Rocher Mistral : trois ans de parc à thème et de zizanie à La Barben
Accusation de menace de mort, intimidations, photos et vidéos prises incognito, coups de sang... Depuis l'arrivée du parc à thème "provençal et historique" à La Barben, la tension règne dans la commune.
Le château de La Barben en mars 2022. (Photo : PID)
Il repart pour une troisième saison. Une nouvelle, pleine de polémiques et de tensions. Depuis l’aménagement en 2020, puis l’ouverture du parc à thème historique Rocher Mistral, à l’été 2021, La Barben est une commune agitée de conflits, dont certains finissent devant les tribunaux.
Attaqué par des riverains sur les nuisances sonores des spectacles et sur ses impacts sur l’environnement par France nature environnement (FNE 13), le parc a gagné les premiers rounds en justice. Ce mardi 11 avril, la société Rocher Mistral et son président Vianney d’Alançon étaient convoqués en correctionnelle à Aix à propos de multiples atteintes à l’urbanisme et à l’environnement – en particulier les aménagements à l’extérieur du château réalisés sans autorisations. Mais à la demande de la défense, le procès a été reporté au 14 novembre 2023, pour complément d’information. FNE 13, la Ville de La Barben, plusieurs riverains et services de l’État se sont constitués partie civile.
Sous l’empilement des épisodes judiciaires, perce la manière dont Vianney d’Alançon et des membres de son équipe se livrent à des pressions. Une dizaine de témoignages, de riverains, d’élus et de journalistes, que nous avons recueillis, convergent pour décrire un climat de menaces à leur encontre. À commencer par le maire divers-droite, Franck Santos.
“Je vais vous enterrer”
Le 22 septembre 2022, ce dernier portait plainte pour menace de mort, en visant Frédéric de Lanouvelle, le directeur adjoint du parc. Dans la plainte que nous avons consultée, le maire raconte avoir voulu s’opposer à l’aménagement d’un chemin communal, engagé par un prestataire de Rocher Mistral. La voie faisait l’objet d’un arrêté municipal, “interdisant l’accès à toute personne”, y précise l’édile. Le prestataire fait alors venir Frédéric de Lanouvelle sur place.
Je lui ai affirmé que j’allais “l’enterrer politiquement”. Le mot “politiquement” a disparu dans la déclaration du maire.
Frédéric de Lanouvelle, directeur général adjoint de Rocher Mistral
“D’entrée de jeu [ Frédéric de Lanouvelle] a été très vindicatif, je me suis senti agressé, des agressions verbales”, raconte Franck Santos aux gendarmes. Puis, “il m’a dit ces termes ‘je vais vous enterrer'”, poursuit l’élu. Des mots qu’il considère comme “clairement personnels”, décrivant le directeur général adjoint comme “à la limite de la perte de contrôle et de l’atteinte physique.” L’adjudant-chef qui enregistre la plainte interroge : “Est-ce la première fois qu’il se comporte ainsi ?“ Réponse : “Non c’est la deuxième fois. La première fois c’était en 2021 […]. Il m’avait agressé verbalement sur la descente du château, virulent, provocateur et des mots insultants.”
14 millions d’euros de dommages réclamés à la commune
Suite à cet événement, la direction Rocher Mistral a également déposé plainte et l’a fait savoir dans la presse. La société accuse le maire de harcèlement moral, prise illégale d’intérêts et abus de pouvoir. “Lors d’un vif échange avec le maire qui obstrue illégalement le chemin communal, je lui ai affirmé que j’allais “l’enterrer politiquement”. Le mot “politiquement” a disparu dans la déclaration du maire.”, précise, par courriel, Frédéric de Lanouvelle joint par Marsactu. Selon nos informations, la plainte du maire a été classée sans suite par le parquet d’Aix.
“Alors que nous avions pris la décision de libérer l’accès du chemin du Baou, n’ayant plus d’autre accès pour permettre à nos clients d’accéder à pieds du parking au château”, contextualise la déposition du directeur général de Rocher Mistral, Benoit David. Assumant, de fait, d’avoir, non seulement, engagé des travaux sur le chemin sans décision du conseil municipal et également décidé l’aménagement du parking sans autorisation sur un terrain classé agricole.
Dans ce différend, les dirigeants de Rocher Mistral reprochent à Franck Santos d’agir pour ses propres intérêts de riverain grâce à sa fonction de premier magistrat de La Barben, en multipliant les arrêtés municipaux pour empêcher l’ouverture du parc et en entravant son extension via des sursis à statuer sur ses demandes d’aménagement. En mars, Franck Santos a été condamné au civil à ne plus occuper et à détruire des aménagements qu’il avait réalisés sur une parcelle proche de chez lui, loué par des propriétaires de La Barben à Rocher Mistral.
En janvier dernier, le parc a saisi la justice administrative pour contester la légalité des arrêtés municipaux, réclamant 14 millions d’euros à la commune – dix fois son budget annuel – au titre de dommages et intérêts. Du côté de la mairie, on assure vouloir faire appliquer la réglementation. Contacté par Marsactu, Franck Santos n’a pas souhaité s’exprimer.
Colères et menaces
Le propriétaire du château, Vianney d’Alançon, n’est pas du genre à dissimuler ses coups de sang, comme devant la caméra de M6, dans un épisode de Zone interdite. Fin juin 2021, juste avant l’inauguration, la commission de sécurité délivre un avis défavorable au lancement d’un spectacle. En cause, trop d’éléments du décor ont un potentiel inflammable. “Un grand bravo”, s’emporte, excédé, un Vianney d’Alançon peinant à reprendre son souffle. Il ironise à la cantonade en direction des membres de la commission qui sont sur le départ. “Voilà c’est ce que l’on vit aujourd’hui dans notre société, donc bientôt pour pisser il faudra qu’on lève la main !”, s’agace-t-il ensuite face caméra.
Dans d’autres situations, il a pu menacer directement ses interlocuteurs, comme nous l’ont raconté une demi-douzaine de sources. “Vianney D’Alançon était comme un fou. Il est descendu du château en hurlant et en m’injuriant, se souvient ainsi Ghislaine Puilivit, l’ancienne propriétaire du château. Le 10 mars 2021, elle accompagnait sur la voie publique, devant le château, un huissier saisi par l’association Bien vivre à La Barben dont elle est adhérente. Vianney d’Alançon lui aurait reproché d’avoir descellé une pierre d’un mur bordant l’ancien jardin potager. Ce qu’elle conteste. “Il a menacé de me faire un procès avec la Drac (direction régionale des affaires culturelles)“, ajoute l’ancienne châtelaine. Selon le directeur adjoint du parc, le fondateur de Rocher Mistral “a été très correct” lors de cet évènement.
Intimidation de journalistes
Vianney d’Alançon entretient aussi des relations houleuses avec les journalistes, en agitant souvent la menace de procédures judiciaires pour diffamation. Comme envers Le Ravi ou La Tribune de l’art. À la suite d’un article paru dans Les Échos en juin 2021, la journaliste Anna Rousseau déclare avoir reçu un coup de fil agressif de sa part. “Il hurlait, se souvient-elle. C’est le seul chef d’entreprise qui m’a fait élever la voix dans ma carrière. J’ai moi-même crié pour lui dire que je n’appréciais pas du tout le ton qu’il employait”. Vianney d’Alançon n’aurait pas apprécié de découvrir qu’elle avait demandé à un stagiaire du parc de photographier un élément mural à l’extérieur.
Pour Frédéric de Lanouvelle, Anna Rousseau aurait demandé à cette personne de “s’emparer d’un trousseau de clefs, accéder à des pièces privées du logement de Vianney d’Alançon et de prendre en photo des documents privés.” Ce que la journaliste “dément formellement”. La direction de Rocher Mistral a contacté la hiérarchie de la journaliste, “pour demander [sa] tête”, confirme l’adjoint de Vianney d’Alançon. Anna Rousseau n’a pas été inquiétée par ses supérieurs.
Du moment que j’ai dit non à Vianney d’Alançon pour la vente de ma structure, les menaces sont devenues perpétuelles.
Sandrine Girod, gérante d’un centre équestre riverain
Un journaliste de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui souhaite rester anonyme, fait le récit de menaces similaires. Par téléphone, face aux questions, Vianney D’Alançon aurait menacé de contacter sa hiérarchie en affirmant avoir “le bras long”. À la fin de la saison estivale de 2022, ce journaliste préparait un article pour dresser le bilan des activités du château de Saint-Vidal en Haute-Loire. Ce parc à thème auvergnat, propriété du même châtelain, est le premier lieu où il s’est fait la main dès 2016.
À La Barben, les pressions auraient été exercées également via la prise de photos, de vidéos ou la présence intimidante de collaborateurs du Rocher, témoignent plusieurs sources. Des actes que le directeur général adjoint de Rocher Mistral dément. Frédéric Legrand journaliste de feu le mensuel Le Ravi indique qu’à l’occasion d’un reportage en 2021, il a été suivi par un membre du personnel, “jusqu’au centre du village” trois kilomètres plus loin. “Une des personnes de l’encadrement de Rocher Mistral est venue filmer à mon insu chez moi”, témoigne de son côté Pierre Verhille. Cet ancien habitant du quartier a fini par déménager à cause d’un environnement devenu délétère pour sa femme et lui. Les faits se seraient produits en octobre 2021.
“Golgoth tatoué”
“Du moment où j’ai dit non à Vianney D’Alançon pour la vente de ma structure en février 2020, les menaces sont devenues perpétuelles”, relate quant à elle Sandrine Girod, gérante d’un centre équestre voisin et présidente de l’association Bien vivre à La Barben. Elle affirme qu’à plusieurs reprises, des personnes de Rocher Mistral sont venues photographier ou filmer ses clients à leur insu, principalement des enfants en situations de handicap et leur famille ou accompagnateur. Elle se souvient d’une fois où “un golgoth tatoué au regard intimidant” se serait positionné dans une voiture, au moteur allumé, garée devant l’entrée de sa propriété. “C’est bien, hein, quand vous travaillez avec des enfants déjà fragiles”, ironise-t-elle.
Du côté de Rocher Mistral, on affirme être victime de Sandrine Girod et surtout de son compagnon, Bernard Jean, par ailleurs adjoint de la commune de 800 habitants. Frédéric de Lanouvelle rapporte une altercation survenue le 16 septembre 2020 : “Il a demandé à nos équipes de dégager de nos propres terrains [loués] près des écuries à l’aide de ses chiens”. Une huissière présente ce jour-là précise : “Le couple ne rappelant pas leur chien et pour éviter que la situation ne dégénère, nous avons préféré quitter les lieux.” Un terrain classé agricole, où Rocher Mistral souhaiterait aménager un nouveau parking.
Les relations de voisinage ont tourné à l’aigre. Sandrine Girod est citée dans la plainte de Rocher Mistral contre le maire datant de septembre 2022. “Plusieurs comportements illégaux de cette dernière n’ont jamais été sanctionnés, caractérisant ainsi une vision partielle de l’application de la loi contrairement à ce qu’il affirme dans la presse (construction illicite et organisation d’un parking sauvage sans aucune autorisation)”, a déclaré le directeur général du parc auprès des gendarmes. Dans le communiqué transmis à la presse avec la plainte, la direction de Rocher Mistral qualifie l’action de Franck Santos de “méthodes de barbouze”. La Barben, nid d’espions.
Commentaires
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Je te l envoie comme veut la tradition
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Tous ces roturiers qui veulent empêcher le business de noms à particule, mais où se croient-ils ?
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Ça part dans tous les sens. Il n’y a plus qu’à lâcher les fauves du zoo voisin dans ce pugilat pour que ça devienne grandiose. Le village revit !
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Grave toutefois.
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des grands malades ces ultrariches réactionnaires. Qu’on les condamne à de la prison ferme pour tous leurs abus !
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N’oublions pas les généreuses subventions (argent public.. ) accordées par les collectivités locales ! A chacun son Puy du Fou, à chacun ses De Villiers
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En fait la question que je me pose: ca marche? Cest rentable ce truc ? Quel est le public? Combien d emplois créés? Combien de benevoles? Etc, etc…
Apres ce nom ” Rocher Mistral ” est tellement débile…
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ca marche ? c’est très très partagé ; d’aucuns disent que c’est plutôt sympa…pour les enfants dès 8 ans…d’autres disent que le spectacle est assez grotesque.
il est évident qu’avec la pub faite autour et l’arrivée de vacanciers et de touristes au printemps et en été ça peut marcher.
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« d’Alançon », « de La Nouvelle », un véritable accélérateur de particules ce Puy du Fou provençal
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