Sophie Joissains “regrette” d’avoir voté pour Martine Vassal à la tête de la métropole

Actualité
le 17 Jan 2023
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Lors de ses vœux à la presse, la maire d'Aix-en-Provence a présenté les grands chantiers aixois pour 2023. Mais elle a également longuement listé ses griefs contre la métropole Aix-Marseille Provence et sa présidente, Martine Vassal.

Sophie Joissains, maire (UDI) d
Sophie Joissains, maire (UDI) d'Aix-en-Provence, lors d'une rencontre avec la presse le 16 janvier 2023, à l'hôtel de ville d'Aix. (Photo C.By.)

Sophie Joissains, maire (UDI) d'Aix-en-Provence, lors d'une rencontre avec la presse le 16 janvier 2023, à l'hôtel de ville d'Aix. (Photo C.By.)

Ne pas se fier à son air calme et à son phrasé pondéré. Lorsque Sophie Joissains, maire (UDI) d’Aix-en-Provence veut transmettre un message, elle peut le faire sans retenir ses coups. Preuve en est la rencontre avec la presse, sur fond de vœux de début d’année, organisée ce lundi en mairie d’Aix.

Ce rendez-vous a, d’abord, été l’occasion d’égrainer les événements qui ponctueront l’année aixoise : des travaux à la bibliothèque Méjanes, à la livraison de nouveaux équipements sur le complexe sportif Georges-Carcassonne, en passant par la volonté de poursuivre le passage de l’éclairage public en LED et le désir d’étendre le réseau de bus à haut niveau de service (BHNS) en direction du pôle d’activité d’Aix-Les Milles et de la Duranne

Un inventaire durant lequel Sophie Joissains pousse quelques soupirs. D’agacement plus que de résignation. Car en matière de mobilité, comme de développement économique, par exemple, c’est la métropole Aix-Marseille Provence et non sa commune qui a la main. Une nouvelle occasion pour s’offusquer que l’institution valide un projet de BHNS du Pont-de-l’Arc au Val Saint-André qui, à ses yeux, “n’a pas beaucoup d’intérêt”.

Cheval de bataille maternel

La métropole. C’est LE sujet, Sophie Joissains en convient. Sa sempiternelle épine dans le pied. Elle l’a d’ailleurs abordé avec Emmanuel Macron lors de sa visite au Camp des Milles en décembre dernier. L’occasion pour la fille de Maryse Joissains (Les Républicains), qui lui a succédé dans son fauteuil de maire le 1er septembre 2021, d’enfourcher le cheval de bataille maternel et de partir ferrailler contre le “monstre” métropolitain. Dans un style moins truculent que sa mère, peut-être, mais pas moins efficace pour ce qui est des punchlines.

La critique commence mezzo voce. À la métropole, “je croise des vice-présidents, j’envoie beaucoup de courriers et je ne reçois pas toujours de réponses”, glisse Sophie Joissains, dans un sourire. Derrière la courtoisie de mise, les couteaux sont pourtant tirés. “Je conteste le pacte financier et fiscal issu des négociations à la métropole, cadre la maire d’Aix qui dénonce un plan déséquilibré dans les dotations aux communes. La sienne comme d’autres s’en trouvent largement lésées, argue-t-elle.

Hausse des taxes

Plus globalement Sophie Joissains dénonce, comme sa mère l’a fait avant elle pendant des années, une métropole “mal gérée, endettée à hauteur de 3 milliards d’euros” qui vampirise les communes, les vide de leur substance et de leurs équipements. “Au final, il va falloir aller chercher 40 millions d’euros de fiscalité dans les poches des contribuables. Je suis contre”, s’irrite-t-elle en dénonçant notamment la hausse de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères décidée par l’exécutif de la métropole. Dans le pays d’Aix, l’impact devrait être de 92 euros supplémentaire par contribuable en moyenne.

Il y a eu une trahison, donc il y a des problèmes de personne.

Sophie Joissains

Celle qu’elle pointe, sans directement la nommer, c’est évidemment Martine Vassal présidente (DVD) de la métropole comme du département. Sophie Joissains regrette-t-elle d’avoir permis son élection à la tête de la métropole après l’échec de Martine Vassal aux municipales de 2020 ? “Sincèrement, oui”, répond-elle avec une franchise pas si courante en politique. “Elle avait été élue sur un programme, sur la protection des communes, des habitants, des entreprises. Elle ne respecte pas ce programme et au contraire va taper dans la poche de tout le monde.”

Elle ajoute : “Oui, il y a eu une trahison, donc il y a des problèmes de personne. Mais au fond ce n’est pas là que réside le problème. Le problème c’est qu’on est face à une institution mise en place sans les financements nécessaires au fonctionnement de ses compétences.” Sur ce point, son constat rejoint celui de la chambre régionale des comptes, qui s’est récemment penché sur les finances métropolitaines. À ceci près que pour les magistrats, c’est la savante accumulation de reversements aux communes, et principalement celles du pays d’Aix, qui prive l’institution de ses moyens.

“Solidarité envers Marseille”

Pour autant, la maire d’Aix ne regrette pas l’effort métropolitain finalement consenti à l’égard de Marseille. “Personne ne conteste la solidarité envers Marseille, mais c’est tout le territoire qui va vers la paupérisation”, pique-t-elle encore. Sur Benoît Payan, qu’elle dit apprécier, la première magistrate se montre bienveillante. “Le gouvernement et la métropole ont passé un accord pour que la Ville de Marseille dispose d’un droit de véto sur la répartition des compétences. La Ville de Marseille n’a pas exercé son droit de véto mais a négocié des moyens supplémentaires pour sa voirie. Je comprends le maire, quand on voit l’état de la voirie à Marseille… c’est légitime. Ce qui l’est moins c’est d’exercer une forme de chantage. Mais la loi 3DS le permet. Beaucoup de maires auraient fait la même chose à sa place”, analyse l’Aixoise.

Ce vent de fronde qui souffle depuis belle lurette depuis Aix, Sophie Joissains affirme le sentir grossir ailleurs. Elle se défend d’être isolée politiquement au sein de la représentation métropolitaine, suite au départ des élus aixois du groupe politique majoritaire. Elle assure au contraire “parler en off” à de nombreux maires du territoire. Ils sont aussi mécontents qu’elle, dit-elle, mais également jaloux de conserver leurs attributions de compensations métropolitaines et autres aides aux communes versées par le département des Bouches-du-Rhône. “Mais un jour ou l’autre, on ira piocher dans ces attributions de compensation. Cela finira par arriver”, prévient-elle. Pendant que la mère, Maryse, écrit un livre sur son parcours, qui reviendra forcément sur les meilleurs épisodes de la vie métropolitaine, la fille s’emploie à fustiger la vision “politique peau de chagrin” de ses homologues. Ira-t-elle jusqu’à contester le leadership de Martine Vassal dans l’hémicycle métropolitain ? Finaude, elle fait une réponse qui ne veut pas insulter l’avenir : “On verra.”

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Commentaires

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  1. Dark Vador Dark Vador

    “Pour les magistrats, c’est la savante accumulation de reversements aux communes, et principalement celles du pays d’Aix”… Que veut elle de plus la Princesse Sophie? Devenir Reine, évidemment. Pauvre institution, on n’est pas sorti de l’auberge les amis.

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  2. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    Vassal s’est payée la soumission du Pays d’Aix à grands coups de fonds métropolitains, et cette chère Sophie s’en plaint ? Celle qui a été mise sur le trône Aixois comme ça, parce que c’était logique ?

    Quelle hypocrisie, elle et sa poissonnière de mère, de critiquer sans cesse l’institution qu’elles s’appliquent depuis tant d’années à vampiriser pour garantir la pérennité de leurs emplois qui n’en sont pas.

    Ces gens sont à vomir.

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    • Zumbi Zumbi

      Apparemment, le mot “poissonnière” est une insulte pour vous. J’espère que vous n’achetez jamais de poissons — à moins que vous n’insultiez aussi le boucher, la boulangère, la fleuriste, le buraliste… C’est une pathologie comme une autre, mais qui risque un jour de vous valoir une paire de baffes bien méritée.

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  3. chouze chouze

    La fille a maman……..

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    • chouze chouze

      sans sa maman serait elle sur cette fonction on va dire?? La question est posee.

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  4. Marc13016 Marc13016

    “Comment ça, plus de siphonage des budgets métropolitains au détriment de Marseille ? Mais c’est un scandale … On m’avait pourtant promis que ça continuerait éternellement ! “.
    Va falloir s’y faire, Princesse ! (et inutile d’appeler Maman, ça marche plus comme ça …).

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  5. Richard Mouren Richard Mouren

    On n’est jamais déçu par une(e) Joissains. Toujours cet art familial de faire rebondir les polémiques.

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  6. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Joissains fille a beau être contestable sur bien des points, elle a beau avoir “hérité” de son siège de maire grâce à Maman (et aussi un peu papa, ancien maire, on a tendance à l’oublier) ou avoir été élue sénatrice grâce aux grands électeurs de Maman et de ses vassaux du Pays d’Aix, ou bien élue à la région par l’entremise de Muselier en étant très bien positionnée, elle me plait. Car elle emmerde Martine. Comme avait dit Khremeier, Martine a réussit tout ce que les gouverneurs généraux et comtes de Provence n’ont jamais pu faire pendant des siècles : unir Aix et Marseille.
    Vas-y Sophie, continue.

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