Que renaissent les salons du Louvre & Paix
C’est peut-être difficile à croire mais il y a un trésor caché chez C&A, enfin pas un, deux ! Il y a longtemps que je veux parler des deux salons de l’ancien hôtel Louvre & Paix qui croupissent entre le C&A et l’agence d’urbanisme : le petit et le grand salon, classés monuments historiques (et donc sauvés de la “rénovation” entreprise par l’enseigne de prêt à porter au début des années 1980) et dont je me dis qu’ils pourraient être un des plus beaux endroits de Marseille si on prenait la peine d’en faire quelque chose. Aujourd’hui ils sont abandonnés alors qu’ils sont peut-être les derniers vestiges du luxe qu’imposait la Canebière il y a 100 ans.
On connait trop bien l’histoire, cette artère pleine de cafés, brasseries, hôtels, cinémas et théâtres a été abandonnée par ceux qui faisait vivre ce luxe et se sont repliés sur le Cours Mirabeau, le Boulevard St Germain ou encore plus loin (voir le Zalio sur les grandes familles marseillaises au XXe). Dans l’intervalle, s’y sont installés ceux qui viennent quand tous les autres sont partis : les exclus. Depuis quelques temps, la Ville ne se satisfait plus de voir la Canebière vivre au rythme d’un quartier populaire et métissé et cherche à lui “redonner de son lustre d’antan”.
C’est dans ce cadre que quelque chose pourrait être fait pour les salons du Louvre & Paix. La municipalité qui n’a cure de dire qu’il faudrait des brasseries, des cafés… en confondant l’élégance de beaux endroits tels que le Louvre & Paix (ou le Grand Hôtel Noailles, ou le Café Riche…) avec leur propre interprétation de la “classe américaine”. C’est comme ça qu’on se retrouve avec un projet de brasserie et d’hôtel ex-nihilo qui n’aura guère que l’intérêt d’une modernité conformiste et allez (j’ose) bas de gamme.
Ce type de chic-Valentine est à milles lieux de l’esprit de l’élégance des salons du Louvre & Paix, tout en dorures et fidèle au bon goût bourgeois du Marseille industriel triomphant, certes, mais avec le cachet de l’ancienneté près de 150 ans plus tard.
Un peu d’histoire : l’hôtel Louvre & Paix (aujourd’hui le C&A) était l’un des hôtels de luxe de la Canebière, c’est là qu’a lieu la première séance de cinéma le 29 février 1896, il ferme en 1941 mais les deux salons du rez-de-chaussée sont toujours là, murés quelque part entre le C&A et l’agence d’urbanisme qui a ses bureaux au-dessus. Voilà quelques photos prises en 1996 pour l’inventaire des monuments historiques (plus de photos ici bas de la page, après les Affaires Maritimes)
Les dorures sont un peu fatiguées, il y a pas mal de boulot à faire, d’autant plus qu’un contact à l’Agence d’urbanisme m’a avoué pas très fier qu’ils avaient eu un dégât des eaux il y a quelques années (mais personne n’en parle), mais ça fait quand même deux belles pièces qui sont clairement sous-exploitée à une époque où la Mairie cherche à mettre la Canebière en avant, à la rendre plus attractive.
Quand on voit ce qui a été fait au Jardin Montgrand par exemple, ou dans une certaine mesure au Chateau Borély, on se dit que Marseille a peut-être un peu plus confiance en elle pour s’attaquer à la rénovation de son patrimoine caché, à la mise en valeur de ces lieux oubliés qui ont fait son histoire et peuvent contribuer à enrichir son avenir.
Pour info, en 2013 on fêtait les 150 ans de l’ouverture de l’hôtel, dommage !
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On m’a dit que Bénédicte Sire les faisait visiter dans un de ses tours de la Canebière…
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