À l’approche de l’élection présidentielle
RECOMPOSITION DES IDENTITÉS POLITIQUES MARSEILLAISES
Peut-être les lecteurs de Marsactu le savent, car les médias en parlent un peu : nous allons être appelés à voter, au mois d’avril et, sans doute, aussi au mois de mai, pour élire un président de la République. En fait, si j’emploie ce ton ironique pour parler de cette élection, c’est que j’ai le sentiment que nous sommes saturés, voire sursaturés, par le discours des médias, des épisodes, des événements et des péripéties de ce qui finit par devenir une sorte de jeu de société géant – à l’échelle de tout un pays. Au point que l’on finit par oublier de quoi il s’agit : la désignation de celui qui dirigera la France pendant cinq ans. Mais aussi au point que l’on finit par oublier qu’après cette élection, il y en aura d’autres : les élections législatives, qui désigneront les députés, eux aussi, en principe pour cinq ans.
C’est de cela que je voudrais parler ici : de la même manière que j’ai essayé d’évoquer, la semaine prochaine, les éventuelles leçons que nous pourrions tirer, à Marseille, de l’élection présidentielle qui vient d’avoir lieu aux Etats-Unis, je voudrais évoquer aujourd’hui les incidences de cette élection sur les identités politiques qui se manifestent dans notre ville.
La première de ces incidences est, sans doute, la recomposition du parti socialiste à Marseille et ce qui semble constituer un déplacement des discours socialistes et des acteurs locaux de ce parti. On apprend, dans Le Monde du 19 novembre, que M. Macron est « main dans la main avec les guérinistes». Au cours d’un déplacement à Marseille, l’ancien ministre de l’économie a suscité des manifestations de l’adhésion de députés socialistes au mouvement qu’il vient de fonder, « En marche ! ». Cela signifie que le P.S. marseillais semble le champ d’un clivage entre des acteurs politiques qui continuent d’être de gauche, quelle que soit la tendance à laquelle ils adhèrent, qu’ils soient proches du président de la République, proches de M. Valls ou proches de la gauche socialiste, et d’autres acteurs, qui choisissent de se rapprocher du mouvement en cours de constitution d’E. Macron.
Mais, au cours même de ce déplacement aux Pennes-Mirabeau, l’ancien ministre et C. Castaner, député socialiste et membre d’En marche !, a appelé l’ensemble des acteurs politiques marseillais engagés dans la défense de la démocratie à se situer clairement contre le Front national. Toujours selon le même article du Monde, C. Castaner a déclaré, ainsi, toujours dans cet article du Monde, au sujet de la politique à engager vis-à-vis du Front national : « Nous ne venons pas pour dénoncer, comme le fait toute la classe politique, on y va pour réparer. La réparation plutôt que la dénonciation », pour expliquer ainsi que, selon lui, « il n'est pas question d'abandonner ces territoires à Marine Le Pen ». C’est de cette manière que devrait s’opérer, selon l’élu socialiste, mais aussi, sans doute, selon l’ensemble des militants engagés dans notre ville pour la défense du débat démocratique et des identités politiques rationnelles, ce que nous appelons la recomposition. Par ces mots, C. Castaner nous rappelle qu’à Marseille, il y a une forme d’urgence : c’est immédiatement qu’il importe que les partis mettent en œuvre ce qui peut constituer un barrage démocratique. Elle est l, l’autre recomposition des identités politiques, à Marseille : dans la pression que l’extrême droite fait subir à notre ville.
Une troisième recomposition des identités politiques, ici, à Marseille, est, sans doute, ce que « L’Express » du 9 novembre appelle « l’après-Gaudin », qui est, peut-être, plutôt, un lointain « après-Defferre ». C’est que le maire de Marseille a été, en quelque sorte, façonné, structuré, par son opposition à G. Defferre. Je me rappelle qu’à l’approche de l’élection municipale de 1983, J.-C. Gaudin avait évoqué ce qu’il appelait « la grande bataille ». Tant le déclin du P.S. que la montée du F.N. constituent des manifestations de cet « après-Defferre », que nous devons imaginer, construire, engager, au moment où approchent l’élection présidentielle, puis les élections législatives, qui seront, pour nous, des formes d’anticipation de l’élection municipale à venir, celle dont il faut déjà commencer à parler, même si elle n’a lieu qu’en 2020. Recomposer les identités politiques marseillaises, cela me semble avoir quatre significations. La première est la reconstruction d’une gauche socialiste qui soit une véritable gauche au lieu d’être une gauche de compromis – voire de compromission. Il s’agit d’inventert un nouveau P.S. à Marseille, si c’est possible. La seconde est l’émergence d’une gauche réelle située à la gauche du P.S., sans doute autour du Parti communiste de Marseille et des acteurs engagés dans ce que l’on peut appeler une gauche pleine. Une troisième recomposition pourrait être l’émergence, dans notre ville, d’une force écologiste encore naissante : à cet égard, le mouvement déclenché autour de la résistance à l’éventuel parking du Parc Montvert est une manifestation des initiatives populaires qui pourrait impulser, à Marseille, un mouvement écologiste qui n’y existe pas encore. Enfin, il importe que la droite aussi participe à ce mouvement de recomposition en élaborant un discours politique démocratique, libéré, en quelque sorte, de ses tentations totalitaires vers le Front national.
Le chantier est ouvert. Il est de taille.
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