Rénovation urbaine : la métropole commence à Miramas
À l'occasion d'un grand raout sur la rénovation urbaine, la métropole met en scène la signature d'un protocole avec la ville de Miramas. Histoire de montrer que la rénovation urbaine concerne toutes les communes et que la métropole ne se cantonne pas à Marseille sur ce thème.
Une image du quartier de La Maille II, récemment rénové. (Image ville de Miramas)
Le geste se veut un symbole : le seul acte concret d’une journée consacrée à la rénovation urbaine à l’échelle métropolitaine à Marseille est la signature d’un protocole de préfiguration pour un projet de rénovation urbaine à Miramas. Loin, très loin de la ville centre et de ses 14 projets en cours qui pèsent eux seuls plus d’un milliard d’euros d’investissements.
Pour souligner au stabilo fluo le symbole contenu dans le parapheur, le maire socialiste de Miramas, Frédéric Vigouroux s’est déplacé jusqu’au siège de la métropole pour mêler sa signature à celle de la vice-présidente en charge du logement, de l’habitat, de la rénovation urbaine et de la politique de la ville, la centriste Arlette Fructus, celle du directeur général de l’agence nationale de la rénovation urbaine et du préfet pour l’égalité des chances Yves Rousset.
Le maire a mis depuis longtemps un mouchoir sur sa peine, après que la vice-présidence de la métropole promise dans le cadre des négociations avec le président Gaudin a échu à un autre que lui. La séance de “tir aux pigeons” du printemps est derrière lui : “Cela me laisse plus de temps pour traiter les dossiers sur le fond. Et sachez que nous, élus hors Marseille, allons nous intéresser de près aux sujets marseillais.” Ses collègues socialistes qui ont fait le choix de l’opposition au conseil métropolitain sauront entendre le message.
Miramas et Port-de-Bouc, premières servies
Pour l’heure, c’est donc Marseille qui s’intéresse à Miramas, avant de s’intéresser à Port-de-Bouc, les seuls projets d’intérêt national situés hors Marseille dans le Nouveau programme de rénovation urbaine encore à venir. La signature du jour n’est qu’un avant-goût de la convention multipartite qui sera signée dans 18 mois et qui démarrera véritablement les travaux.
Miramas et ses quartiers Nord
Le nouveau projet de rénovation urbaine de Mirmas concerne le quartier dit Maille 1 au nord de la ville. La Maille 2 connaît déjà les joies de la rénovation urbaine avec un projet lancé en 2005 et qui doit se conclure en 2020 pour un coût global de 100 millions d’euros. Étaient concernés 1000 logements dont 80% de logements sociaux et le reste en copropriété. Le nouveau projet reprend peu ou prou les mêmes ratios avec une attention plus accrue portée sur l’économie et l’emploi, nouvel axe fort du programme national de rénovation urbaine. Dernière particularité du projet miramasséen, Frédéric Vigouroux a décidé de confier à un sociologue, Maxence Moreteau du cabinet Adeus, le pilotage du projet urbain, au moins dans les 18 mois de sa préfiguration.
“La rénovation urbaine et la politique de la ville sont des sujets majeurs, insiste Arlette Fructus. La métropole doit être un accélérateur de rénovation urbaine. Car l’enjeu est de montrer la solidarité des territoires et de prouver que la rénovation est aussi un enjeu de développement d’attractivité de la métropole.”
Arlette Fructus se sait attendue au tournant. Il y a les urgences et les exigences portées par les grands élus du territoire, pas toujours en convergence. L’État souhaitait voir arriver une personnalité politique forte à cette vice-présidence, avant de faire pleuvoir les millions via l’agence nationale de rénovation urbaine dont le directeur était l’invité majeur de cette journée. Nicolas Grivel a d’ailleurs souligné les deux “éléments cruciaux” pour la réussite d’un programme de rénovation urbaine : “un portage politique fort et un partenariat accru entre les différents acteurs.” Le préfet pour l’égalité des chances, Yves Rousset, sort le surligneur : “La rénovation urbaine ce n’est pas que Marseille. Et la métropole, c’est aussi Miramas. L’État a fortement participé à la naissance de cette nouvelle institution. Elle doit être forte. Elle doit monter en compétences, en puissance.”
Le précédent plan de rénovation urbaine ne s’était pas conclu au fil langui d’un long fleuve tranquille. Dès 2014, l’Agence nationale de rénovation urbaine reprochait aux acteurs marseillais de ne pas avoir consommé l’intégralité des crédits des 14 premiers projets, mettant en péril la mise en chantier des 9 prochains chantiers pour lesquels la Ville et la métropole espèrent encore être financées. “J’ai eu des moments difficiles, se souvient Arlette Fructus. Mais avec une écoute attentive de l’Anru, le soutien et l’appui de l’Etat, nous avons rattrapé le retard. Aucun euro n’a été perdu. Ces moments d’inquiétude nous ont fortifiés pour le nouveau plan de rénovation urbaine.”
Quel sens à la co-construction ?
Si le nuage est passé, l’avenir n’est pas encore radieux. En octobre, Arlette Fructus doit monter défendre les dossiers marseillais devant le conseil d’administration de l’Agence nationale pour espérer signer à son tour les protocoles de préfiguration des projets marseillais. Certains sujets sont encore sur la table des négociations. C’est notamment le cas de l’habitat indigne. Si les grandes copropriétés dégradées font partie des sites visés, les acteurs et les outils ne sont pas encore choisis. Il en va de même pour l’habitat indigne du centre-ville et de ses faubourgs immédiats. Là encore, le choix des acteurs et de la méthode fait l’objet de discussions en cours entre l’État, la Ville et les autres collectivités locales.
Enfin, certaines divergences politiques de fond persistent. Ainsi Frédéric Vigouroux met volontiers en avant le rôle moteur qu’il entend donner au conseil citoyen dans la préfiguration du projet urbain du quartier. Comme dans les autres zones concernées par la rénovation urbaine, ces conseils sont constitués pour moitié d’acteurs associatifs et pour l’autre de citoyens tirés au sort. “Les habitants doivent s’emparer des dossiers. Il faut pour cela que nous associons dès le départ en leur donnant les moyens de le faire, par la formation notamment. Il faut que nous apprenions à laisser une part de notre pouvoir pour que les habitants décident eux-mêmes du sens à donner au projet.”
Cette vision très “co-constructive” du rôle des habitants fait un peu tiquer sur sa droite. À Marseille, la mise en place des conseils citoyens a donné lieu à des mois de tergiversations avant que la préfecture ne tape du poing sur la table. La concertation avec les habitants est traditionnellement dévolue aux seuls comités d’intérêt de quartier, courroie de transmission traditionnelle du pouvoir municipal. Jean-Claude Gaudin avait ainsi refusé la mise en place de conseils de quartier pourtant prévus par la loi Vaillant de 2002.
Arlette Fructus souligne ainsi que les conseils citoyens “émettent des avis” et “ceux-ci sont pris en compte”. “Ce n’est pas le sens de la loi, rétorque Frédéric Vigouroux. Appelé à trancher ce différend juridico-politique, le préfet Rousset joue les fines lames : “Il y a un conflit de légitimité entre des élus qui ont été choisis par le suffrage universel et des habitants qui sont les premiers concernés et doivent être associés au projet. La loi, il n’y en a qu’une et nous avons été clairs à ce sujet : si les conseils citoyens n’étaient pas mis en place avant 2017 alors il n’y aurait pas de crédits de politique de la ville à Marseille.” C’est dit avec le sourire mais le piquant n’est pas loin. Arlette Fructus et Frédéric Vigouroux auront l’occasion de s’oindre d’une nouvelle légitimité élective lors des prochaines législatives où l’une comme l’autre pourraient être candidats.
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