SNCM : la commande des nouveaux navires attendra encore
Une portière qui claque : la représentante de l'Etat au conseil de surveillance de la SNCM s'engouffre dans un taxi. Sur ses talons, le PDG de Veolia Transdev, Jean-Marc Janaillac lui emboîte le pas, se refusant à tout commentaire sur l'issue du vote : "Demandez au président du conseil de surveillance !" La réponse est tombée un peu avant sur Twitter sous la plume véloce du représentant CGT des sédentaires de la compagnie, Jean-François Simmarano :
En effet, le conseil de surveillance réuni au parc Chanot devait donner mandat au directoire de l'entreprise pour commencer à discuter avec le chantier STX de Saint-Nazaire en vue de la commande des quatre navires de nouvelle génération, essentielle au plan de sauvetage à long terme de la compagnie maritime. Or, après avoir expédié la formalité de la validation du procès-verbal de la précédente séance, le conseil a buté dès ce deuxième point mis à l'ordre du jour. Après plusieurs heures de discussion, la représentante de l'Etat a décidé de s'abstenir, laissant la majorité des voix aux représentants des actionnaires Veolia Transdev, hostiles au plan de long terme validé en septembre dernier par ce même conseil. La séance s'est arrêtée là, laissant en suspens la demi-douzaine de points de l'ordre du jour qui restaient à examiner. Ils le seront le 7 mars prochain, date à laquelle se poursuivra le conseil, cette fois-ci à Paris.
Le président du conseil de surveillance de la SNCM, Gérard Couturier, est venu expliquer ce contretemps sans apporter de réponse très précise sur ses raisons : "L'Etat recherche des précisions avant de prendre sa décision". Poussé à répondre plus précisément, Gérard Couturier évoque entre autres le renforcement "de la structure financière qui pourrait porter ce projet. Mais il y a aussi des questions d'ordre technique, de prix de revient et d'exploitation des navires".
Du côté des syndicats, le secrétaire général de la CGT marins, Frédéric Alpozzo, dit rester "vigilant" quant à la mise en oeuvre de la commande des navires auprès de STX : "C'est un peu comme quand vous achetez une maison, il faut bien bloquer la commande des navires avant la concrétisation de son financement". C'est le représentant CFE-CGC des actionnaires salariés, Maurice Perrin, qui se fait le plus virulent : "La France ne peut pas se permettre ce déni permanent de la parole publique. Par sa défaillance, l'Etat déjuge la parole du premier ministre, Jean-Marc Ayrault et du président Hollande".
L'État attend le montage financier
Du côté de l'Etat, on ne semble pas prêt à entrer dans le concret d'une offre auprès d'un chantier naval sans avoir validé le schéma de financement, porté par la Caisse des dépôts et la Banque publique d'investissement. A partir du 8 janvier, date de la réunion au ministère qui a mis fin au conflit social, les deux entités avaient deux mois pour trouver un montage financier durable. Cela nous amène tout droit à la date du 7 mars, voire plus loin si les hypothèses de montage financier ne tiennent pas.
Pour les partisans du plan long terme au contraire, il y a urgence à passer à l'acte. La lettre d'intention qui aurait donné mandat à la direction de la SNCM aurait pour effet de bloquer une date et une durée de chantier. "C'est ce qu'a fait Britanny ferries [en janvier], remarque Maurice Perrin. Et cela sans avoir finalisé son plan de financement". Pour lui, tout délai fragilise la mise en oeuvre du plan long terme et le scénario vertueux d'une double relance, à la fois de la SNCM et de l'outil industriel français, souhaitée par le gouvernement. "La date du 7 mars est compatible avec les délais du plan long terme", nuance Gérard Couturier.
Si le renouvellement de la flotte est une obligation de survie pour l'entreprise, le plan long terme lui-même n'est pas vécu au sommet de l'Etat comme une feuille de route qui s'impose à tous. Il ne règle pas la question de la double amende européenne de 440 millions d'euros qui pèse sur l'avenir de la compagnie. Il ne règle pas non plus la question durable de l'actionnariat et de la présence de Veolia en son sein. Plus que la compagnie elle-même, c'est l'emploi que l'Etat cherche à sauver en priorité, quitte à ce que la SNCM cesse d'exister dans sa forme actuelle. Une thèse difficile à exposer en plein débat des municipales où les candidats font feu de tout bois.
"Les atermoiements du gouvernement vont aboutir à l'impossibilité de réaliser ces objectifs et conforter les actionnaires de Veolia Transdev dans leur volonté de déposer le bilan de l'entreprise, s'est ému le premier adjoint au maire Roland Blum, par voie de communiqué. Le gouvernement doit donc changer d'attitude, faire preuve de responsabilité et jouer son rôle d'actionnaire en faisant voter cette lettre de commande lors du prochain conseil de surveillance du 7 mars". Prochain épisode du feuilleton dans quelques jours. Comme toute bonne telenovelas, celui de la SNCM ne donne jamais l'impression qu'un heureux dénouement est pour bientôt.
Commentaires
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Je crois surtout que le gouvernement à compris que la victoire de Mennucci était compromise, et par conséquent il ne veut pas s engager dans un plan que l État à termes ne pourra pas soutenir…si Mennucci était sur le point de l emporter , le gouvernement aurait donné le change, même à contre cœur , mais la il ne fait même plus l effort de lui témoigner son soutien… Et aux salaries de la SNCM non plus…
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exact!! pas de mennucci à la mairie, pas d’argent pour la sncm, merci cuvellier, caseneuve et surtout bravo ayrault!!!!!
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SNCM est foutue.
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SNCM LE PROBLÈME N’EST PAS MARSEILLO-MARSEILLAIS
Limiter les difficultés de la SNCM à un enjeu municipale à Marseille, est une grave erreur d’analyse. Le sabotage, organisé, de la SNCM dure depuis trop longtemps pour que l’on puisse imaginer qu’il est circonscrit à la région marseillaise, voir à la Région PACA. C’est, d’abord un problème entre la Corse et l’État. Ce dernier entend faire des économies sur les subventions maritimes. C’est fait. Depuis le début janvier, le service public coutera moins cher aux caisses de l’État. Tant pis, s’il coutera plus cher aux passagers. Ce qui est plus incompréhensible, en apparence, c’est cet acharnement à couler la SNCM, malgré les économies déjà réalisées. L’explication est pourtant simple. Pour enfoncer l’ex compagnie publique, depuis tant d’années, cela n’a pu se faire qu’en aidant les deux autres concurrents (la CMN et la Corsica Ferries). C’est l’heure du renvoie d’ascenseur. Il est vrai que les municipales pèsent dans le débat Mais c’est un poids conjoncturel. Les initiateurs du sabotages ne veulent pas ajouter de l’huile sur le feu qu’ils ont allumé.
Reste t-il une chance, même minime, de voir la parole de l’État enfin respectée? On peut en douter. Le réveil, plus que tardif, des candidats marseillais (de droite à gauche) est une des illustrations de cette ambiguïté. Comment, Messieurs Gaudin et Menucci ne savaient pas? Si c’est oui, ils sont incompétents. Si c’est non, ils sont complices… hypocrites. Pourtant, les élites et édiles marseillais devraient s’inquiéter. Alors que les nationalistes corses demandent la “corsisation des emplois” (à la SNCM) et sachant qu’il n’y aura pas d’emplois, mais des suppressions de postes, on s’achemine bien vers une “marseillisation” du chômage. Sur quels critères seront définis les suppressions d’emplois? La réponse est donnée par le responsable du STC (Syndicat des Travailleurs Corses), organisation nationaliste. “il ne faut pas mettre les employés corse dans le plan de suppression d’emplois”. Alors qui sera “viré”? Les autres, pardi. En encourageant la non mise en place de l’achat de navires, l’État sait ce que cela va donner. On peut ajouter, il sait à qui il va… donner. Le président de l’exécutif de la Corse ne s’y trompe pas. Il n’y a qu’à lire ses tweets moqueurs et rageurs. Il semble se satisfaire, parfaitement, d’un naufrage.
Pour les tweets vous pouvez lire ici:
http://corse.france3.fr/
Pour la “marseillisation” des emplois, vous pouvez voir là:
http://www.corsematin.com/article/corse/le-stc-marins-riposte-au-president-de-la-sncm.1287842.html
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Je vous ai lu attentivement Jardin, ainsi que l’article de Benoit Gilles, mais je dois avouer que je reste sec sur le sujet, où je m’estime insuffisamment informé. Comme je ne veux pas revenir à la gestion « hors normes » de l’entreprise (faute d’en savoir davantage), au laisser-aller du service à bord, aux conditions de travail et de rémunération du personnel, aux grèves à répétition, ainsi qu’aux trafics en tous genres dont les navires et des salariés de la SNCM ont servi de support, je me tiens au « mais tout cela est fini » que j’ai lu ici ou là dans la presse.
Très jolie photo cependant, avec ces nuages blancs dans le ciel, et au fond à gauche, une masse sombre où deux tours me font penser à un immense paquebot. J’espère, pour ses salariés honnêtes et soucieux du service à leurs clients, que les nuages gris qui vous accompagnent depuis si longtemps, se dissiperont bientôt.
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Bonne nouvelle, les choses s’arrangent pour la SNCM qui va pouvoir commander ses quatre navires au gaz. Heureux hasard, le chantier STX de St-Nazaire serait préféré à l’italien Fincantieri. Le premier navire devrait être livré avant les vacances d’été 2016. Mais la question du remboursement des 440 M€ d’aides jugées illégales par la commission européenne n’a toujours pas de solution.
http://www.boursier.com/actualites/economie/la-sncm-obtient-un-feu-vert-pour-l-achat-de-quatre-navires-23271.html?sitemap
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