“La rhétorique « macroniste » pourrait s’attaquer à la mauvaise gestion et au clientélisme”
Michel Samson, journaliste et auteur de nombreuses publications sur Marseille, poursuit sa collaboration avec Marsactu en proposant une série d'entretiens avec des intellectuels sur le contexte politique local. Avec le sociologue Cesare Mattina, il tente de mettre en perspective l'usage à Marseille de deux éléments saillants du macronisme : approche gestionnaire et rhétorique de moralisation de la vie publique.
“La rhétorique « macroniste » pourrait s’attaquer à la mauvaise gestion et au clientélisme”
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J’aime beaucoup la dernière réponse, qui en quelques lignes “situe” très clairement Gaudin sur l’échiquier politique. Lui qui voudrait se montrer comme un démocrate-chrétien bon teint est bien plus à droite qu’on ne le pense. Bigoterie ordinaire, mépris des quartiers déshérités (quels transports, encore aujourd’hui, pour les quartiers nord ?), aucune autre compréhension de l’économie que celle de créer des machines à sous (casinos, grands événements, centres commerciaux), vivement que ça change!
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Un autre point que je trouve intéressant dans cette analyse c’est de référer (sur la critique des “mauvaises manières” de nos classes politiques méditerranéennes) le succès d’En Marche ! à une réaction de la société qui peut aussi bien se retrouver chez Syrisa que chez Podemos.
Bien entendu on trouvera une continuité plus grande les mouvements Grec et Espagnol avec la LFI en France. Mais qu’on l’exprime par le souci de justice sociale (avec une rhétorique néo-gauchiste) ou par le souci de bonne gestion (avec une rhétorique managériale), le raz-le-bol qui s’exprime reste le même : c’est la mauvaise gestion publique qui crée la rareté des ressources (emplois, appartements, places de crèche, subvention aux associations, etc.,) dont la gestion discrétionnaire par les politiciens locaux crée l’offre et la demande de relations clientélistes.
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Si on cherche un équivalent de EM au delà des Pyrénées ciudadanos semble beaucoup plus plausible que podemos.
Le premier est centristes avec comme thème le pragmatisme, l’unité espagnol et la moralisation de la vie politique. Tandis que le deuxième sorte de mixte de nuit debout et france insoumise porte un discours de gauche et de revendications sociales.
Enfin ce que je dis semble tellement évident qu’il est possible qu’un sens caché m’échappé.
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Encore un bel entretien, qui démontre bien d’une part qu’il est possible de penser le politique sans anathème et sans moralisme, et deuxièmement que le point de vue de la “longue durée” est très pertinent. Pour alimenter la discussion, je ferais deux réserves : d’abord je ne suis toujours pas convaincu lorsque cesare “persiste et signe” sur la singularité marseillaise en matière de gestion clientélisme. Ce pour une raison simple, c’est que nous ne disposons pas d’un ensemble étoffé et documenté de travaux de recherche en la matière, et encore moins sur la période considérée ! Quand nous sommes allés ( Samson et moi) à Lille discuter comparativement de sociologie de Lille et sociologie de Marseille, nous avons bien vu l’immense chantier que pourrait être un vrai travail comparatif sur ces villes qui ont par ailleurs plein de points communs, y compris la longue durée des réseaux PS ! Quand nous avons voulu comparer Marseille d’un point de vue socio-démographique, avec de simples données INSEE, on a fait apparaître que Marseille a plus de points communs avec la Seine Saint Denis qu’avec Toulouse, Lyon, Paris, etc…. Ou est le travail qui nous décriraient les mondes de gestion et de développement des communes de banlieue parisienne (Balkany ? Dassault ?) y compris ces communes longtemps fiefs du PC ! Je suis persuadé qu’on y verrait apparaître plein de mises en perspective possibles….
La seconde raison de mon scepticisme sur la singularité marseillaise tient encore à la dimension sociologique : comme le dit et le montre Cesare dans son bouquin, le clientélisme à Marseille y est d’abord une affaire de “couches moyennes”. J’ajouterai, des couches moyennes improductives ( ce n’est pas une insulte, juste une position dans les activités économiques d’une ville : ce sont des gens qui ne produisent ni ne font produire des richesses ou des marchandises) et rentières ( là encore pas d’insulte, on se calme : Marseille est une ville sociologiquement caractérisée par l’importance des petits propriétaires occupant leur logement). Cette caractéristique est largement partagée avec d’autres villes, en France et en Europe (au fait, je vous écrit de Palerme !). Le problème c’est bien la difficulté à donner consistance culturelle et sociale à ces “couches moyennes”, entre autre raison parce qu’elles s’auto-définissent les unes -fractions- contre les autres et le politique de ce point de vue est à Marseille un enjeu de “luttes de place” dans ces petits mondes : la gestion urbaine est dominée depuis Defferre par des “parvenus”, employés, petits cadres qui ont par le politique fait promotion sociale, contre les “technocrates” qu’on a vu arriver dans les années 50, et aujourd’hui les “créatifs”, sans parler des “entrepreneurs” qui sont aussi présents dans ces mondes, même minoritaires. Il serait très intéressant de relire une série de thèmes ( la dénonciation de la “mauvaise” gestion, le “vide culturel” de la ville, etc…) à la lumière de ces “luttes de fractions internes à la néo bourgeoisie qui, comme bloc, gouverne la ville depuis l’après guerre…..
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Merci pour ce complément archi-intéressant, et au passage je recommande à tout le monde votre petit livre de sociologie de Marseille 😉
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Un “gros article” sur Marseille dans le Guardian d’hier https://www.theguardian.com/cities/2017/jun/08/corrupt-dangerous-brutal-poor-marseille-future-france
Avec cette citation de Philippe Pujol sur le clientélisme et la médiocrité : “The idea is that nothing works. Because if nothing works, then you have to redo it.” This culture of “mediocrity” runs right up to, in his opinion, the people dispensing the patronage. “That’s why our city doesn’t progress, because the politicians – especially post-Gaudin – have a need for mediocrity. They know that if the city ever went up a gear, they’d be dumped.”
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