Vincent Fouchier : "Aix-Marseille Provence, c'est une métropole autoroutière"

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le 11 Fév 2015
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Vincent Fouchier : "Aix-Marseille Provence, c'est une métropole autoroutière"
Vincent Fouchier : "Aix-Marseille Provence, c'est une métropole autoroutière"

Vincent Fouchier : "Aix-Marseille Provence, c'est une métropole autoroutière"

En général, quand Marsactu reçoit sur son plateau un invité pour parler des transports, un pic de pollution est déclaré. Le département va connaître jeudi son 9e épisode de pollution aux particules fines depuis le début de l'année. Directeur de la mission métropole Vincent Fouchier a une formule choc pour cet état de fait : "Un an de vie gâché, six mois pour la pollution, six mois pour le temps passé dans les embouteillages".

L'image a même été reprise par Jean-Claude Gaudin lors de la conférence métropolitaine, signe d'un début de changement des mentalités dans une ville historiquement tournée vers la voiture. "On atteint la limite d'un système, estime Vincent Fouchier. L'OCDE avait pointé du doigt cet enjeu : Aix-Marseille Provence, c'est une métropole autoroutière. Et c'est un fait, à l'échelle de la métropole 96% des déplacements se font en automobile."

En parallèle du débat institutionnel, qui se poursuit en ce moment à l'Assemblée, la mission métropole planche sur plusieurs thèmes : économie, ville-nature, cohésion sociale. Sur les transports, elle a avancé suffisamment pour regrouper ses travaux dans un "livre blanc" de presque 100 pages. Dense, parfois peu accessible pour le profane, il aligne toutefois plusieurs constats limpides. Si pour certains opposants au projet gouvernemental la métropole consiste à régler les problèmes de Marseille, celui des transports n'est pas spécifique à la ville centre. En matière de pollution, ce sont les Aixois qui respirent l'air le plus nocif :

(Cliquez sur la carte pour l'agrandir)

Si l'on en croit le livre blanc, c'est hors Marseille que le manque de transports collectifs se paie le plus cher. Seuls quelques dizaines de milliers d'habitants (sur 2 millions) peuvent rejoindre Istres, Salon ou Martigues en moins d'une heure de transports en commun. "Comment les salariés peuvent-ils aller chercher l'emploi dans des zones qui ne sont pas accessibles autrement qu'en voiture ? Quand on a un petit salaire, ce n'est pas facile de se payer une voiture et l'essence (…) Le marché de l'emploi est coincé entre différents mondes qui par l'effet de la mobilité ne se parlent pas", déduit Vincent Fouchier.

"Sous-investissement chronique"

Sans vouloir "jeter la pierre", le livre blanc attribue ces difficultés à un "sous-investissement chronique". Comme l'a noté la Cour des comptes dans son rapport annuel relayée par la chambre régionale à propos de Marseille et Nice, il résulte d'un réel choix politique. "De nombreuses agglomérations restent accommodantes avec les automobilistes, arguant d'une « culture de la voiture » qui masque en réalité une volonté de ne pas mécontenter ces derniers", notent ainsi les magistrats.  Pour "changer de braquet", un plan à 7 milliards d'euros sur 15 ans est proposé, avec l'objectif de doubler la fréquentation des transports en commun. "Beaucoup de solutions sont déjà proposées dans les plans de déplacements urbains locaux. Ce qui n'a pas été suffisamment été traité, c'est l'échelle de la métropole, qui est très pertinente", insiste Vincent Fouchier.

Les deux variantes proposées sont axés sur des liaisons rapides – dans un cas via le train, dans l'autre par le car. Ils se soucient aussi de l'accessibilité des pôles où elles passeront, que ce soit avec d'autres transports en commun ou même en vélo. Dans une métropole très péri-urbaine, la voiture ne sera jamais totalement absente, mais avec un ensemble de parkings relais, une bonne partie des habitants pourraient être à 10 minutes d'une ligne performante, train ou car (en rouge et orangé sur la carte ci-dessous).

Sur le point dur du financement, Vincent Fouchier précise que les calculs du livre blanc ne comprennent pas d'augmentation d'impôts pour les ménages. Seules les entreprises seraient appelées à contribuer, avec un taux de versement transports porté au maximum (2%) sur tout le territoire, au lieu de la seule communauté urbaine de Marseille. Mais dans une logique de spirale positive, une offre plus fournie devrait amener plus d'usagers, permettant de rembourser les emprunts contractés. Enfin, le livre blanc avance l'idée de mettre à contribution les touristes avec une taxe de séjour spéciale de 50 centimes à 1 euros par nuit. Ce coup de pouce qui renvoie à la taxe sur les bureaux pour financer les transports du Grand Paris n'a pour l'heure pas été évoqué au parlement.

En bref : les deux scénarios du livre blanc

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Commentaires

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  1. Thomas L Thomas L

    Moi j’aime bien l’autoroute 🙂

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  2. toine toine

    Ce sont des personnes comme V. Fouchier ou le Préfet Therry qui devraient diriger notre territoire. Au lieu de ça, on se coltine des tocards d’élus comme papy Gaudin ou tata Joissains adeptes du clientélisme et aux antipodes des nécessités de développement de notre métropole!

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  3. Anonyme Anonyme

    Un syndicat mixte des transports avait été lancé en grandes pompes par Guérini. Cela devait être la révolution des transports dans les bouches du Rhône. en fait, ca a été un fiasco total qui s’est limité à de la com. trés décevant

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  4. Trésorier Trésorier

    La métropole marseillaise montre là le fond des problèmes à affronter et le centre névralgique de ses compétences.

    Les EPCI a la con ont trop dilapidé d’argent public depuis des décennies en ne réalisant rien.

    Rattraper le retard prix, y compris au niveau des TER (compétence régionale), prendra des décennies.

    Malgré une augmentation nécessaire et indispensable des impôts, et l’aide de l’Etat, il n’est pas sur qu’on puisse un jour rattraper le retard pris.

    On le paye en perte d’emploi, d’attractivité, de pollution, en nombre de malades et de morts, d’étalement urbain, de destruction des espaces naturels et agricoles, d’artificialisation des sols, d’inondations, de tout automobile, de dépérissement des centre villes, d’enlaidissement des villes et paysages,….

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  5. Trésorier Trésorier

    Il faudra qu’ils me disent comment ils financent tout cela…..

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  6. Anonmarredesbouchonsyme Anonmarredesbouchonsyme

    On a la confirmation encore une fois que nous avons un siècle de retard sur d’autres agglomérations.
    On peut lire en creux également que le département des bouches du rhône et les collectivités en général n’investissent pas et préfère arroser de subventions à des fins électorales des territoires inutilement. Merci à nos politiques en dessous de tout depuis plus d’un siècle qui privilégient la route (qui leur permet d’engranger une taxe au cheval fiscal la plus élevée de France) pour diverses raisons dont l’idéologie, le clientèlisme, la lâcheté politique, l’égoïsme ou encore par calcul politique ou xénophobie territoriale et sociale.

    En attendant je mets 2h en train et à pieds pour faire le canet (14e)à aix en provence pour rentrer du boulot.

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  7. JL41 JL41

    Le traitement du sujet de la mobilité me plonge dans la perplexité. Tout le monde était d’accord par rapport au désordre urbanistique et des déplacements ambiant : la constitution d’une offre de transports d’échelle métropolitaine était une nécessité, si bien qu’un syndicat mixte avait été créé par le conseil général il y a 6 ans. Son président, André Guinde, élu socialiste aixois et conseiller général, admet qu’il n’a rien fait.
    La constitution d’une offre de transports adaptée était devenue une nécessité sur un territoire lourd en emplois et en population, que chaque commune et chaque intercommunalité avaient modelé à leur façon, c’est-à-dire dans une certaine incohérence globale. Même le département qui aurait pu le faire, n’a pas joué de rôle dans une localisation pertinente des zones d’activités (presque toujours une initiative publique pourtant), alors que chaque commune voulait la sienne. Si bien que la population qui avait les moyens de se sortir de ce foutoir économique et urbain à l’environnement dégradé, est allée planter sa résidence jusque dans le Var, le Gard ou l’Hérault, ce qui a eu pour conséquence de gonfler davantage encore le flux des migrations domicile-travail. Mais vive les RTT et la semaine de 4 jours !
    J’apprends dans cet article que nous faisons 96% de nos déplacements en voiture. L’objectif du livre blanc est de passer de 4% de nos déplacements par les transports collectifs à 8%, le doublement en 15 ans évoqué par Vincent Fouchier. Si l’on tient compte de l’accroissement de population que la métropole induira, il y aura davantage d’automobilistes sur les routes dans 15 ans que maintenant, malgré le travail fait, au prix de 7 milliards de dépenses, pour doubler le nombre des déplacements en transports collectifs. Et pour parvenir au livre blanc sur la mobilité, l’interview nous apprend que 300 personnes se sont concertées pendant 2 ans.
    On ne doute pas qu’une nouvelle infrastructure puisse être mise en place et du matériel ferroviaire et routier acheté (on l’espère en France), pour parvenir aux performances annoncées : un train ou un bus toutes les 10 mn environ aux heures de pointe. Cette offre sera assez facilement préférée à la voiture individuelle lorsque le lieu de résidence et le lieu de travail seront à proximité des gares ferroviaires et routières, si l’amplitude des heures de pointe correspond à la demande.
    Mais que fait-on à l’aval et à l’amont lorsque la résidence ou le lieu de travail sont éloignés des gares ? Les transports collectifs locaux y suffiront-ils ? L’habitat est très dispersé et les parkings coûteront cher, si tant est qu’il y aura du foncier utilisable auprès des gares. Les Vinci ne manqueront pas, mais pour quel prix d’aménagement et pour quel prix de stationnement ? Les lieux de travail sont certes plus concentrés dans les zones d’activités, mais celles-ci ne représentent que le quart, au mieux, de l’emploi total. Le bout en bout sans voiture multipliera par deux au moins le temps passé dans les déplacements.
    Deux pistes n’ont semble-t-il pas été explorées :
    1) La modernisation du tissu économique passe en grande partie par les incitations à la création d’entreprises. Pour une partie, des entreprises plus modernes, face aux mêmes marchés, font disparaître d’autres entreprises estimées condamnées. Il suffit que la moyenne d’âge des salariés soit plus élevée et que ceux-ci soient mieux payés, pour que l’entreprise plus jeune puisse vendre moins cher et lui rafler son marché. Il faut savoir aussi que nos capacités de production excèdent, en l’état actuel des choses, ce que le marché peut absorber. Il résulte de cette forte démographie des entreprises (créations ici, cessations là), un maelstrom non maîtrisé et une grande précarisation de l’emploi. On compense alors par des déplacements, l’impossibilité de faire un choix résidentiel proche d’emplois occupés de façon plus stable. Pourquoi ne pas chercher à modérer cette démographie des entreprises ?
    2) Qu’à cela ne tienne, avec la nouvelle infrastructure de transport, un habitant de Vitrolles qui perd son emploi à l’Anjoly, devrait pouvoir en trouver un autre aux Paluds à Aubagne, en passant sous la gare St-Charles. Tandis que son épouse qui travaille à Marseille pourra faire une partie du voyage avec lui. Le bonheur ! Voilà qui va rentabiliser (on sait que non) les nouveaux transports collectifs, ou en tout cas justifier ses subventions de fonctionnement (on est dans la même contradiction que pour le tri sélectif des ordures à la source : s’il réussit, la ramasse banale perdra une partie de son travail, de ses effectifs et amortira mal le matériel acheté). Ne serait-ce pas mieux de faciliter un changement de résidence pour Marseille ou Aubagne dans un cas comme celui de ce couple vitrolais ? Une priorité pourrait être réservée à ce cas de figure dans l’attribution des logements sociaux. Ou un accompagnement au déménagement.

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