Stéphane Ravier ou la position du missionnaire

Stéphane Ravier ou la position du missionnaire

Le visage fermé, d'un salut militaire, il jauge l'assistance de l'auditorium du parc Chanot. Stéphane Ravier fait face à un petit millier de personnes assez grisonnant ce dimanche après-midi. Une petite blague pour commencer, comme toujours : "La dernière fois, en 2010, avait lieu en même temps le salon de l'érotisme. Aujourd'hui, il y avait un colloque sur la sexologie. Les conclusions sont claires : faire l'amour et militer au Front national, ça donne une meilleure santé."

Stéphane Ravier se retrouve dans la position du missionnaire. Il est l'un des 596 soldats au service d'un destin souhaité bien plus grand. C'est ce qu'est venu rappeler Marine Le Pen ce dimanche après-midi à Marseille. Ces municipales sont pour elle un marchepied vers de futures échéances qu'elle regarde avec gourmandise. C'est d'ailleurs peut-être en ce sens qu'il faut lire l'absence de projet municipal solide au Front national.

Bien sûr, il y a les formules d'usage et Le Pen fille joue (elle aussi) de l'anaphore pour décrire son candidat : "Seul Stéphane Ravier s'intéresse à la vraie vie des Marseillais, seul Stéphane Ravier n'augmentera pas la fiscalité locale et les dépenses, seul Stéphane Ravier assurera la transparence dans l'attribution des logements sociaux, seul Stéphane Ravier arrêtera de subventionner les associations communautaristes, seul Stéphane Ravier défendra la laïcité dans les cantines scolaires, seul Stéphane Ravier agira contre les installations sauvages de nomades." Mais l'essentiel est ailleurs, en tout cas au-delà du scrutin de dimanche prochain.

Ravier stigmatise les "Français d'origine étrangère"

"Aux municipales, avec nos 596 listes, un tiers des Français pourra voter Front national, estime Marine Le Pen. Mais aux européennes, tous les Français pourront dire non à l'union européenne et oui à la France." La chef de guerre du Front national a bien une autre élection en tête, la présidentielle : "Les pouvoirs des maires sont limités mais notre victoire dans de nombreuses villes possède un effet d'accélérateur pour notre conquête".

La critique globale de "l'UMPS" entre mauvais bilans des uns et casseroles des autres fait le lit de son discours comme, avant elle, de celui de Stéphane Ravier. Mais le candidat marseillais a d'autres adversaires, encore plus à même de soulever les foules frontistes contre eux. "Je dis aux Français d'origine étrangère […] Retroussez-vous les manches comme les précédentes générations l'ont fait, arrêtez les trafics, déposez les armes, bougez-vous, arrêtez vos conneries; emmenez vos enfants à l'école et surtout, aimez ce pays, aimez la France", lâche-t-il sous les vivats.

Pas de doute, à une semaine du premier tour, Stéphane Ravier se recentre sur ses bases, celle-là même qui l'avait amené à s'auto-désigner "député des noyaux villageois" contre les cités. Après avoir bu une coupe de champagne en coulisses avec ses colistiers et la patronne, Ravier, tout sourire confie : "Marine Le Pen m'a félicité pour mon discours notamment pour mon adresse aux Français d'origine étrangère". En cas de réussite à cette élection, ce qui voudrait dire au moins un groupe charnière aux municipales, le Front national imagine pouvoir être le poil-à-gratter de Gaudin : en interne on en fait le favori de l'élection. Si cet objectif était atteint, le fier soldat pourrait aussi espérer prendre du galon.