que l’observatoire du droit des femmes a disparu du conseil départemental, et laissé sa place au COLD. L’enveloppe annuelle de 35 000 euros qui lui était attribuée est désormais dévolue à ce nouvel organe et revue à la baisse de 5 000 euros selon Sylvie Carrega. La volonté de Martine Vassal, présidente du département, est ainsi de “fournir des propositions concrètes suivant une feuille de route, témoin de notre volonté affirmée de livrer un combat contre les discriminations, toutes les discriminations”.
Mais dans les faits, comme l’annonce clairement la campagne en cours, le COLD ne travaillera que sur trois formes de discriminations parmi les 23 listées par le Défenseur des droits de la République. L’homophobie, le harcèlement scolaire et l’égalité hommes-femmes.
Le COLD au travail
Une cinquantaine d’associations travaillent donc sur les trois thématiques désignées lors d’ateliers avec le Conseil de Provence, organe consultatif du département. La présence permanente d’experts n’est pas posée comme une nécessité dans le rapport du conseil départemental du 31 mars 2017 sur la création du COLD. “Si le recours à un vivier d’experts n’est pas exclu, il est plutôt ici envisagé d’engager des actions concrètes.” La déléguée à la lutte contre les discriminations, Sylvie Carrega, annonce ainsi que “des projets concrets seront envisagés avant la fin de l’année à partir des propositions qui ressortiront d’ateliers thématiques.” Sans toutefois préciser sous quelle forme.
Là où les réseaux sociaux ont pointé du doigt l’absence, entre autres, de la question discriminatoire concernant les origines, certaines associations qui travaillent sur cette thématique s’interrogent. “Nous on s’occupe des questions liées au racisme, et on n’a pas été invités par le département, nous répond le directeur d’une association qu’il préfère ne pas nommer. On comprend qu’il ne faille pas dissoudre tous les combats en un, il vaut mieux cibler des axes précis pour que l’action soit efficace. Mais la discrimination liée aux origines est quand même importante dans les Bouches-du-Rhône. Sur quelle base ce choix a été fait ?”
“L’homosexualité et le harcèlement scolaire c’est d’actualité”
“On voulait conserver la question du droit des femmes. Pour celles de l’homosexualité et du harcèlement scolaire, c’était d’actualité, répond tout simplement Sylvie Carrega, la déléguée à ces questions au conseil départemental. Il y a 22 thèmes de discrimination, vous pensez bien qu’on pouvait pas toucher à tous. Sur les discriminations liées à l’origine, la préfecture fait un bon travail. On le soutient”.
Rachida Brahim est chercheuse au Laboratoire méditerranéen de sociologie. Elle s’intéresse au processus de construction et de reconnaissance des groupes ethniquement minorisés dans la France contemporaine. Pour elle, cette question est difficile à penser en France. “On a l’impression qu’il y a une hiérarchie parce que d’autres thèmes sont plus faciles à traiter, comme le genre par exemple. Notamment parce qu’on mesure facilement la discrimination envers les femmes, alors que les statistiques ethniques sont quasiment impossibles à obtenir.”
Des études existent pourtant, comme celle menée par le défenseur des droits de la République au niveau national en sollicitant les personnes qui se disent victimes de discriminations. Elle démontre par exemple que “loin d’être un phénomène isolé, les discriminations liées aux origines lors des recherches d’emploi ou de stage se produisent «souvent » ou « très souvent » pour plus de 60% des répondants”.
Commentaires
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Merci pour cet article très pertinent.
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Conseil d’Orienta
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erreur de manip. Conseil d’Orientation de Lutte contre Discrimination COLD. Jadis il y avait le 114 : vous appelez pour raconter ce que vous subissez après on vous convoque à la préfecture de votre ville service de la CODAC, on enregistre votre témoignage etc…. mais à quoi cela sert par la suite rien….le vide sidéral.
La mode est aux luttes contre les discrimination homosexuelles , les femmes et à l’école….Merci au département des Bouches du Rhône nous sommes rassurés. Pour ma part, j’ai gardé un goût amer de mes procédures et tentatives de reconnaissances de souffrances, injustices, menaces , discriminations que j’ai subi dans mon travail. Que pouvait faire un spécimen des quartiers Nord qui se battait contre un employeur ayant de bonnes connaissances et une certaine aisance financière entouré d’une cour de Conseils. Que dire, mon histoire est tellement ahurissante d’injustice à plusieurs niveaux que je ne crois plus à cela et encore moins à la soi disant justice. J’ai perdu mon temps, ma santé, mon argent et de surcroît condamnée par la justice . J’ai juste été reconnue invalide catégorie A et je perçois aux environs de 360€ mensuel que j’ai fini par demander depuis 1an alors que je n’avais pas perçu cette pension pendant des années parce que c’était demander la charité alors que je demandais la justice et la réparation de mon préjudice mais il n’en ai rien. Je n’avais pas l’ambition de devenir un poids pour la société mais malheureusement nous vivons dans une société pourrie et cela à tous les niveaux. Merci à Marsactu de pouvoir faire les commentaires sans les ignorer contrairement à d’autres sites d’actualité.
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Ces violences “ordinaires” sont à traiter également. Le harcèlement scolaire ou sur le web produit parfois des drames et souvent de la souffrance.
Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’occuper du racisme, évidemment.
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c’est un choix politique de la part du CD. de la part de Martine Vassal. de la part de LR. de ne pas évoquer les discriminations racistes et sociales.
toutes les discriminations doivent être dénoncées et traitées. Toutes.
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l’observatoire au droit des femmes n’a jamais bénéficié d’enveloppe budgétaire. Il était constitué d’un ensemble de bénévoles venant d’horizons professionnels multiples mais toutes et tous attaché-e-s à défendre les femmes et leurs droits.
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Dans des écoles abandonnées où l’on attend longtemps, longtemps que des travaux y soient réalisés pour y travailler dans la sérénité…
Dans le métro inaccessible aux personnes à mobilité réduite et aux femmes avec poussette et bébé…
Devant des policiers sur-armés toujours trop prompts à nous asphyxier et à en tabasser certains plus que d’autres…
Devant vos Directeurs (représentants du monde associatif à but non lucratif) qui vous disent : “avec ton caractère, tu finiras vieille fille” ou “la prochaine fois, je ne vous louperai pas”…
Dans une ville cosmopolite, traversée et retraversée par tant de communautés Nord-Sud-Est-Ouest…
En écoutant les vieilles blagues éculées sur les blondes et les pédés… (mot impolitiquement correct)
Trois visages vous regardent avec des post it sur le front…
ça me rappelle un jeu de société ! Non ?
Mais il manque des joueurs !
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