Pour la grande mosquée, la transparence ne cache pas l'absence de fonds

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le 5 Juil 2013
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Pour la grande mosquée, la transparence ne cache pas l'absence de fonds
Pour la grande mosquée, la transparence ne cache pas l'absence de fonds

Pour la grande mosquée, la transparence ne cache pas l'absence de fonds

Pas de petits gâteaux, ni d'hôtesse au sourire avenant sur le site de la future grande mosquée. Si l'association qui préside à sa destinée, n'a pas mis les petits plats dans les grands, c'est qu'elle a du concret -au sens béton- à montrer. Depuis quelques jours et comme annoncé, un prototype de la façade trône à un angle du terrain. Derrière, on peut toujours admirer la silhouette industrielle du bâtiment qui accueillait les ateliers décor de l'opéra de Marseille. Autour, les herbes folles mangent peu à peu le bitume. Bientôt ce bâtiment devra disparaître pour laisser place à celui dessiné par l'architecte Maxime Repaux.

Pour l'heure, il n'y a donc qu'une partie de la façade qui permet de voir les matières, la qualité des pierres ou le découpage du moucharabieh en inox. Surtout, elle permet valider le permis de construire. "Nous avions deux ans pour le mettre en oeuvre comme c'est la règle pour tout permis de construire, explique Maxime Repaux. L'installation de ce prototype nous a donné l'occasion de faire une déclaration d'ouverture de travaux, depuis le 19 juin dernier. Désormais le permis est acquis de manière irréversible". Il faut donc imaginer 35 modules du même type qui viendront s'adjoindre pour former les façades nord et ouest de la grande mosquée. Au-dessus, de larges terrasses accueilleront les visiteurs qui pourront s'y restaurer. Et en dessous, on trouvera l'école théologique, la bibliothèque et les autres bâtiments adjacents à la salle de prière.

Le virtuel avant le concret

Pour l'heure, tout cela est visible sur l'ordinateur portable de l'architecte. Avant d'arriver au lancement du chantier proprement dit, espéré pour l'été 2014, il reste encore bien des étapes. La première est de calmer le bateau de l'association qui tangue sacrément. Certains administrateurs font entendre une musique qui ne va pas toujours dans le sens de l'harmonie : les comptes de l'association ne seraient pas très nets, les caisses vides et le projet proche du fiasco. A tout ceci, le président de l'association, l'imam Ghoul oppose la volonté de transparence. Les comptes sont réputés à sec ? "Nous avons 95 000 euros sur notre compte et nous sommes à jour des loyers qui, je le rappelle, ont été portés à 24 000 euros par an", rétorque Abderrahmane Ghoul.

Et les 27 772 euros qui ont été saisis sur les comptes de l'association et de son président ? En effet, le jour de la conférence de presse, certains journalistes avaient opportunément en leur possession une lettre de la direction générale des finances publiques, datée du 11 avril, ayant pour objet un "avis d'opposition à tiers détenteur" portant sur 27 772,61 euros dus à la recette des finances de Marseille municipale, autrement dit la Ville. 

Volonté de transparence

Contactée par nos soins, cette dernière n'a pas pu nous répondre dans les temps. Mais, du côté du cabinet, on indique que cela fait trois ans que le paiement s'effectue de cette manière. En revanche, les administrateurs de l'association Grande mosquée ont peu apprécié la manière. En effet, ce type de saisie correspond à l'arme lourde après une longue série de demandes plus amiables. Or, selon eux, ils n'ont reçu aucun courrier avant cette saisie brutale. "En plus, cela correspond à des loyers des années précédentes", regrette Fatima Orsatelli, trésorière de l'association. Quant à l'absence de courrier reçu auparavant, le président évoque la possibilité "d'un vol de courrier"

Ils se veulent tout aussi transparent sur "le don" d'un administrateur qui a permis de financer la pose du prototype. "Ce n'est absolument pas un don mais une avance de trésorerie, précise Fatima Orsatelli. Chez nous, tout est consigné sur des comptes de la caisse des dépôts et consignations. A chaque fois que nous voulons sortir de l'argent, cela prend entre deux et trois semaines. Nous avons donc eu besoin de cette avance mais tout a été fait par écrit"

A cette volonté de transparence s'oppose un seul écueil de taille : le financement international de l'édifice. Encore une fois, l'imam Ghoul ressort la triplette des pays du Golfe où il se rend dès la semaine prochaine. "L'Arabie saoudite, le Qatar et le Koweit. Trois pays où j'ai des contacts au plus haut niveau". A ces trois pays devraient s'ajouter le Maroc et l'Algérie si "elle se dégèle". Rien de vraiment nouveau si ce n'est une date butoir : "le 26 septembre prochain". D'ici là, Abderrahmane Ghoul doit tout faire pour ramener les promesses écrites qui permettront de financer les 70% du coût global du chantier, estimé à 22 millions. Sans cela rien ne démarrera. Et la mosquée restera virtuelle.

 

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Commentaires

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  1. savon de Marseille savon de Marseille

    Le financement de la MOSQUEE par le Katar, Arabie Saoudite et le Koweit est une décisions qui aura des conséquences gravissimes à terme pour MARSEILLE.
    C’est tout ce qu’il ne fallait pas faire : c’est donc une catastrophe.
    L’un de initiateurs du COnseil Français du Culte Musulman , BRUNO ETIENNE, doit se retourner dans sa tombe. Il faillait la financer par d’autres dispositifs pour préserver son indépendance.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_%C3%89tienne

    On en paiera tous les conséquences.
    Encore une preuve du manque de clairvoyance de notre époque qui se délite complètement.

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  2. Marseillais indigné Marseillais indigné

    Autant il parait normal que nos concitoyens de confession musulmane disposent d’un lieu de culte représentatif de leur groupe social à Marseille ,autant il est anormal d’aller chercher des fonds chez les pétro monarques absolus et misogynes wahhabites du Qatar ,d’Arabie Saoudite et du Koweït ! Par ailleurs est-on certain que tous les marseillais de culture ou de confession adhérent à un projet qui ne semble pas consensuel ? N’aurait-il pas été préférable que ce soit la Mosquée de Paris dont l’ouverture d’esprit et la tolérance des responsables est bien connue , qui soit pilote de l’opération ?

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  3. chrif chrif

    La pose de ce pan de mur est une véritable opération de camouflage complètement hypocrite qui ne reflète que l’entêtement de gens incultes qui sont à la tête de cette drôle d’association par opportunisme. La communauté musulmane de Marseille non seulement n’est pas impliquée dans ce projet trouble mais elle demandera des comptes à ces personnes qui ont accepté de payer 2000€ par mois pour un bail de 50 ans quand une association chrétienne qui a obtenu un même terrain par la même délibération municipale de juillet 2006 ne paye que 300€ par mois pour un bail de 99 ans.
    Aveuglés par leurs passions et s’érigeant en responsables du projet sans le consentement des musulmans, ce noyau à la mentalité indigène s’est empêtré dans une aventure onéreuse sans lendemain. Voilà des années depuis le début de cette affaire lamentable qu’ils promettent à chaque fois, sans peur du ridicule, la construction prochaine de cette mosquée dont le projet ressemble plus à un palais des milles et une nuit qu’à un lieu spirituel.
    Malheureusement, des pratiquants et des familles non avertis leurs versent des dons à fonds perdus car toutes les dépenses de cette médiocre association proviennent de récoltes d’argent qui n’est pas du tout le leur. Quels sont parmi les donateurs ceux qui sont au courant que les privations qu’ils supportent pour financer cette association projet de mosquée de Marseille ne servent qu’à payer un loyer excessif pour un terrain en friche.
    En attendant, l’association chrétienne qui occupe le terrain mitoyen à celui attribué dans le même temps pour la future mosquée a construit rapidement une école simple mais combien efficace et qui forme depuis des années plusieurs générations d’enfants à la bonne éducation. Et c’est tant mieux!
    Il reste à nos “responsables” musulmans du projet de mosquée à en prndre leçon et leur devoir a

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  4. Marseillois Marseillois

    Depuis le début, malgré les discours, le maire a toujours juré ses grands dieux -en privé- que la grande mosquée ne se ferait jamais. Ca n’avait pas l’air de contrarier son entourage d’ailleurs. Le pire c’est qu’ils n’ont même pas besoin d’intriguer pour que le projet tombe à l’eau, l’association se débrouille très bien toute seule. L’islam des caves a de beaux jours devant lui.

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