Sylvie Andrieux, le procès d'un système clientéliste
Sylvie Andrieux, le procès d'un système clientéliste
L'an dernier, au soir du second tour des élections législatives, Sylvie Andrieux avait vécu sa victoire comme une revanche contre son propre parti. A dix jours du premier tour, elle qui avait dû faire découper ses affiches de campagne pour y retirer le poing et la rose. Le PS lui avait retiré son investiture pour cause "d'exemplarité" après son renvoi en tribunal correctionnel pour "détournement de fonds publics". Depuis, elle siège au Palais Bourbon au sein du groupe socialiste, tout comme au conseil municipal et à la communauté urbaine de Marseille.
Ce n'était évidemment que partie remise en attendant le second défi : le procès qui s'ouvre lundi. Le risque est grand pour la députée qui risque non seulement de perdre le siège qu'elle occupe depuis 1997, mais également une peine de dix ans d'emprisonnement, 150000 euros d'amende et cinq ans d'inégibilité. Signe de l'ampleur du dossier, où elle voisinera avec 21 prévenus, le procès s'étalera jusqu'au 22 mars.
L'objet tient en quelques lignes du juge d'instruction Franck Landou, qui soupçonne le "détournement par Sylvie Andrieux de ses pouvoirs de vice-présidente du conseil régional Paca déléguée à la politique de la ville afin de constituer à des fins personnelles une clientèle influente dans sa circonscription électorale en octroyant à certains individus influents des subventions au bénéfice d'associations fictives".
Les audiences successives devraient suivre le fil depuis ce qui a en premier attiré l'intérêt de Tracfin, service rattaché au ministère des finances, en juin 2007 : des mouvements financiers entre des associations, des entreprises et les comptes de leurs dirigeants. Dans l'esprit de la justice, quatre des prévenus auraient joué un rôle prépondérant dans la création d'une quinzaine d'associations fictives, le recrutement moyennant finances de dirigeants "de paille" et le montage de dossiers de subventions appuyés par des fausses factures.
"Je devais dire que j'étais content de l'action socialiste"
Mais obtenir le versement de plus de 700 000 euros du conseil régional et 200 000 euros du conseil général à des structures bidon pose la question d'un relais. C'est ce rôle charnière qui est attribué à Rolland Balalas, secrétaire général du groupe PS au conseil régional et attaché parlementaire de Sylvie Andrieux. Il est à la fois renvoyé devant le tribunal pour escroquerie pour une aide apportée au remplissage des dossiers de demandes de subventions et pour détournement de fonds publics pour avoir facilité leur passage des étapes au sein du conseil régional avant le vote et le paiement.
Interrogé par les enquêteurs, le fils de Théo Balalas, jusqu'à récemment chargé des adhésions au PS aux côtés d'Alexandre Guérini, n'a pas fait dans la langue de bois. Ainsi à propos de Benyoub Same, la cheville ouvrière supposée d'un des deux réseaux d'associations : "Comme c'est quelqu'un qui avait fait le bordel dans son quartier de Font Vert – Picon en 2001 contre elle, j'en ai parlé à Sylvie Andrieux qui préférait l'avoir avec plutôt que contre. La contrepartie de ce retournement était de lui verser des subventions qu'il demandait par le biais d'associations". Une "contrepartie" dont l'intéressée se dira bien entendu ignorante.
L'autre tête de réseau, Boumédiene Benamar, a détaillé le contenu de son action lors des campagnes législative et municipale de 2007 et 2008 : "J'ai donc collé des affiches pour M. Balalas. Je participais à des repas dans les maisons de retraites. Des journalistes venaient. J'avais pour mission d'intervenir quand il y avait des débats où je me présentais comme étant sorti du quartier de la Busserine et où je devais dire que j'étais content de l'action socialiste. Chaque fois qu'un élu passait dans le quartier, Roland Balalas m'appelait, je devais être présent". Une chance pour elle, la députée n'apparaît pas ici comme donneuse d'ordre.
Ligne R950 et liste CA
Reste à savoir comment la fraude a pu franchir les filtres. L'histoire ne dit pas pourquoi et avec quel appui le CG13, partie civile dans l'affaire, est tombé dans le panneau. Mais au conseil régional de nombreuses déclarations au sein du groupe socialiste et des services se tournent vers Sylvie Andrieux. Idée accréditée par le caractère très particulier de sa délégation et la manière dont elle débloquait des fonds. Initiée par l'Etat, la politique de la ville est devenue au fil des années muti-partenariale, avec de nombreux dispositifs contractuels aux sigles variés dans lesquels chaque collectivité jouait sa propre partition. Le service régional "politique de la ville" se consacrait aux cinq premières lignes budgétaires multipartenariales.
La dernière ligne budgétaire connue sous le nom cryptique R950 – "politique régionale des villes" pour le grand public – était laissée presque sans contrôle, en tout cas sans critères. Pour ne rien arranger, les dossiers arrivaient souvent "par cartons entiers" peu de temps avant la séance où ils devaient être votés. Parmi ceux-ci, certains étaient "signalés", c'est-à-dire poussés par un élu, dont "une part très importante" l'était par Sylvie Andrieux, a affirmé un fonctionnaire qui sera lui aussi du procès. C'est le sens de cette autre sigle impénétrable pour le béotien, la liste CA, où elle portait de sa main des commentaires divers sur les demandes de subventions.
Deux communicants en renfort
A-t-elle utilisé à son profit ce fonctionnement idéalement taillé pour financer des associations qu'elle savait frauduleuses ? C'est ce qu'elle devra s'attacher à démentir. Et c'est ce qu'elle a commencé à faire, après une cure de silence médiatique sur cette affaire, dans une interview au Parisien (lien payant). Le discours est déjà rodé, sous les bons conseils de l'ancien procureur Laurent Davenas, secondé par Christophe Reille, spécialiste de la "communication sous contrainte judiciaire". En attendant la défense face au tribunal, à qui elle entend démontrer que le dossier est "vide".
S'il n'est nullement inquiété judiciairement et ne sera présent à la barre que comme témoin, le président Michel Vauzelle pourrait cependant pâtir politiquement du procès. Avant même toute fraude, la manière dont étaient distribués sans critères environ 15 millions d'euros par an (les 3/4 du budget régional de la politique de la ville) pose en effet question. La critique pourrait même remonter jusqu'au maire de Marseille Jean-Claude Gaudin. Lorsqu'il était président de région, il avait pris l'habitude pour faire passer des dossiers clés de négocier avec la présidente du groupe socialiste, qui disposait d'une minorité de blocage entre 1992 et 1998. Des accords politiques où les subventions sur sa circonscription n'étaient peut-être pas totalement absentes…
Commentaires
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“Reste à savoir comment la fraude a pu franchir les filtres. L’histoire ne dit pas pourquoi et avec quel appui le CG13, partie civile ……….”
A la lecture de votre article je me demande si pour Cg 13 ,n y a t il pas une erreur,ne sommes nous pas au conseil régional paca?
Ricou 24.
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Allez, je prends les paris.
Relaxe pour la députée, au pire un rappel à la loi.
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A peu de distance, et dans le même tribunal,on va pouvoir se faire une idée très precise de comment fonctionne notre justice.
Le procès Queyras avec ses peines très lourdes ,il y a pa si longtemps.
Et une affaire pas moins importante,ou une elue de la république doit s’expliquer, pour des faits qui paraissent tout aussi scandaleux.
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Soyons précis, Davenas n’est pas secondé par Reille mais c’est le contraire.
Je voudrais préciser aussi que Balalas, qui était huissier à l’hôtel de Région, n’est entré au service d’Andrieux qu’en 2007 comme attaché parlementaire à temps partiel, c’est à dire au moment où Tracfin a lancé son alerte en juin 2007 (c’est donc que les malversations sont antérieures). Le seul lien entre les responsables d’association et la Région, avant 2007, c’est Balalas. Balalas, qui avait aussi ses entrées au CG13, par son père.
Enfin, il est avéré qu’Andrieux n’a pas profité personnellement de l’argent détourné (pas d’enrichissement personnel a reconnu la justice). Reste le soupçon de clientèlisme. Il faudrait donc regarder les bureaux de vote des quartiers soi-disant contrôlés par ces dirigeants d’association pour voir si dans les différentes élections il y a une évolution significative et que ces bureaux ont un poids dans la totalité du scrutin. Ceci reste à démontrer.
Autre information manquante dans cet article, c’est que d’autres témoignages de responsables de l’hôtel de Région sont en faveur de Sylvie Andrieux, et ces témoignages ne sont pas pris en compte (je suis en mesure de communiquer les noms de ces personnes, mais puisque vous utilisez des témoignages de “fonctionnaires” anonyme, permettez que je fasse de même).
Je crois que ce procès apportera un nouvel éclairage sur cette affaire, en particulier pour les journalistes qui se recopient les uns et les autres, sans faire de travail d’investigation. Je conseille à tous de lire Bakchich pour comprendre un peu mieux cette affaire. Xavier Monnier est le seul qui a fait une vraie enquête sur ce dossier :
http://www.bakchich.info/france/2009/02/11/paca-la-gauche-caviarde-54690
http://www.bakchich.info/france/2009/06/04/marseille-les-soucis-de-nono-guerini-55490
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Parmi ceux-ci, certains étaient “signalés”, c’est-à-dire poussés par un élu, dont “une part très importante” l’était par Sylvie Andrieux, a affirmé un fonctionnaire qui sera lui aussi du procès. C’est le sens de cette autre sigle impénétrable pour le béotien, la liste CA, où elle portait de sa main des commentaires divers sur les demandes de subventions.
Ce passage est ambigu :
1- la très grande majorité des dossiers de subvention ne sont pas frauduleux (90 %)
2- Ces associations non frauduleuses sont d’un intérêt certain pour la population
3- Il n’y a rien a reprocher à un élu qui accompagne et “pousse” les dossiers de ces association d’intérêt public, c’est même son rôle.
4- la présentation qui est faite des choses suggère qu’Andrieux n’a poussé que des dossiers frauduleux par pur intérêt.
Tout est une question de présentation des choses. Là je trouve que c’est un peu limite et orienté.
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Quel que soit l’issue du procès…
on retiendra que la seule politique Métropolitaine crédible en terme de “politique de ville” sera peut-être celle qui créera un dispositif UNIQUE au sein d’une SEULE Institution Régionale .
Il nous faut de la cohérence et de visibilité. Or, c’est loin d’être le cas : actuellement , personne, y compris la cours de compte ! ,n’est en mesure d’évaluer les montants exacts colossaux alloués chaque année par toutes ces institutions réunies pou cette ” politique de Ville” (terme générique dans lequel on met beaucoup de choses…)
Que prévoit exactement le projet LEBRANCHU pour mutualiser les dispositifs et responsabiliser les Présidents ?
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Je me souviens de l’article faisant état de la déclaration de candidature de Maitre Hacen Boukhelifa aux futures primaires de gauche pour les municipales de Marseille. Le forum ouvert à la suite de cet article avait été exemplaire. Chacun avait fait ses petites recherches dans son coin, et la personnalité du Maitre était apparue au grand jour…avant que des putain de trolls et/ou l’intéressé ne monopolisent le forum, et ne pourrissent ce dernier. (le forum, bien sûr). Bis répétita avec S Andrieux.
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C’est triste à dire, mais la majorité des élus en responsabilité de lignes budgétaires procèdent de la même façon. Il est aujourd’hui encore plus facile de faire avancer un dossier de subvention bidon mais bien appuyé, qu’un dossier avec du fond et un réel intérêt. Ce qui prévaut la plupart du temps va être l’intérêt de l’élus et ce qu’il peut espérer en retirer au plan électoral. Il en va de même des recrutements dans ces différentes institutions. C’est rarement l’intérêt collectif qui est visé.
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ON ACCUSE TOUJOURS LE CG13 POURQUOI NE DECORTIQUE T ON PAS LE SYSTEME DU CONSEIL REGIONAL QUI PONCTIONNE 730 EUROS PAR HABITANT ALORS QUE LE CG13 N EN PREND QUE 340 E PAR HABITANT ET POURQUOI DONC ON NE FAIT PAS D ENQUETES SUR LE CONSEIL REGIONAL QUI NE FAIT PAS DE CADEAUX DUS SI ON N’EST PAS “SPONSORISE” PAR UN ELU ..ET QUI PONCTIONNE PLUS DU DOUBLE DU CG13 .. MERCI DE TOUTE REPONSE
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cher Monsieur VINZENT,
votre tentative d’aller chercher un élu d’un bord différent à madem ANDRIEUX, dans notre cas GAUDIN, est pour le moins tiré par les cheveux.
Evoqué sans aucune autre preuve que votre seule parole des faits supposés de GAUDIN au Conseil Régional en 98, c’est difficielement compréhensible.
Pourquoi vous faites ça??
15 ans après, d’une part il y a prescription judiciaire, d’autre part, si vous av(i)ez des infos tangibles, il fallait écrire un article à l’époque.
Vous étiez peut etre un peu jeune, alors ne dites pas n’inporte quoi, en relayant les mensonges de vos ainés.
Vous nous avez habitué à plus d’objectivité journalisitique
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Le contrôle d’utilisation des subventions et les modalités de déblocage des fonds lorsque l’association doit faire l’avance ne sont pas très fonctionnels et laissent la porte ouverte à de petites dérives qui parfois devenues grosses se voient et paf !
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Dans cette affaire il y a 2 choses :
1/ la culpabilité judiciaire de Sylvie Andrieux. Ces gens là sont malins, et lorsqu’ils sont border-line, ils font attention, donc difficile de les coincer avec des preuves
2/ des faits avérés sont consternants et d’autres accablants pour une élue, qui plus est se prétendant de gauche :
– fricoter avec Balalas père et fils !!!
– donner des “avis favorables” à des truands notoires de quartier, pour des associations bidons alors qu’elle se targue de connaître, et qu’elle connaît sa circonscription à fond ???
Beaucoup de gens se font une idée totalement différente du socialisme, et avec un minimum d’amour propre et d’estime de soi, cela réclame au minimum démission. Las, la belle surfe sur la misère et malsainement sur le bon peuple qui à juste raison ne vote pas en majorité FN
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Vous êtes tous bien naïfs et ignorants. Sylvie Andrieu a agi par facilité. Elle avait les moyens à titre PERSONNEL de payer ces associations. Elle a préféré prendre l’argent de la Région. Il y a une forme de cupidité dans son calcul. Chacun sait que se concentraient sur son secteur environ 90 % ( oui 9/10ème) du budget régional de la politique de la ville et alors qu’elle était aussi président du groupe socialiste régional les fonctionnaires zélés qui’ lont servi attendaient en retour des PROMOTIONS.
Il y avait là l’exact reproche d’un système corruptif clientéliste parfaitement décrit par le parquet.
CQFD
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Dans cette affaire, Mme Andrieux n’a eu qu’un seul tort : faire confiance au nommé Roland Balalas au pédigree douteux…Elle est élue dans un secteur où la gauche fait 70 à 80 % des voix dans les cités quelle que soit l’élection et n’avait aucunement besoin d’acheter des voix comme le clament ses accusateurs à la moralité douteuse puisque tous sont connus très défavorablement des services de police. Son avocat a rappelé qu’elle n’avait aucune délégation de signature. D’autre part une député vice-présidente de région a autre chose à faire que de contrôler les factures des associations de quartier : c’est le rôle des fonctionnaires des services de la Région qu’il ne faut pas accabler non plus : devant le nombre de dossiers à contrôler, je suppose que les services procèdent comme dans toutes les collectivités de France par échantillon. Ce procès doit être celui de voyous qui ont profité des failles d’un système de contrôle et non pas celle d’une élue.
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voilà le système qui finira par faire gagner le Front National. Et après on se dit de gauche. Le PS n’a qu’un but entretenir l’insécurité faire monter le FN pour gagner face à l’UMP. Sauf que là l’héritière du copain à DEFERRE a donné l’argent des destinés aux enfants des habitants des cités à des voyous avec un casier long comme le bras. Des élus comme Andrieux pensennt vraiment qu’on peut acheter le vote dans les quartiers du 13/14 dommage ! pour les habitants….
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