PS13 : les législatives par le menu

Vous avez encore faim de vœux ? Bon on ne va pas vous raconter ce qu’on a mangé à midi avec Jean-David Ciot, premier secrétaire de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône – il paraît que ça ne se fait pas – mais on peut vous dire qu’on a eu droit à une bonne ration de cuisine politique. Comme le font remarquer les Verts, qui sont pas mal occupés aux fourneaux ces temps-ci, c’est un peu le jeu des législatives et leur mode de scrutin uninominal qui fait pencher vers les accords politiques plutôt que tout cela se règle via la proportionnelle.

Après un gros clash fin novembre suite à la désignation par Solférino des candidats socialistes, leurs partenaires trouvant qu’accord national ou pas Europe Ecologie-Les Verts jouait un peu avant l’heure le rôle de la dinde de Noël dans le menu, les choses se sont aplanies :

On peut aussi considérer que le parti écologiste a fait sa démonstration aux cantonales et qu’il n’était pas forcément nécessaire de la renouveler pour les bien plus cruciales législatives (la gauche n’étant nullement menacée de perdre le CG13 en mars dernier) : la stratégie « EELV partout » a fait perdre au PS deux cantons au profit de l’UMP, même si pour les duels PS/FN au second tour l’absence d’appel clair d’EELV à voter rose n’a pas abouti à l’élection de frontistes.

Les Verts servis

Evoquant la 9e circonscription, celle d’Aubagne et La Ciotat, que les écologistes vont selon toute vraisemblance obtenir à la place de la 8e qui leur convenait peu, Jean-David Ciot esquisse une autre explication : « il y a les enjeux politiques et puis il y a les enjeux personnels, c’est la nature humaine », taquine-t-il, sans nommer directement Denis Grandjean, le secrétaire régional d’EELV qui en a hérité. Ça aide à faire couler… Surtout que ce siège occupé actuellement par l’UMP Bernard Delfesselles « a longtemps été à gauche et peut basculer ».

Après ça, les trois circos officiellement dévolues aux Verts « ne bougeront certainement plus beaucoup », avance-t-il. Sinon pour résumer on aura donc des circos sans Verts car elles risqueraient, comme aux cantonales d’amener à des duels UMP-FN, d’autres ou tout le monde sera présent, voire où les uns seront suppléants des autres.

Atterrissages difficiles

Mais le PS13 a sa propre tambouille, qui avait aussi amené certains à avaler de travers. Il y a d’abord les deux « parachutés ». Le premier, l’avocat Jean-Pierre Mignard (qui a toutefois pour la forme un cabinet à Marseille) a admirablement su aplanir les choses après son investiture dans l’ingagnable circo du littoral (7e et 8e arrondissements) : sa principale rivale Nathalie Pigamo sera sa suppléante, les autres challenger Bertrand Mas et Pierre Autran étant respectivement nommés président de son comité de soutien et directeur de campagne.

Pour Olivier Ferrand « ce sera un peu plus compliqué car il y a sur place des personnalités fortes. Ça n’a pas réjoui tout le monde et cela se traduit par des sautes d’humeur« , reconnaît Jean-David Ciot. Cette 8e circonscription, qui borde l’Etang de Berre, est justement celle dont EELV ne voulait pas, trouvant qu’elle serait toute indiquée pour un symbole de « rénovation » comme le président de la boîte à idées Terra Nova).

Une désignation par Paris que le premier secrétaire regrette au contraire même s’il s’y plie : « on aurait pu s’épargner ce parachutage vu la qualité des gens qui étaient là. On paye le fait que les locaux (les maires de Salon Michel Tonon et Velaux Jean-Pierre Maggi, ainsi que le premier adjoint de Berre l’Etang Gérard Frisoni) n’aient pas réussi à s’entendre ». Mais aussi que le juge Duchaîne s’intéresse de très près à cette partie des Bouches-du-Rhône…

Exclusions pas exclues

Au centre-ville de Marseille, où le maire du 1/7 Patrick Mennucci a hérité d’un ticket en or pour la députation, les couteaux n’ont visiblement toujours pas été rangés par Lisette Narducci, qui n’exclut pas de se présenter face à lui. Si « elle avait toute légitimité en tant que femme, maire de secteur et conseillère générale, et je l’avait dit, je l’invite à réfléchir à l’intérêt collectif« , lance Jean-David Ciot. L’autre option est claire : « elle s’exposerait à se faire exclure du parti, ce qui n’est pas mon objectif car je ne souhaite pas retomber dans un système d’expulsion ».

La fédération n’a effectivement jamais été calme comme les eaux de l’Etang de Berre, entre la guerre de succession de Defferre, la dissidence de Vigouroux (exclu) pour la mairie de Marseille puis celle de François Bernardini (lui aussi rayé des listes) pour celle d’Istres…

La même sanction est susceptible de s’appliquer à Rebia Benarouia, qui a manifesté l’envie de contester la désignation d’Henri Jibrayel dans la 7e circonscription (15e, 16e et un bout du 14e). Deux Guérinistes contre deux personnalités avec qui le président du conseil général a été en froid, remarquera-t-on. De quoi nuancer un peu l’affirmation de Jean-David Ciot comme quoi son ex-patron s’est « mis en retrait », y compris des investitures pour les législatives. Mais bien sûr ce n’est pas par crainte de cela que Solférino a pris la main…

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