Un projet d'habitat groupé à Saint-Mauront soutenu par la mairie de Marseille

Un projet d'habitat groupé à Saint-Mauront soutenu par la mairie de Marseille

Terrain ds le 3e arrondissement de Marseille ch. gpe pr immeuble (15/18 log) bioclimatique en autopromotion. 12 rue Jullien, 1600 m2 (SHON), estimation (très provisoire) 2200€/m2 habitable. Pas de jardin mais possibilité de terrasse au sud. C’est cette annonce un peu atypique que passe en quelque sorte actuellement l’établissement public foncier (EPF) de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Intervenant déjà dans le quartier de Saint-Mauront via l’opération des Docks Libres et la rénovation urbaine du secteur Auphan-Charpentier, cette structure (qui s’occupe pour faire court d’acheter et de revendre des terrains pour des opérations d’aménagement) permet ainsi à une pratique encore confidentielle de débarquer à Marseille : l’habitat groupé en autopromotion. L’idée ? « Des personnes qui se regroupent car ils ne trouvent pas des réponses à leurs attentes sur le marché conventionnel », zappent la case promoteur (-20% sur la facture…) et deviennent leur propre maître d’ouvrage, résume Stefan Singer, gérant de Toits de choix, spécialisée dans l’accompagnement de ce type de projets.

Missionné par l’EPF (et la ville de Marseille, associée via une convention à toutes les opérations sur son territoire) pour faire le lien entre les possibles futurs habitants, il organisait ce mercredi une première réunion d’information, à laquelle assistait une quinzaine de personnes. Outre un aspect quasiment « à la carte » et souvent écologique, cette envie d‘ »habiter autrement, de ne pas fonctionner en tant que consommateur individuel d’un logement mais de créer des liens de coopération entre voisins », ouvre de nombreuses perspectives en terme de mutualisation : « salle polyvalente, chambre d’amis, atelier de bricolage, voitures ou jardin partagés, coopérative d’achat, système d’entraide entre voisins », énumère-t-il.

Un projet à grande vitesse

Une approche très répandue en Europe du Nord mais avant-gardiste – surtout avec une initiative publique – au niveau de l’Hexagone, où seuls quelques projets sont déjà sortis de terre. « C’est une chance incroyable », commente Philippe Kreitmann, de l’association Habitons groupés 13. Comme lui, plusieurs présents à la réunion ont déjà été ou sont membre d’un groupe. « C’est un grand problème en moins d’avoir déjà le terrain car souvent les groupes se construisent et se défont car ils buttent sur ce problème », confirme Stefan Singer. Outre l’obstacle du prix (et la proposition de l’EPF est de ce côté très alléchante), le facteur temps joue souvent contre les groupes. Si l’on ajoute le calendrier bien précis imposé par les acteurs publics, « on peut imaginer aménager dans deux ans et demi. Ce n’est pas du TGV, c’est du Concorde ! », s’exclame-t-il.

Face à Stefan Singer, quelques effrontés assez ironique sur le slogan « Marseille accélère » sont pourtant un peu sceptiques sur ce soutien public à cette pratique très alternative. « C’est une opportunité de diversifier la production de logement, de faire évoluer les mentalités », avance-t-on à la mairie, où le dossier a été validé en haut lieu. Et si la pratique reste « difficilement généralisable car assez compliqué à monter », en cas de succès de l’opération « cela permettra de la dupliquer », assure-t-elle. A l’EPF, Cécile Guis met en exergue « l’intergénérationnel, la mixité sociale. C’est aussi l’occasion d’avoir des gens qui adoptent un autre mode de vie, avec l’objectif de réduire le nombre et l’usage des voitures ». Et, dans ce quartier « en pleine mutation » elle estime que la démarche permet « d’avoir des personnes qui se placent dans une logique prospective ».

Retraité au fait de cette démarche de longue date (la France a connu une première vague très soixante-huitarde avant un black-out de vingt ans), Jean-Claude Gamot, 65 ans, et sa compagne ne se voient cependant pas y vivre. « Il nous faut de la verdure, et tout ça c’est trop loin, on ne peut pas attendre 10 ans ». Après l’enthousiasme de savoir qu’un projet se montait sur Marseille, elle a esquissé un mouvement de recul en apprenant la localisation. Mais Béatrice Couderc, 35 ans et salariée d’Envirobat Méditerranée, n’exclut cependant pas de se lancer dans l’aventure, tout en attendant « d’explorer davantage le quartier, voir le terrain, le groupe qui se constituera… ». « Je pense que cela va être un projet de jeunes, car ce n’est pas cher et ils sont peut-être plus susceptibles de se projeter », commente Stefan Singer. « Mais finalement nous n’en savons rien, c’est le groupe qui se formera qui le dira si ce sera un projet de jeunes, de personnes âgées ou mixte. A eux de jouer maintenant »

Pratique : trois autres réunions d’informations sont organisées les 26 octobre, 16 novembre et 7 décembre, à la Place du Village (4 rue des Tyrans, 7e). En parallèle, pou
r ceux qui sont déjà sûrs de vouloir aller plus loin, trois journées d’atelier sont prévues d’ici fin 2011. Toits de Choix et EPF seront également présents au salon Ecobat (21 au 23 octobre au parc Chanot). Plus d’informations sur le site de Toits de Choix.

Vidéo : l’habitat groupé, nouveau mode de vie écologique et collectif, sur Marsactu