Sans électricité depuis trois jours, les habitants du Rouet étaient près de péter les plombs
Depuis plusieurs jours, 137 habitants du Rouet (8e) étaient privés d'électricité du fait de pannes à répétition sur le réseau électrique. Excédés, une délégation d'entre eux s'est invitée à l'inauguration d'une maison du bel âge en présence de Martine Vassal. Après un branle-bas, Enedis a fini par rétablir le courant.
Sans électricité depuis trois jours, les habitants du Rouet étaient près de péter les plombs
Dans les rues du Rouet, les habitants se sont habitués aux “guirlandes de Noël” et poteaux électriques provisoires qui jalonnent leur quartier. Un peu moins à passer plusieurs jours dans le froid glacial au sein même de leurs logis. Depuis mardi, une centaine des riverains de la rue Borde vivaient sans le courant. “Et c’est loin d’être la première fois, s’indigne Jean-Claude Suzzi, papier en main. 48 heures en avril. 24 heures en novembre. 3 heures le 31 décembre. Sympa le réveillon. 3 heures le 2 janvier. Et depuis le 8 janvier, plus rien. Ils attendent quoi ? Que ce soit la rue d’Aubagne?”
Heureusement, au Rouet, le péril n’est qu’électrique. Tous pointent du doigt les travaux entrepris par Enedis. La filiale d’EDF en charge de la maintenance des réseaux électriques se débat dans la rue Borde depuis des mois. Une installation provisoire a été apposée le long des façades -la guirlande- pour pallier les pannes mais le réseau vieillissant ne cesse de sauter.
Réunis ce jeudi matin avec la presse, ils alignent les témoignages forcément alarmants alors que l’hiver est là. Vasyl Petsko montre sa facture d’hôtel où il vit depuis deux jours avec sa fille de 4 ans. “Il fait 8 degrés chez moi. Ce n’est pas possible d’y vivre avec un froid pareil”. Il y a aussi Lucien Santucci, récemment opéré du cœur dans son studio sombre et glacé. Ou cette dame âgée qui ne peut plus dormir avec son appareil destiné à éviter les apnées du sommeil. Tous ont froid et en ont marre.
“Sortir le chien d’aveugle”
Deux techniciens s’affairent devant le garage Barneaud. Ils viennent de débarquer et tentent de trouver la nouvelle panne sur ce réseau vétuste. Un vrombissement couvre les voix en provenance du garage. “On est obligé de faire tourner un groupe électrogène pour allumer l’ordinateur et faire le devis, s’impatiente un mécano. Mais on peut pas bosser ou alors il faut sortir le chien d’aveugle. Le patron perd 1500 euros par jour“. Comme un autre garage et deux bars, Michelle Isoard-Meyer est en chômage technique. L’électricité est coupé à son domicile comme à son cabinet de conseil juridique. “Hier, je suis allée chercher un thermos de café chez mon frère. On en est là”.
Les riverains pointent tous la responsabilité de l’exploitant qui les laisse devant le fait accompli. “Ma mère a 81 ans et vit avec moi, explique Minna Sif. Je ne peux pas aller travailler en la laissant seule dans le froid. J’ai eu plusieurs techniciens d’Enedis et l’un d’entre eux m’a dit qu’on était l’otage d’un différend entre eux et la ville. C’est même lui qui m’a conseillée de prévenir la presse”. La responsabilité éventuelle des collectivités locales devient donc un sujet dans le sujet. “Martine Vassal vient inaugurer une maison du bel âge dans la rue d’à côté et si on allait l’interpeller ?”, demande une dame. La proposition retient l’assentiment du petit groupe qui monte en délégation jusqu’à la rue du Rouet et le nouveau lieu signalé par un tapis rouge et des oriflammes.
À l’attaque de la maison du bel âge
“Au moins, on est au chaud”, se réjouit une mamie qui se presse dans le hall bientôt bondé. À peine descendu de voiture, le maire de secteur Yves Moraine et la présidente de la métropole -ici avec ses habits de présidente de département- sont accaparés par les sinistrés électriques. Nous sommes dans le 8e, pas question de laisser traîner un tel souci pour des administrés. Le maire de secteur se saisit aussitôt de son téléphone pour appeler le directeur territorial d’Enedis.
Prise à partie elle aussi, Martine Vassal s’échauffe : “Ah bon, ils mettent en cause la métropole. Ah, ça, ça me plaît”. Elle aussi part, téléphone en main, avec un autre directeur au bout du fil. “Des habitants de la rue Borde se retrouvent sans électricité et on me dit que vos équipes mettent en cause la métropole. Nous avons de bonnes relations et je souhaiterais donc que vos équipes interviennent le plus rapidement possible comme c’est de votre responsabilité”, dit-elle à voix haute. L’élue n’aime rien moins que ce genre de problème vite réglé où elle peut faire montre d’autorité.
En réalité, si la métropole est propriétaire des réseaux souterrains comme ailleurs les communes, c’est bien Enedis qui est pleinement responsable de son entretien. Or, Marseille est un vrai sujet en la matière avec un réseau vétuste et plus adapté aux pics de consommation actuels. Dans tous les quartiers, les guirlandes noires fleurissent. Et les histoire avec. Même le maire de secteur a connu le même type de déboires dans sa propre rue.
Et la lumière vint
Le branle-bas a son effet. Même depuis l’étranger où il est en déplacement, le directeur des relations institutionnelles, Serge Oliva, pilote la réponse à la crise. La communication nationale est saisie. Le directeur territorial, Frédéric Belinguier est dépêché sur place. Une réparation d’urgence est effectuée -de nouvelles guirlandes- et l’électricité rétablie. Le maire de secteur peut tweeter tranquille.
Après avoir été alertés ce matin par des habitants du quartier du Rouet d’une coupure d’électricité rue Borde, je suis intervenu avec @MartineVassal, auprès des responsables d’EDF et d’Enedis. On m’annonce que le courant a été rétabli il y a quelques minutes…tant mieux ! pic.twitter.com/jCxa6DXocF
— Yves Moraine (@YvesMoraine) January 10, 2019
“C’est le premier étage de la fusée, convient Frédéric Belinguier, directeur territorial. Il faudra reprendre l’ensemble du réseau souterrain de la rue en 2019. Cela fait partie de notre programme d’investissements sur le réseau basse tension. Marseille a besoin d’investissements sur le réseau d’infrastructures qui a vieilli. Pour nous, cela représente 40 millions d’euros sur dix ans et 50 kilomètres de réseaux remplacés par an”. Consciente de la bourde de communication, Enedis se fend même d’un communiqué pour relater le détail des réparations et s’excuser auprès des 137 clients. L’histoire ne dit pas si la rue Borde figurait parmi les priorités de l’année. Désormais celle-ci l’est.
Commentaires
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Cette ville est à l’abandon.
On le constate tous les jours dans tous les domaines, tout comme on peut faire le constat de la présence de ces “guirlandes” temporaires (d’un temporaire qui qui dure) qui fleurissent sur ses murs.
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On appelle cela du “provisoire définitif”…
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Heu… Dans la com’ de la nullicipalité, le verbiage que l’on a l’impression de subir “définitivement”, on appelle ça la “smart City”.
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(“L’élue n’aime rien moins…” Il fallait écrit “rien de moins”. Là, ça veut dire qu’elle n’aime pas du tout ça, je ne pense pas que ce soit l’idée.)
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