Les hôtels du parc Chanot englués dans les recours
Ces 300 chambres d'hôtels à l'orée du parc Chanot sont censées accroître l'attractivité du parc des expositions et des congrès... depuis 2009. En effet, le projet est durablement englué dans les recours de riverains qui refusent ce projet.
Vue d'architecte des hôtels par Tangram.
Leur façade dessinée par Tangram était censée offrir “une grande masse de béton blanc en lévitation“ accolée aux grilles classées du parc Chanot. Ce “chaînon manquant” de l’offre hôtelière devait proposer 300 chambres réparties sous les marques Campanile et Golden Tulip et destinées à compléter l’attractivité du parc des expositions dans la course aux congressistes des grandes métropoles. Pour l’heure, le projet lévite encore loin du béton.
Lancés en 2009, les deux hôtels devaient être prêts pour le Forum mondial de l’eau en 2012, ou pour la capitale européenne de la culture de 2013, ou pour l’Euro de football en 2016… Ils ne le seront sûrement pas pour la capitale européenne du sport, l’an prochain. En effet, la cour administrative d’appel a partiellement annulé le permis de construire accordé par la Ville de Marseille au promoteur Redman donnant ainsi raison aux arguments des riverains qui déposent recours sur recours contre ce projet. La collectivité s’est pourvue en cassation devant le conseil d’État. L’affaire remonte donc jusqu’à la plus haute juridiction administrative, quitte à ce que le projet hôtelier perde encore quelques années.
Une décision qui énerve au plus haut point, Marc Maloszyc, un des 30 requérants qui bataille depuis plusieurs années contre les projets d’aménagement du quartier et en particulier ces hôtels en vis-à-vis de leurs domiciles. “Je trouve fort de café que la Ville comme la métropole mettent plus d’énergie et de moyens à contester les décisions du tribunal qui donnent raison à ses administrés plutôt qu’à se défendre face à l’appétit des grands groupes du bâtiment.” Il est fait référence ici à un des combats de l’Adriv, association dont il est membre : l’important surcoût du tunnel Prado sud que Marseille Provence métropole avait accepté d’éponger sans passer par les tribunaux.
Le parc Chanot n’est pas un parking public
Le projet d’hôtel n’y est pas directement lié, même si l’accessibilité du parc Chanot fait partie des arguments portés par la Ville dès 2009 pour justifier la nécessité d’une telle implantation. Si le lien existe, il passe justement par le lieu d’arrivée des véhicules : les parkings des hôtels et bureaux. C’est ce point précis qui fait l’objet d’une annulation partielle des deux permis de construire. En effet, la Ville aurait méconnu “la règle d’urbanisme [qui] est de réaliser une place de parking pour 100 mètres carrés de surface hôtelière créée et une pour 40 pour les bureaux, explique Nicolas Hequet, l’avocat des requérants. Or, seule une partie de ces places est réalisée dans le sous-sol de l’immeuble. Cela nécessite de trouver des places de parking à proximité à la fois pour l’immeuble de bureau et l’hôtel. Mais juridiquement, il faut d’abord prouver l’impossibilité de réaliser ces places sur l’emprise du terrain et d’autre part qu’elles soient situées à proximité, ce qui n’a pas été le cas.”
Dans son arrêt du 10 septembre 2015, la cour administrative d’appel a en effet donné raison aux requérants en annulant le permis de construire de l’hôtel comme des bureaux “en tant qu’il a autorisé le stationnement des véhicules en dehors du terrain d’assiette du projet”. En l’occurrence sur le domaine public voisin du parc Chanot. En clair, la cour reproche au projet d’avoir répondu aux règles d’urbanisme en se contentant de fournir une convention de mise à disposition avec la Safim “dans des conditions et pour une durée non précisée”. Les juges ajoutent dans leur arrêt non sans un certain humour à froid que le parc Chanot n’est pas “un parc de stationnement ouvert au public”.
Du côté de la Safim, première bénéficiaire de cette extension de l’offre hôtelière, on se refuse à tout commentaire en soulignant à juste titre que depuis que les 5400 m² de terrain sont sortis du domaine public dont elle a la gestion par délégation de service public. En l’occurrence, c’est du côté de la Ville que tout se passe, y compris faut-il comprendre sur la mise à disposition desdites places de parking. L’avocate qui défend le dossier pour le compte de la collectivité se dit confiante sur les chances que le conseil d’État donne raison à la Ville car “la cour a commis plusieurs erreurs de droit dans son arrêt”.
Vers un plan B ?
Le maire de secteur Yves Moraine (Les Républicains), qui a récupéré ce bébé avec le mandat dont il a la charge, croit lui à une autre perspective : “Sauf erreur, l’arrêt de la cour est partiel. Il doit donc permettre de déposer un permis de construire modificatif sur la partie annulée.” En l’espèce, il s’agirait de trouver des places de parking à proximité ou de réaliser un niveau de parking supplémentaire en sous-sol.
Or, croit savoir la conseillère d’arrondissement communiste Marie-Françoise Palloix, la réalisation d’un niveau de parking supplémentaire en sous-sol se heurterait à des difficultés liées à “l’inondabilité du terrain qui fait partie du plan de prescription du risque inondation” lié à la proximité de l’Huveaune. Pour l’heure, ni l’adjointe à l’urbanisme Laure-Agnès Caradec, ni le promoteur Redman, associé au projet, n’ont répondu à nos appels. Ils n’ont pas pu accréditer l’hypothèse d’un permis modificatif répondant aux exigences de la cour et permettant l’avancée du projet.
Pour autant, cela ne mettrait pas fin aux recours. Depuis la naissance du projet en 2009, les différentes étapes de la procédure ont donné lieu à maintes procédures notamment du CIQ voisin, mais aussi d’un snack installé à l’entrée du parc. Ces derniers ont tous été déboutés. Mais les riverains ont toujours un recours pendant devant la cour administrative d’appel concernant la décision de la Ville de déclasser du domaine public les 5400 mètres de terrain concernés par ces lots à bâtir. Le parcours du combattant judiciaire peut donc encore durer.
Or, une nouvelle date se profile, certes un peu plus lointaine. En effet, le projet a désormais une nouvelle perspective : la ville est candidate comme ville hôte des épreuves de voile de Paris 2024. Le projet de village olympique dessiné par la Ville prévoit justement d’accueillir les athlètes dans ces hôtels du parc Chanot et de mettre le comité international olympique dans l’immeuble de bureaux…
Commentaires
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Merci beaucoup pour ce très bon article !
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L’agence Tangram nous a habitué a mieux en terme de design et de qualité architecturale. Le projet -en l’état- est pour le moins médiocre.
Enfin, tout comme les centres commerciaux, Marseille frôle la suroffre et surcapacité hôtelière. Pour le moment, cet ensemble hôtelier n’a pas de réelle justification.
Le Parc Chanot devrait faire comme EUREXPO à Lyon ou le futur PEX à Toulouse: s’agrandir et professionnaliser ses infrastructures pour accueillir plus de congrès et salons internationaux. Dès lors, pourquoi ne pas fusionner certains grands hall du Parc Chanot entre eux pour accroître la surface d’exposition? Voilà des projets qui participeraient au rayonnement économique de la ville et de la métropole!
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Le stationnement est permanent et continu sur la piste cyclable de la traverse Antignane. Il est très fréquent sur celles du boulevard de Maillane et du boulevard Rabatau. Cela illustre bien la difficulté de stationnement actuelle. Le recours est donc très opportun. Et le problème actuel semble être “géré” par les autorités seulement en verbalisant un peu de temps en temps …
D’ailleurs, quand il faut vraiment, mais vraiment libérer la piste (nettoyage de façade …), alors on enrubanne les panneaux “arrêt interdit – fourrière immédiate” , on affiche un arrêté d’interdiction, … parce que là c’est vraiment interdit pour de vrai sans rire, même si on est à Marseille !
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