Une marche blanche demande la “justice pour tous” dans les affaires d’homicides

Marche blanche pour soutenir les familles des victimes d'assassinats, organisée le 15 juin 2022 par l'association Alehan. (Photo : C.By.)

“Nous demandons plus de moyens policiers et judiciaires alloués au suivi des dossiers des homicides de nos proches. Il est grand temps que toutes ces familles puissent faire leur deuil.” Comme l’avocate Karima Meziene, dont le frère a été abattu à La Paternelle en 2016, environ 150 personnes ont défilé ce mercredi 15 juin en début d’après-midi, entre la Joliette et le palais de justice. Cette marche blanche répondait à l’appel de l’association Alehan qui accompagne une dizaine de familles de victimes d’assassinats.

Le défilé a pris la forme d’un cortège funéraire : plusieurs cercueils blancs aux noms ou initiales des victimes étaient portés par des proches et des amis, vêtus de tee-shirts blancs frappés de la phrase “justice pour tous”. “Après la mort de mon fils, je n’ai pas eu de justice, le dossier n’avance pas. Mais le fait que des gens compatissent, qu’ils soient venus pour nous soutenir cela me touche profondément”, glisse Samia (*) dont le fils a été assassiné en 2018. Non loin, précédant la marche, Bachir, papa de Sarah victime collatérale d’une fusillade et décédée à la Belle-de-Mai le 13 octobre 2020, ne cache pas son amertume face à l’institution judiciaire : “Le bouche-à-oreille va vite ici. Au bout de 48 h, je savais le nom de l’assassin de mon enfant. Je l’ai dit à la police. Pourquoi n’ont-ils rien fait ? Il faut que je rende justice moi-même ?”

“C’est devenu normal”

Deux garçons, la vingtaine, un bracelet électronique à la cheville, marchent côte à côte. Ils expliquent que les morts par balles et les règlements de compte sont devenus d’une banalité glaçante dans leur quotidien. “On connaît tous quelqu’un qui est mort comme ça”, témoigne le premier. “Il y en a tellement, souffle le second, cheveux mi-longs retenus en catogan, que c’est devenu normal.”

Après une minute de silence observée sur le Vieux-Port, le défilé a rejoint l’esplanade devant le palais de justice. Halima Boucetta, la présidente d’Alehan, souligne “la grande dignité des familles qui sont les premières victimes de ces drames.” Le collectif a aligné les cercueils, alors que Karima Meziene égrenait les noms de jeunes, morts à Marseille, mais aussi à Perpignan. Des familles de Lyon ou Montpellier sont aussi présentes.

“Cette marche ne vise pas à lutter contre les règlements de compte. Ça, c’est le travail de la police. Nous, nous voulons un véritable accompagnement des familles. C’est une honte de les laisser à l’abandon”, dit encore l’avocate. Outre un meilleur suivi judiciaire, l’association réclame le relogement immédiat des familles touchées par ce type de drames et l’élaboration d’un projet de loi qui prenne mieux en considération les parties civiles.

(*) Le prénom a été modifié

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