Les 7500 agents de la métropole reconduiront-ils Force ouvrière ?
Ce jeudi, les agents de la métropole sont appelés aux urnes pour désigner leurs représentants dans les instances consultatives du personnel. Sur un territoire vaste et contrasté, Force ouvrière, organisation chouchou de Jean-Claude Gaudin, joue son statut de syndicat majoritaire. Derrière l'enjeu électoral, la mise en place de ces instances donnera le coup d'envoi concret de la fusion des six anciennes intercommunalités pour le personnel.
Les 7500 agents de la métropole reconduiront-ils Force ouvrière ?
Cela pourrait s’appeler le “jour du président-maire”. Le lundi 2 janvier, les agents de la ville de Marseille et de la métropole seront en congés, après des fêtes de fin d’année sans jour férié en semaine. Dans un tract, Force ouvrière clame avoir “obtenu” cette mesure de Jean-Claude Gaudin.
Alors que les 7500 agents de la métropole sont appelés aux urnes ce jeudi afin de désigner leurs représentants, la nouvelle ressemble à un petit cadeau du président à son syndicat favori. La manoeuvre, récurrente, est accueillie fraîchement par les concurrents du syndicat. “Des informations comme ça, ils nous en sortent tous les ans. Mais les agents en ont marre”, estime Claude Kasbarian à l’UNSA. “On ne sait pas qui discute avec qui, qui a obtenu quoi, des gens sont reçus, d’autres non. À Marseille on est habitués, mais à l’extérieur, dans les anciennes agglomérations, ça commence à en fatiguer certains”, abonde Eric Rabito (CGT territoriaux).
Ce jeudi, quinze bureaux de vote, dont onze à Marseille, seront ouverts toute la journée, avec en jeu le statut de “syndicat majoritaire” de Force ouvrière. Dans les six anciennes intercommunalités qui composent la métropole, les rapports de force sont très variables entre les six listes en présence (FO, FSU, CGT, UNSA, SA-FTP et une liste d’union de syndicats minoritaires CFDT-CGC-CFTC). En 2014, Force ouvrière a recueilli 55 % des voix à la communauté urbaine de Marseille où travaillait plus de la moitié des agents métropolitains d’aujourd’hui. La même année, il a obtenu 49 % des voix à Aubagne, mais son résultat tombe par exemple à 5,2 % au SAN Ouest Provence (Istres, Miramas, Fos, etc.) et il ne présentait pas de liste à l’agglo de Martigues.
Masse critique
Le 19 octobre, lors de son meeting d’entrée en campagne, les délégués des territoires se sont succédés à la bourse du travail pour témoigner de leurs efforts pour étendre la présence de FO. “Ce territoire n’est pas facile mais le travail porte déjà ses fruits avec beaucoup de cartes chez les éboueurs”, a assuré Dominique Godard, secrétaire générale à Ouest Provence. À Martigues, “sur ce territoire jusqu’ici inaccessible, on est passés de 0 à 65 cartes en très peu de temps, avec déjà une belle section chez les éboueurs”, a poursuivi son homologue Gilles Marcy.
Parmi leurs arguments, la “machine de guerre” qu’est devenu le syndicat à Marseille. Patrice Ayache, secrétaire général adjoint des territoriaux FO, l’a brandi à la tribune. “Pour la plus grande métropole de France, il vous faut le plus grand syndicat de France, a-t-il exhorté. Ne commettons pas l’erreur de la métropole de Lyon où l’éparpillement des voix a fait qu’aucun syndicat n’est ressorti majoritaire.”
Ce poids dans les négociations, le jour de congés du 2 janvier est venu très opportunément le rappeler. Pendant la campagne, la FSU s’est aussi scandalisée de la tournée d’Yves Moraine, maire du 6/8 et patron de la majorité municipale, chez les éboueurs et cantonniers de son secteur. Accusé d’avoir appelé à voter FO, l’intéressé nuance : il aurait indiqué que s’il était agent, c’est chez ce syndicat qu’il militerait. Un discours reprenant mot pour mot celui de Jean-Claude Gaudin recevant, quelques semaines avant les municipales 2014, la carte de membre d’honneur de FO.
“Je ne pense pas que ça paie pour eux d’être un syndicat qui marche pour le patron, contredit Claude Kasbarian. Pour moi, ce sont eux les plus inquiets, je vois mal comment ils peuvent dépasser les 50 %.” Ce seuil est celui qui permet à FO de se considérer comme hégémonique et d’avoir la majorité des sièges dans les instances. C’est aussi celui qui, d’habitude, permet à Jean-Claude Gaudin d’éviter de traiter avec les autres organisations. Premier syndicat du pays d’Aix, deuxième de peu à Istres, l’UNSA espère accrocher une troisième place à l’échelle métropolitaine avec à la clé trois sièges sur quinze au comité technique et un rôle charnière aux côtés de la CGT et la FSU. “50 %, ce sera difficile ce coup-ci, mais les prochaines élections ne seront que dans deux ans”, glisse Patrice Ayache, qui imagine un score autour de 40 à 45 %.
“Dans l’œil du cyclone”
Obligatoirement consulté pour toute décision concernant le personnel, le comité technique fait partie des instances liées à ces élections. Au-delà de l’enjeu électoral, onze mois après la naissance de l’institution, leur mise en place est attendue par tous, à commencer par l’administration. Théoriquement, ce scrutin était censé avoir lieu avant juin. Mais les péripéties juridiques autour de la présidence et la complexité de son démarrage ont retardé l’échéance, créant un “vide juridique, détaille Claude Kasbarian. Aujourd’hui, les dossiers bloqués s’empilent, sur les organisations de travail, les promotions, même si nous avons quand même avancé avec l’administration sur certains dossiers, comme la médecine du travail.”
“On est dans l’œil du cyclone”, formule Éric Rabito, qui s’inquiète notamment des conséquences de la fusion des services des six intercomunalités fondues dans la métropole. “Avec ces élections, on joue gros. Le maintien des acquis sur tout le territoire, l’harmonisation par le haut face aux mutualisations qui, n’en doutons pas, arriveront avec leur cortège de mobilités plus ou moins forcées”, alertait pour sa part Patrice Ayache.
Harmonisation, mobilités voire télé-travail : ces points reviennent chez tous les syndicats… La CGT, qui se distingue par une revendication ambitieuse – un salaire d’entrée à 1800 euros net, doublé en 30 ans – défend aussi Àla mise en place d’un comité d’action sociale métropolitain. “Avec un pluralisme syndical”, insiste Roger Aymard, secrétaire général de la FSU territoriale qui partage cette demande. Jusqu’à présent, la communauté urbaine partageait avec la Ville de Marseille ce comité d’action sociale qui propose aux agents aide sociale et organisation d’activités diverses. Une pierre de plus dans le jardin de Force ouvrière, dont c’est aujourd’hui un des bastions.
Commentaires
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quand on a le patron comme président d’honneur …ça aide pour les élections !!!
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Je ne vois pas bien en quoi le seuil de 50 % atteint, à Marseille, par FO “permet à Jean-Claude Gaudin d’éviter de traiter avec les autres organisations.” Selon le Code du travail, est représentative toute organisation syndicale qui atteint au moins 10 % des suffrages aux élections professionnelles. C’est ce seuil, et aucun autre, qui détermine celles qui sont admises aux négociations.
Dans cette affaire, c’est le fait du prince qui règne, et l’on ne s’embarrasse pas trop du respect de la loi. Comme trop souvent à Marseille.
Il faut donc espérer que ce que FO appelle “l’erreur de la métropole de Lyon, où l’éparpillement des voix a fait qu’aucun syndicat n’est ressorti majoritaire” sera reproduite ici : c’est apparemment la seule voie possible pour réintroduire un dialogue social conforme au Code du travail…
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Pourquoi les autres syndicats ne portent-ils pas plainte ?
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Entièrement d’accord ..Ils sont régulièrement élus par des moutons bêlants qui ne voient pas plus loin que leur touffe d’herbe .
Un jour par ci, un autre par là, voilà pour la base votante cela leur suffit ils applaudissent !
Et pour les autres, les permanents , ceux avec qui on fait semblant de négocier ,des appartements HLM avec vue sur mer , voitures de fonction , avancements etc…
Pour exemple : une CAP se réunit pour un avancement , normal, ce qui l’est moins c’est que l’ un des candidats fait partie de cette CAP en
qualité de représentant du personnel pour FO !!!
Devinez qui a été retenu ? facile …
Pour préserver mes sources je ne donnerai pas plus de détails mais nombreux sont ceux qui reconnaîtront ces méthodes dans
l’administration territoriale .
Voilà comment fonctionne système mafieux Gaudin- FO à Marseille .
Une plainte est inutile car il n’y a pas fraude flagrante et qu’ aujourd’hui le code du travail bafoué en permanence par le patronat n’a plus force de loi hélas !
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Je connais au moins 3 agent.e.s de la fonction publique territoriale d’Aix-en-Provence qui n’étaient pas au courant de ce vote et n’ont aucunement été invité.e.s à y participer. étrange non ?
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De la république bananière dans le fonctionnement à la pétaudière dans le résultat quotidien. Pauvres marseillais.
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En nombre de siège FO ne sera majoritaire qu’à la commission administrative paritaire (CAP) des agents de catégorie C, mais pas à la CAP des catégories B et A, ni au comité technique.
(http://cfdt-mpm.blogspot.fr/2016/12/elections-professionnelles-de-la.html)
… pour le pôle de territoire ex-MPM cela fera du changement: FO avait la majorité absolue en sièges sur les 4 instances.
(http://cfdt-mpm.blogspot.fr/search?q=elections+professionnelles++2014+)
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Je comprends mal pourquoi on parle 7500 agents; quand les résultats ne comptent que 6497 inscrits pour les CAP et 7109 pour le CT ?
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