La plus belle terrasse de Marseille est illégale
Situé sur les pentes du jardin du Pharo, le Chalet du même nom a, depuis sa terrasse, l'une des plus belles vues sur Marseille. Problème, récemment montée, cette terrasse couverte a été construite sans autorisation de la Ville, qui pourrait demander sa démolition.
La terrasse du chalet du Pharo. Photo : B.G.
Elles sont quelques-unes à pouvoir briguer cette palme. Le restaurant du Rowing club, celui du Sofitel Vieux-Port, le Mess des officiers du Fort Ganteaume et le chalet du Pharo, offrent tous un panorama exceptionnel qui embrasse le Vieux-Port, le Fort Saint-Jean, le Mucem et les bassins du port jusqu’à l’Estaque. Petit poucet, le dernier de ces établissements a pour particularité de bénéficier d’une autorisation d’occupation du domaine public, par nature précaire. Simple kiosque au départ, il est situé sur un des chemins qui longent le jardin du Pharo, propriété de la Ville. On y mange pour environ vingt-cinq euros des plats de brasserie classiques assaisonnés par le splendide point de vue.
Outre qu’il possède effectivement une des plus belles terrasses de Marseille, celle-ci a pour particularité d’être flambant neuve et… illégale. En effet, jointe par nos soins, l’adjointe au maire LR chargé des emplacements, Marie-Louise Lota est catégorique : “Cette extension de terrasse a fait l’objet d’une demande d’autorisation de travaux qui est toujours à l’instruction. Si ce monsieur a commencé les travaux, il doit les interrompre. Ce chantier nécessite le passage de la commission de sécurité. Si le passage du camion des pompiers n’est pas possible, alors cet aménagement devra être détruit”.
Élue à la Ville depuis 1995, Marie-Louise Lota ajoute, fataliste : “Comme je le dis souvent au maire, la charte de Marseille, c’est chacun fait ce qu’il veut”.
Accélération des travaux
Si le ton municipal se veut ferme et définitif, du côté du Chalet, l’ambiance est à l’accélération. Jeudi 23 mars, l’établissement était fermé pour permettre aux entreprises de finir le toit de la vaste terrasse en dur que le détenteur du bail précaire a cru bon de construire. À regarder de près, la distance entre le kiosque initial et la nouvelle terrasse permet aux serveurs d’apporter les plats en trois enjambées. Ce jour-là, le passage était occupé par un véhicule utilitaire de la société de toiture mais son étroitesse ne permet absolument pas de laisser passer un camion de secours plus imposant.
Or, d’après les riverains, témoins des travaux, le propriétaire, Matthieu Chicolot ne s’est pas contenté de poser sa terrasse. Il a commencé par couper des arbres, agrandir le terre-plein en coulant du béton puis fait édifier cette terrasse couverte, qui permet, en déjeunant de contempler une vue que beaucoup lui envie. C’est en tout cas ce qu’ont constaté les voisins au fil des semaines, au point qu’ils ont saisi le comité d’intérêt de quartier compétent.
“Quand je me suis rendu sur place, le propriétaire m’a indiqué que les arbres étaient malades et qu’il les avait coupés pour cette raison, précise Jean-Pierre Galeazzi, le président du CIQ Pharo Catalans. Il m’a dit aussi qu’il avait eu un accord oral du service des emplacements. Mais mon rôle n’est pas de savoir ce qu’il en est mais d’alerter les élus concernés. J’ai donc écrit à la maire de secteur, Sabine Bernasconi, qui m’a répondu qu’elle alertait aussitôt Marie-Louise Lota, pour les emplacements, Monique Cordier pour les parcs et jardins et Isabelle Carta, directrice du palais du Pharo.”
“Madame Lota dit la vérité”
Nous avons eu moins de chance que le président de CIQ dans nos échanges avec Matthieu Chicolot. Lors de notre premier passage, nous avons laissé une carte de visite aux ouvriers du chantier avec la raison de notre visite, inscrite au dos. Celle-ci s’est visiblement perdue. Nous avons ensuite pris rendez-vous avec Matthieu Chicolot, joint par téléphone. Le jour dit, ce dernier n’était pas présent. Son père, salarié du restaurant, était là pour nous le dire et signifier qu’il ne ferait aucun commentaire si ce n’est un laconique : “Si madame Lota le dit, alors c’est la vérité”.
Pour l’heure, l’équipe du Chalet fait donc le dos rond et peut d’ores et déjà accueillir les touristes sur sa terrasse. Mais si l’élue suit la logique de ses propos, le lieu devrait recevoir prochainement la visite de la commission de sécurité pour constater l’étroitesse du chemin. La nouvelle terrasse sera-t-elle détruite, rabotée ou laissée en l’état devant le fait accompli ? À moins que cette histoire ne se conclue selon la morale soulignée par Marie-Louise Lota : “À Marseille, chacun fait ce qu’il veut”.
Commentaires
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Franchement, ce Monsieur Rigolo joue petit bras. Pendant qu’il y était, pour agrandir son établissement, il aurait dû privatiser la totalité du jardin du Pharo et détruire une aile du palais.
Pourquoi se gêner ?
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Etonnant le manque de réactivité de la Mairie !
De là à expliquer qu’il y ait moyen de s’arranger pour autant que les citoyens ne se manifestent pas trop.
De là à comprendre pourquoi il peut est utile par exemple d’offrir des costumes en toute amitié bien sûr.
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Des privatisations comme celle-ci se produisent régulièrement à Marseille.
Ce qui est hallucinant, c’est que ça se produit à moins de 50m du siège de MPM, littéralement sous le nez des élus et des services.
L’acheminement des matériaux, les travaux ont pu se dérouler dans le jardin du Pharo sans que jamais personne n’en contrôle la légalité.
Ca semble un peu trop flagrant pour que personne, élu ou responsable de service, n’ait été informé. Apparemment, ce n’est pas Mme Lota qui a donné son accord non-écrit pour ces travaux. Alors, qui?
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…sous le nez des élus et des services qui viennent y déjeuner !
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Etat dans l’Etat…Zone de non-droit…etc.
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Plus c’est gros, plus ça passe !
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Le constat de madame Lota est assez accablant : “la charte de Marseille, c’est chacun fait ce qu’il veut”…partant de cette résignation, que dire?
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D’autant plus qu’elle est souvent la première à ne pas réagir. Il suffit de voir les “terrasses” sauvages et démesurées ou les ventes sauvages de contrefaçons sur le cours Belsunce
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Quand on voit le nombre incalculable de “terrasses”(et dans tout Marseille) qui envahissent les trottoirs – si étroits soient-ils – les pistes cyclables, les plages où n’importe quel péquin moyen plante qui sa table qui son tonneau ou encore son parasol, ca en devient improbable et souvent dangereux.
Alors oui madame Lota, comme vous dites souvent (!) chacun fait ce qu’il veut et personne ne fait respecter le moindre droit.
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Il semblerait que cela ne relève pas de la compétence de Madame LOTA car le Pharo ne relèverait pas du Domaine Public. Et donc, suivez mon regard …
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Qu’on rase ce truc et qu’on lui retire son autorisation d’occupation.
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Comme çà a été le cas place Rostand où une bonne part de l’espace public avait été recouvert par une terrasse couverte à 50 000 euros.
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Et la liberté d’entreprendre ?
Et l’envie de faire des profits ?
Ce monsieur Rigolo ne fait que suivre les conseils-promesses-arguments des libéraux qui nous entourent. De l’imagination et du travail.
Il a donc raison de vouloir gagner de l’argent, sous le regard attendri des élus et des clients parfois élus eux aussi. Tout cet imbroglio n’est que jalousie et envie….
Sinon les bulls auraient déjà fait leur oeuvre.
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Bien sûr, finalement que chacun monte son petit bouclard au coin de la rue (ceci dit c’est déjà le cas en de multiples endroits), une forme d’anarchie libérale quoi.
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Il est toujours payant d’informer sur ce qu’il se passe en ville !
On est au courant et on est, pour la plupart d’entre nous, souvent atterrés de l’attitude désinvolte, la non-action, la non-réaction de nos édiles.
Comme le signalent d’autres commentateurs : le cas est flagrant ds de multiples endroits sur l’extension du domaine public à des fins commerciales privées. Si on ajoute à ça les transports en commun, les poubelles, les écoles, les parkings……on devient fou !!!
Mieux vaut en rire. Mais à Marseille, on a les élus qu’on mérite….
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non non, on ne les mérite pas ! on n’a pas tous voté pour eux !
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Absolument.
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D’accord avec tous les commentaires précédents. Les commerçants font TOUT ce qu’ils veulent dans cette ville et merde pour les autres, les piétons, les vieux, les handicapés, les personnes chargées. Un scandale !
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Il n’y a pas de pilote dans cette ville, un pseudo-dirrigeant dont la principale technique politique est d’éviter toute contrainte source d’emm……ts.
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Pas d’accord avec laplaine. Il y a un pilote: dès qu’il est question d’un quelconque événement commerciale (soldes, achats de Noel, marathon, inauguration d’un centre commercial, etc.), on voit apparaître les PVs, les mises en fourrière, les horaires renforcés de la RTM, etc.
100% d’accord avec Claudia. C’est une ville de commerçants. Et je pense que ça fait 2600 que ça dure…
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2600 ans d’édiles commerçants, tel ce bon monsieur Estelle qui fit débarquer la marchandise du grand St Antoine malgré la quarantaine provoquant juste une ptite épidémie de peste … ça ne finit pas toujours bien le “sens des affaires” ;o)
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