Travaux des écoles : Marseille a fait ses devoirs de vacances pour la rentrée
Devant chaque école, la Ville a fait installer des panneaux qui signalent les travaux entrepris. Après avoir essuyé une tempête médiatique cet hiver, il s'agit de rattraper le retard tout en soignant sa communication.
L'école Arenc-Bachas (15e).
Comment surfer sur la longue vague d’une tempête. Après avoir pris un sacré bouillon médiatique cet hiver à propos de l’état des écoles à Marseille, la Ville a décidé de communiquer sur les travaux entrepris cet été. En prévision de la rentrée, chacune des 444 écoles – en travaux ou pas – s’est vue doter d’un joli logo en forme de M, barré du slogan “la Ville de Marseille investit dans votre école”. Dans celles où des travaux ont réellement été entrepris, la phrase est assortie d’un court descriptif du ou des chantiers. En revanche, il est plus difficile de faire la part du coup de collier supplémentaire et des écoles ciblées en priorité pour leur vétusté.
“Cet été, nous avons lancé 400 chantiers dans 271 écoles différentes, affirme Danièle Casanova, l’adjointe à l’éducation. Les travaux qui n’ont pas pu être finalisés à la rentrée seront poursuivis durant les vacances de la Toussaint. Mais il est difficile de vous faire la liste des écoles et des travaux.” Dommage. En gros donc, cela porte l’effort municipal à 41 millions d’euros, six de plus que ce qui était initialement prévu en 2016, avant la tempête. Avec cette somme, le budget dévolu aux travaux dans les écoles rejoint le pic qui avait précédé et suivi les élections municipales de 2008 comme le montre ce graphique.
En rouge : la moyenne des investissements depuis 1999.
“Énormes efforts”
Cela nuance un peu l’expression du maire, Jean-Claude Gaudin qui affirme que la Ville “a fait d’énormes efforts pour rattraper le retard éventuel”. S’il reconnaît avoir découvert l’état de certains établissements dont il a la charge au cours de la polémique, il en garde une amertume : “J’ai été vexé de cette campagne très politique, explique-t-il en marge de la cérémonie de pose de la première pierre du groupe scolaire Mirabilis, au cœur du nouveau quartier des hauts de Sainte-Marthe (14e). Ce qui m’a choqué le plus c’est que l’État y a pris part, alors que lui incombe un devoir de neutralité.” Il rappelle volontiers les trente lycées construits en douze ans à la tête de la région pour montrer à quel point l’affront est personnel.
Les relations se sont améliorées depuis et l’État s’est rapidement engagé à contribuer à l’effort de remise à niveau. En puisant dans des fonds déjà existants… Le secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône, David Coste, qui représentait le préfet à Sainte-Marthe, a rappelé le canal de ces investissements : “3 millions d’euros de la dotation de la politique de la ville ont été fléchés en direction des écoles. Nous avons eu des réunions tripartites mensuelles pour recenser les écoles prioritaires et planifier les opérations auxquelles l’État a participé financièrement.” Là encore, difficile d’avoir une vue claire des écoles concernées.
L’État a fléché ses efforts
Une certitude : elles sont toutes situées en territoires prioritaires, c’est-à-dire les zones les plus pauvres de la ville, et pour beaucoup au nord de celle-ci. “Selon les groupes scolaires, ces travaux pouvaient concerner les sanitaires, le changement des fenêtres ou l’isolation”, ajoutent les services préfectoraux. Nos priorités étaient les gros travaux de rénovation, la sécurité et l’hygiène”. À titre d’exemple, l’État a participé à la création d’une salle de repos pour les maternelles et à l’extension des sanitaires et de la cantine dans l’école élémentaire Bugeaud (3e).
Il a également financé en partie à l’isolation de l’école du Plan d’Aou (15e) dont la verrière calorifère a maintes fois été dénoncée par la maire de secteur socialiste, Samia Ghali. “À l’école de la Cabucelle, en revanche, il y avait trop de travaux pour envisager une rénovation cette année, nous participons donc aux transports vers une école transitoire, le temps que les travaux soient réalisés”, précisent ces mêmes services.
Ces efforts conjoints portent également sur des écoles ciblées par la presse. À Consolat, dont les préfabriqués hors d’âge avaient été précipitamment fermés après la visite de la presse, ils ont été remplacés par trois nouvelles classes dans des préfabriqués neufs.
L’ex école de Charlotte Magri prioritaire
L’école Jean-Perrin où enseignait Charlotte Magri, dont la lettre ouverte a déclenché l’intérêt médiatique, a ainsi connu d’importants travaux : mise en sécurité des fenêtres, rampe d’accès pour les personnes handicapées et réfection des sols et des murs. Pour mémoire, les sols plastifiés laissaient voir des trous béants laissant s’échapper une colle amiantée, a priori sans danger. Les fenêtres ne s’y ouvraient qu’au prix de gros efforts. “Nous avons fait le choix de ne changer que deux châssis par classe”, précisent les services municipaux. À terme, ce type de bâtiment pose des problèmes de gestion et pourrait être démoli.”
Sur ce sujet comme sur d’autres, les deux partenaires vont poursuivre leur travail en commun. La Ville a annoncé que l’effort financier de 6 millions d’euros se poursuivrait en 2017 et 2018. L’État s’est également engagé sur cette même durée en mettant à profit d’autres mécanismes de financement, notamment via un fonds d’aide à l’investissement des collectivités locales. Les travaux de l’école Mirabilis de Sainte-Marthe, qui doit être livrée en septembre prochain, ont ainsi pu être financés à 30% par l’État, 30% par la Ville et 40% par le conseil départemental. Présidée par l’élue marseillaise Martine Vassal (LR), le conseil départemental a mis les écoles au cœur de la convention triennale signé en juin avec la Ville.
Il n’est pas certain en revanche que lesdits partenaires s’engagent à la même hauteur dans l’énorme chantier des écoles GEEP, bâtiment à structure métallique, de “type Pailleron”. Un collège parisien portant ce nom avait été entièrement détruit par un incendie faisant 20 victimes et révélant de manière brutale la faiblesse de ce type de construction.
Pour l’heure, la Ville réfléchit à un financement via une forme nouvelle de partenariat public-privé. Le partenaire privé qui signerait avec la Ville avancerait le montant des travaux puis percevrait un loyer sur la longue durée. Un cabinet en charge d’une assistance à maîtrise d’ouvrage doit aider la Ville dans la préparation de ce vaste chantier. En décembre prochain, les premiers scénarios de financement devraient être connus, pour des travaux s’étalant jusqu’en 2022. Les affiches de communication au perron des écoles ont donc vocation à être installées pour longtemps.
Commentaires
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Bonjour, il y a une typo dans le chapeau: “Après avoir essuyer”.
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… et une autre “il s’agit de de rattraper”.
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Merci pour vos signalements qui ont été corrigés…
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Monsieur Gaudin est peut-être “vexé”, mais il devrait regarder la réalité en face. Sur le site internet de la ville de Marseille, la phrase qui vantait le fait qu’“en 20 ans, 37 écoles ont été construites ou entièrement réhabilitées” a été retirée. Mais le résultat demeure : cela fait moins de 2 école par an en moyenne depuis le début de sa gestion.
Or, s’il y a 444 écoles et qu’on considère que la “durée de vie” d’un bâtiment sans rénovation lourde est de l’ordre de 50 ans, c’est une petite dizaine d’écoles par an qu’il faudrait réhabiliter chaque année – sans compter les créations éventuelles dans les quartiers où la croissance démographique l’exige.
Il est donc heureux que le site de la ville annonce que l'”effort de 5 M€ supplémentaire sera reconduit en 2017 et 2018″ (http://education.marseille.fr/plan-ecole-reussite-presentation). Mais en réalité, c’est sur la durée que cet “effort supplémentaire” devrait être consenti, et pas seulement sur trois ans vu le retard accumulé.
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Actuellement les collectivités peuvent emprunter pratiquement à taux 0 % mais la municipalité préfère “la partenariat” public/ privé qui coûte bien plus cher au contribuable et qui est en en réalité bien pire que l’endettement.
Tout cela pour enrichir les actionnaires des grosses compagnies privées.
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En effet, déléguer, sous-traiter, et n’être plus vraiment responsable, c’est tellement plus agréable …
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