Quiz économie : le compte de résultat des candidats
Quiz économie : le compte de résultat des candidats
Combien rapporte en moyenne un croisiériste au grand port de Marseille ? Quel est le premier employeur privé du département ? À quel niveau se situe le seuil de pauvreté ? Ce sont les questions que nous avons posées aux candidats pour notre troisième quiz spécial municipales, consacré à l'économie, point fort du programme de l'ensemble des prétendants à la mairie. Et comme pour les deux précédents, le Front national n'a pas répondu à nos sollicitations.
Combien gagne le port en retombées directes pour chaque croisiériste qui passe par les bassins Est ? Si certains ont brandi leur joker, ceux qui ont osé une réponse sont tombés dans le même panneau en avançant le chiffre approximatif de 150 euros. Il reprend une estimation du Club de la croisière qui correspond aux retombées économiques pour le territoire de chaque croisiériste… et même ce chiffre est sujet à caution. En effet, il est impossible d'affirmer précisément ce que dépense chaque croisiériste descendant du bateau puisqu'on ne connaît pas la part exacte de voyageurs mettant un pied à terre. Ce calcul privilégie en fait les "têtes de lignes" (les passagers qui démarrent ou achèvent leur voyage à Marseille) dont les dépenses sont en moyenne plus importantes que ceux qui font une simple escale et parfois ne sortent jamais du bateau.
12 euros par croisiériste
Nous avons donc cherché à isoler la somme perçue uniquement par le port. Et là, le chiffre est bien inférieur puisqu'il tourne à peu près autour de 12 euros. Pour le calculer, nous avons pris en compte une autre donnée fournie par le Club de la croisière :
Nous avons donc pris pour base les 14 millions d'euros de retombées directes pour 800 000 passagers en 2011. Sur cette somme, 68% correspondent aux retombées portuaires. Après calcul, nous obtenons 11,9 euros de retombées directes par croisiériste.
Airbus Helicopters, premier employeur privé
Tous les candidats donnent la bonne réponse concernant le premier employeur privé du département. Effectivement, selon les chiffres de l'Insee, c'est Airbus Helicopters, anciennement Eurocopter qui se place en tête de peloton avec 8200 employés au 31 décembre 2011. Pourtant cette réponse n'était pas forcément évidente. Car, au premier abord, c'est l'entreprise Onet qui affiche le plus grand nombre d'employés avec plus de 42 000 salariés. Mais ce chiffre englobe en réalité les emplois sur l'ensemble du pays, ce qui peut placer l'entreprise – dont le siège social est à Marseille – en tête du classement.
Le groupe "de services et d'ingénierie" disparaît même des tablettes de l'Insee. Car l'entreprise est divisée en plusieurs structures plus petites, disséminées sur l'ensemble du département. Par exemple, il existe à Marseille une filiale Onet service qui ne compte que 500 salariés. "On retrouve le même type de phénomène dans la grande distribution pour des structures telle qu'Auchan", précise-t-on du côté de l'Insee. Le groupe revendique au total près de 5400 salariés dans les Bouches-du-rhône, se plaçant ainsi en 2e position, si l'on suit toujours le classement de l'institut de statistiques.
Deux candidats trichent légèrement (mais on ne leur en tiendra pas rigueur, faut pas croire on sait aussi être gentil à Marsactu) en citant aussi la CMA-CGM. L'armateur se positionne 5e avec 1900 employés, toujours fin 2011. Mais sur le site internet du groupe, l'entreprise assure qu'elle est aujourd'hui le premier employeur privé de la ville avec 2400 salariés. Une information que nous n'avons pas pu vérifier auprès d'une source neutre.
Le seuil de pauvreté à 977 euros
Concernant le seuil de pauvreté, là encore, la réponse n'est pas si simple. Ce chiffre est calculé à partir du revenu médian. La moitié des Français a un revenu supérieur à ce montant, l'autre moitié inférieur. Il diffère du revenu moyen, la moyenne de l'ensemble des revenus. Le seuil de pauvreté correspond à 50% du salaire médian s'il est calculé sur la base du territoire français ou 60% sur celle de l'Union européenne. Soit respectivement 814 et 9771 euros. Ce dernier chiffre est le plus souvent utilisé dans les documents statistiques.
Enfin, comme pour chacun de nos quiz, nous avons demandé aux quatre candidats de développer en une minute une mesure principale de leur programme économique. Pour Eugène Caselli, nous avons dû faire un nouvel enregistrement à la suite d'un problème de sonnerie de portable intempestive (et c'était le sien). Il nous a cette fois-ci donné rendez-vous dans son bureau, ce qui explique le changement de décor que vous remarquerez sûrement. Alors que pour la première tentative, la tête de liste PS/EELV dans le 2/3 insistait sur le développement des commerces de proximité en pied d'immeuble, à la deuxième édition, il récite à la lettre le programme économique de Patrick Mennucci en réaffirmant la mesure phare du programme : la création de 50 000 emplois privés en deux mandats.
1. Chiffres de l'Insee pour 2011 [Retour au texte]
Commentaires
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quelle misère!
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Bof. L’intérêt de ces questions, par rapport à l’enjeu des municipales, c’est quoi ?
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les questions sont interessantes. Et les bonnes réponses surprenantes.
la réalité derrière inquietante: 1/4 des marseillais sous le seuil de pauvreté est un veritable enjeu politique
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Quelle idée ce quiz en trois questions, une loterie pour faire le buzz, mais rien qui permette de se faire une idée des compétences d’un candidat.
La minute pour esquisser un programme économique, c’est déjà beaucoup mieux. A ce jeu, Sophie Camard (EELV chez Diouf et en charge de l’emploi à la région) que je ne connaissais pas, sort gagnante haut la main. Coppola ne nous étonne pas en parlant du port comme moteur de l’emploi, ainsi que de la commande publique. Caselli est le plus mauvais. Il évoque d’abord la création de commerces en pied d’immeuble, alors que le petit commerce de quartier se meurt (voir Schlecker) face à la concurrence des grandes surfaces et de leurs galeries marchandes, acceptées à l’excès par Gaudin. Après quoi il récite le programme de Mennucci dans ses parties les plus problématiques.
Pour Sophie Camard qui est très concrète et évite les grands mots, il faut que la ville se mobilise, avec les communes à l’échelle de la métropole, ainsi que la région et l’Etat. Il faut viser l’emploi privé et privilégier les PME, en les aidant pour leurs investissements et dans leur démarche marketing. Il faut repositionner les missions locales et Pôle emploi dans cette direction. Travailler sur la formation et les transports. On ne pouvait pas dire grand-chose de plus en une minute en restant audible.
D’une façon générale, les candidats, comme beaucoup de médias, ont du mal a traiter le sujet de l’économie. Rien que cette volonté de vouloir développer à tout prix de l’emploi industriel à Marseille, alors que cet emploi est allé se développer en périphérie, tout comme la logistique, parce qu’on y trouve le réseau autoroutier et un foncier accessible avec ses réserves en vue d’extensions ultérieures. On ne peut pas analyser l’économie marseillaise à l’échelle de la commune, comme à peu près tout le monde à considéré Marseille, mais à l’échelle de Marseille et de sa périphérie proche, où le tissu économique marseillais s’est reproduit, les pôles de Vitrolles, Marignane, St-Victoret, du Sud-Aixois, d’Aubagne-Gémenos et de La Ciotat. Et plus loin, le site de Fos – Port-St-Louis, la logistique de Berre, Salon, Grans-Miramas (Clésud), St-Martin-de-Crau, Arles, et celle localisée dans l’emprise portuaire (Distriport, Feuillane, Caban, Ventillon). Sans oublier une quinzaine d’années de dédoublement métropolitain avec Aix, grâce à l’attractivité de la ville et à l’immobilier d’entreprise. Tout cela fonctionne ensemble, avec une forte concentration de tertiaire de bureau, souvent des sièges ou des directions, et de nombreux services, parfois rares, à Marseille et Aix. On remarquera que la logistique de St-Martin-de-Crau et d’Arles est en dehors de la métropole telle qu’elle a été préfigurée.
Gaudin n’a pas de programme économique, c’est plutôt une posture, dont un climat qui attire les investisseurs, sans qu’on ait évité les dérives associées, mais des investisseurs qu’il vaut mieux attirer ici que de les laisser aller ailleurs. Il a à son actif les zones franches, mais au passif un excès d’opérations commerciales. En dépit des zones franches, il n’a pas réglé les problèmes des cités, comme Lyon avait réussi à le faire avec Vaulx-en-Velin. Il s’est créé 43 000 emplois au cours de ces 10 dernières années, autant que Mennucci ou Caselli en promettent durant deux mandatures, alors que ces emplois ne dépendent pas d’eux, mais des entreprises et de la conjoncture.
Mennucci a pris des positions courageuses pour remettre au service des habitants les employés communaux (Caselli aurait pu faire de même avec ceux de la communauté urbaine, pour une partie venus de Marseille, action économique et propreté des rues). Mennucci essaie d’agir sans tirer exagérément sur la corde du financement public. Ce que Gaudin aimerait continuer à faire. Mennucci est le seul candidat qui a un réel programme, comme la réalisation d’une nouvelle zone d’habitat et d’emplois au-dessus du faisceau de la gare St-Charles. Mais sur les questions économiques, ce n’est pas vraiment ça. L’analyse qui précède son programme économique est certainement ce qu’on peut lire de pire sur le sujet (page 20) : http://www.mennucci2014.fr/en_feuilletant_le_programme
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